Les capacités des missiles iraniens : des implications par-delà le Moyen-Orient
L’Iran poursuit vigoureusement la construction de plusieurs missiles et programmes spatiaux à un rythme presque vertigineux et avec des résultats impressionnants. Les Iraniens ont modernisé leurs missiles balistiques pour les transformer en lanceurs de satellites.
En dépit du régime et face aux sanctions, l’Iran a réussi à acquérir l’infrastructure nécessaire et à fonder une équipe de scientifiques et d’ingénieurs compétents soutenus par des instituts de recherche universitaires. La technologie des missiles iraniens semble maintenant être plus avancée que celle de la Corée du Nord.
Contrairement à un récent rapport écrit par des scientifiques russes et américains et publié par l’Institut EastWest à Washington, la nouvelle technologie offre aux iraniens la clé pour construire des missiles de plus longue portée et pourraient déjà avoir les missiles nécessaires afin d’atteindre des objectifs lointains. L’occident devrait dès à présent se préparer pour se défendre.
Les réalisations du développement des missiles mettent les programmes de l’Iran dans un contexte plus large que l’ensemble des cibles potentielles du Moyen Orient.
Les Iraniens adorent exhiber leur matériel militaire lors des défilés. Ils possèdent deux forces armées. L’armée et le Pasdaran, les Gardiens de la Révolution. L’armée tient son défilé le 22 avril de chaque année, pendant que le Pasdaran tient sa parade en décembre. Au cours de la grande parade de l’armée, tenue en 2008, ils ont exposé des armes et de l’artillerie, qui avaient tous été achetés avant 1979 durant la période du Shah. Ils ont montré un char moderne qu’ils ont fabriqué en petit nombre, mais la plupart étaient des T55s soviétiques….
Les Iraniens n’investissent pas beaucoup dans les forces de l’armée de terre ou dans l’armement nouveau.
Durant le salon aéronautique, quelques 220 avions ont volé au dessus de Téhéran, mais, là encore, ce sont des F5s fabriqués en Amérique et achetés pendant la période du Shah; des Mirage F1s, français et du matériel irakien transféré pendant la guerre entre les deux pays. Ont survolé également des avions F4, des F14 et des Mig 21s. Les avions de chasse les plus modernes n’étaient que des Mig 29 datant de 1992.
Dans ce contexte, nul le doute, les budgets sont investis dans les technologies nucléaires et dans les missiles à des fins purement militaires. En 1988, les Iraniens n’avaient que des missiles Scud B et C. Dix ans plus tard, le premier Shiab III était opérationnel. Il a une portée de 1300 km et a été acheminé par la Corée du Nord avec sa chaîne de production. Aujourd’hui, le Shiab est opérationnel à partir de silos souterrains et sa nouvelle technologie est impressionnante.
Jusqu’à présent, la Corée du Nord a été la source de la technologie en Iran.
Les missiles No dong, le Shiab II et le Shiab III, appelés WassongV et Wassong VI et ainsi que le Scud sont des inventions de la Corée du Nord. Ils ont été formidablement modifiés par les Iraniens. Ils sont totalement différents, beaucoup plus gros et plus lourds, et certains équipés de trois étages.
Cela signifie que la connexion entre la technologie iranienne et la Nord coréenne n’est plus aussi étroite qu’auparavant, les élèves sont devenus les enseignants, les maîtres du jeu. Les Iraniens ont atteint un tel niveau de compétence que dans certains cas, ils sont plus avancés que les Nord Coréens et demain ils seront capables d’exporter eux-mêmes leurs propres technologies. Il faut dire aussi que le programme spatial de l’Iran est encore plus impressionnant.
Les Iraniens ont mené pendant dix huit mois six principaux tests de missiles à multi étages, par deux équipes différentes et provenant de deux zones d’essai et ils ont réussi à surmonter toutes les difficultés techniques.
Basé sur les données et nos calculs le Sejad qui a une portée réelle d’environ 2500 km pourrait atteindre six pays de l’Union européenne : la Pologne : la Slovaquie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie, et la Grèce. La zone de lancement de Tabriz en Iran est aussi vaste que l’Azerbaïdjan, plus grande que celle d’Israël et représente la moitié de la Jordanie. Sa superficie est environ 50.000 km avec des montagnes, vallées et canyons. Ici, ils peuvent cacher des milliers de missiles balistiques. En dépit de toutes les contraintes, les Iraniens ont réussi à acquérir toute l’infrastructure nécessaire pour fabriquer des missiles de pointe et former des groupes de technologie dont des universités spécialisées.
La distance entre l’Iran et Israël demeure la même, peu importe les missiles que les iraniens développent. Le système de défense anti-missile israélien et les menaces pour l’Etat juif sont identiques pour le Shiab III ou le Sejad. Toutefois, les implications de développement de missiles iraniens demeurent aussi menaçantes et graves pour ceux qui vivent au-delà du Moyen Orient, voire pour une grande partie du bassin méditerranéen et l’Europe.