Les ambitions hégémoniques de l’Iran

 

  • wikipedia-segallSelon les dirigeants iraniens, le mouvement de protestation dans le monde arabe s’inspire de la Révolution islamique. Le concept du « printemps arabe »  répandu dans le discours politique arabe et occidental ne figure pas dans le lexique iranien mais en revanche l’Iran parle du « réveil islamique ». Il reflète la politique de l’Iran, son plan d’action, ses inspirations et ses ambitions.
  • Pour les hauts-responsables iraniens les premières lignes de défense de leur pays passent par le Liban et la Palestine. En obligeant Israël à faire face aux menaces quotidiennes sur ses frontières Nord et Sud, une éventuelle attaque israélienne contre l’Iran s’écarte de plus en plus.
  • La lutte contre Israël constitue également un important recrutement  dans la longue bataille contre « l’arrogance occidentale qui a implanté l’entité sioniste au cœur du monde musulman et de l’islam.»
  • De ce fait, l’Iran offre un nouvel ordre mondial et une alternative aux peuples arabes et musulmans en détresse.
  • La Turquie et l’Iran sont actuellement en concurrence pour mener les changements façonnant le monde musulman.

 

Du point de vue iranien, les dernières turbulences dans le monde arabe  soulignent la justification de la doctrine de Khomeiny et sa voie. La plupart des ennemis de l’Iran sont en recul :

L’Union soviétique s’est effondrée ; Saddam Hussein a été vaincu et la menace irakienne a disparu ; Al Qaïda s’est affaiblie ; le régime des talibans en Afghanistan s’est effondré ; le Hezbollah  est devenu  maître du Liban et a lutté contre Israël durant plus de 33 jours pendant la Deuxième guerre du Liban ; le Hamas  s’est rapproché de l’Iran et a  réussi à faire face à Israël lors de l’opération “Plomb durci” à Gaza. Les projets nucléaires et les missiles de l’Iran progressent malgré les pressions internationales. Enfin, le monde arabe se déchire alors que ses composants islamiques (dont certains ont reçu le soutien iranien clandestin) non seulement affichent une unité mais risquent  de s’emparer du pouvoir si des élections auront lieu un jour.

Ces éléments islamiques expriment également des positions similaires à la position iranienne quant aux relations avec Israël.

Le déclin de l’Occident est un signe qui présage une nouvelle ère islamique.

Même avant les bouleversements au Moyen Orient, l’Iran a essayé par tous les moyens d’arriver aux cœurs et aux esprits des masses arabes au dessus des têtes de leurs dirigeants. Actuellement, l’Iran se sent plus à l’aise et confiant pour promouvoir un ordre du jour contre “l’Occident et contre les sionistes”, et propose une alternative islamique pour façonner un nouveau Moyen Orient sous sa tutelle.

Face  à la faiblesse arabe et à l’affaiblissement de l’emprise des grandes puissances dans la région, l’Iran affiche une confiance en soi croissante. Cela s’exprime par le durcissement de ses positions et sa  confrontation quotidienne contre l’Occident presque sur toutes les questions d’actualité régionale.

Ces questions comprennent l’opposition vigoureuse de l’Iran à la solution de deux Etats: Israël et Palestine ; la poursuite de la lutte armée et « l’opposition » à l’existence d’Israël ; son soutien au président Assad de Syrie- principal pays qui s’oppose à Israël et à l’Occident- et ce malgré la répression sanglante du régime syrien contre l’opposition; son soutien aux organisations terroristes palestiniennes et au Hezbollah; ses manœuvres militaires, et notamment ses lancements de missiles sol-sol à longue distance;  la navigation de frégates dans le canal de Suez ; la promotion d’un programme nucléaire ambitieux qui s’exprime récemment par le transfert de centrifugeuses vers la nouvelle installation à Fordow près de Qom…

La lutte contre Israël : dénominateur commun avec le monde arabe sunnite.

La lutte contre Israël « et contre le sionisme mondial », et la négation de la Shoah, constitue un dénominateur exclusif qui relie l’Iran avec l’ensemble du monde arabe sunnite. Toutefois, il est peu probable de transformer l’Iran chiite en un mouvement acceptable capable à diriger un changement fondamental au Moyen-Orient. L’une des  raisons principales demeure dans l’appréhension au sein des populations sunnites face au « démon chiite », une crainte réelle encouragée par l’Arabie saoudite.

En outre, le soutien continu de l’Iran à Bechar al Assad  ne favorise pas cet approchement bien au contraire, il provoque le rejet. Dans  cette compétition hégémonique pour la domination du Moyen-Orient, la Turquie est entrée en scène et tente de faire avancer un régime néo-ottoman dans le même vide que l’Iran cherche à combler. La Turquie et l’Iran visent la « même rue » et leurs dirigeants proposent les mêmes messages agressifs contre Israël. La Turquie a déjà bénéficié d’un certain nombre de succès dans sa compétition avec l’Iran avec l’expédition de la flottille à Gaza et ses retombées internationales, et notamment ses menaces d’affronter Israël en mer, ainsi que l’expulsion de notre ambassadeur et la visite d’Erdogan au Caire…

La Turquie et l’Iran sont en concurrence pour mener les changements qui façonnent  le monde islamique. Au début, l’Iran a réagi avec une certaine retenue mais actuellement elle réplique, et le ton est donné dans tous les domaines. L’Iran accuse la Turquie de promouvoir « l’islam libéral » en coopération avec l’Occident…

Dans tous les cas, l’hostilité envers Israël est omniprésente et demeure le seul dominateur commun.

 

   Extraits d’un article pris du document “Iran: défi régional- menace mondial”, (248p) publié et édité par le  JCPA- CAPE. Voir l’intégralité de l’article et ses notes ainsi que le document en PDF sur le site en anglais du JCPA.