Les dangereuses violations dans le projet nucléaire iranien
Le Ministère des Affaires étrangères iranien s’est réjoui de la levée de l’embargo visant la vente d’armes et d’équipements militaires lourds à Téhéran, conformément aux termes de l’accord international sur le nucléaire et la Résolution 2231 du Conseil de sécurité.
Dans un communiqué diffusé le 18 octobre 2020 par les autorités iraniennes nous pouvons lire clairement : « A partir d’aujourd’hui, toutes les restrictions sur les transferts d’armes, activités liées et services financiers à destination et en provenance de la République islamique d’Iran (…) sont toutes automatiquement levées. La République islamique d’Iran peut donc se procurer les armes et équipements nécessaires de n’importe quelle source sans aucune restriction légale et uniquement sur la base de ses besoins défensifs. »
En août dernier, les Etats-Unis avaient échoué dans leur tentative à pousser le Conseil de sécurité à prolonger cet embargo et à rétablir les sanctions internationales contre l’Iran. Cet échec américain a été interprété par Téhéran de “défaite historique“. De ce fait, et devant l’incapacité de l’ONU de poursuivre l’embargo sur les armes, les Etats-Unis ont redoublé leurs sanctions.
Parallèlement, le régime des Ayatollahs poursuit à grands pas son programme nucléaire et viole de manière flagrante tous ses engagements signés dans l’accord de Vienne de 2015 ( JCPOA) et ce, malgré la crise économique profonde, et les sanctions américaines paralysantes en vigueur.
Le but de l’Iran est de garantir sa capacité de produire suffisamment d’uranium enrichi pour produire un dispositif fissile dans un délai relativement court. Des reportages basés sur des documents rédigés par des inspecteurs de l’AIEA décrivent en détail l’expérimentation et le développement par l’Iran de centrifugeuses sophistiquées de différents types destinées à enrichir de l’uranium. Un compte-rendu fait référence à l’intention de l’Iran d’installer, pour la première fois, ces centrifugeuses dans l’usine pilote d’enrichissement de combustible (PFEP) à Natanz, dans le hall d’enrichissement souterrain B.
Malgré ces violations, l’Europe, la Russie et la Chine font la sourde oreille et n’agissent pas ; ils sont probablement déterminés à permettre au régime iranien de continuer à violer en plein jour l’accord nucléaire. Seuls les États-Unis intensifient leurs sanctions et les pressions économiques.
Suite à l’explosion du 2 juillet 2020 dans l’usine de production et d’assemblage de centrifugeuses de pointe à Natanz, Ali Akbar Salehi, président de l’Agence de l’énergie atomique d’Iran (AEOI), a annoncé que l’Iran commence à construire dans les roches des montagnes, une nouvelle installation d’enrichissement souterraine près du site d’enrichissement de Natanz.
Le 13 septembre 2020, Salehi a déclaré qu’il avait aussi activé un département d’enrichissement dans l’installation nucléaire de Fordow, et qu’il allait également stocker des matériaux enrichis.
Soulignons que le rapport périodique de l’AIEA publié en septembre 2020 ne faisait aucune référence à l’explosion de Natanz ou à l’intention de l’Iran de construire une nouvelle installation pour la production et l’assemblage de centrifugeuses avancées. En règle générale, l’Iran est tenu d’informer à l’avance l’Agence de la création d’installations nucléaires et de permettre aux inspecteurs de l’AIEA d’accéder à toutes les installations liées à l’enrichissement de ses sites nucléaires.
La quantité d’uranium enrichi en possession de l’Iran et sa capacité actuelle d’enrichissement lui permet d’enrichir de l’uranium à des fins militaires, et de produire des matières fissiles pour deux engins explosifs nucléaires.
Toute cette activité se produit alors que l’Iran continue de développer des missiles balistiques à longue portée qui lui permettront de les doter d’ogives nucléaires et de pouvoir les lancer non seulement sur Israël mais aussi vers des cibles européennes.
Il convient de souligner qu’en 2019 l’Iran avait déjà enrichi de l’uranium au niveau de 4,5% au lieu de 3,67% autorisé par l’accord nucléaire de 2015. L’Iran a déjà accumulé une quantité d’uranium enrichie à un niveau dix fois supérieur à ce qu’il est autorisé selon l’accord (environ 2 100 kg au lieu des 202 kg autorisés).
Il est clair que l’Iran est déterminé à continuer d’accroître rapidement sa capacité de produire des armes nucléaires dans un court laps de temps.
Raphael Grossi, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a déclaré dans une interview au journal autrichien Die Presse que l’Iran ne dispose pas pour le moment de la quantité suffisante d’uranium enrichi pour pouvoir produire une bombe atomique. En toute vérité, les Iraniens se trouvent à environ trois mois avant d’avoir cette quantité fissile nécessaire. Grossi a admis que l’Iran accumule de l’uranium enrichi à un niveau plus élevé en violation à ses engagements, toutefois, il a évité de se référer à la question du temps nécessaire pour produire une bombe en affirmant que l’AIEA ne traite pas des « scénarios d’évasion ».
À l’heure actuelle, et suite au retrait des États-Unis de l’accord de Vienne, la question demeure la même posée en 2015 : Quand l’Iran disposera suffisamment de matières fissiles pour fabriquer un ou deux engins nucléaires ? Comment va-t-il franchir le seuil qui le sépare de l’objectif devant les pressions économiques et les menaces militaires ? Bien entendu, tout dépendra qui sera élu président des Etats-Unis d’Amérique le 3 novembre prochain.
Voir l’intégralité des articles du Général de brigade (réserve) Yossi Kupervasser sur le site du JCPA-CAPE de Jérusalem en anglais.