Les actes de violence durant le mois du Ramadan

Durant ces dernières années nous constatons que les actes de violence et de terreur se multiplient pendant le mois du Ramadan. Pourtant la loi islamique n’appelle pas à l’escalade durant ces jours de jeûne et de prières. Aucune référence théologique islamique n’indique l’escalade en ce mois sacré. Cependant, certains leaders fanatiques, principalement de la confrérie des Frères musulmans, utilisent justement le Ramadan pour propager la violence, lancer un cri de guerre pour mobiliser des forces et attirer des fidèles à leur cause.

Certes, d’importantes victoires musulmanes ont eu lieu lors du Ramadan alors que l’islam émergeait. La bataille de Badr comme exemple qui a eu lieu en octobre 623, au 19ième jour du Ramadan. Cette bataille, du nom d’une vallée située entre La Mecque et Médine, est la première bataille victorieuse des Arabes musulmans. C’est la bataille de Mahomet contre le clan Quraychite qui l’avait contraint à l’exil vers Médine et menacé de mort les musulmans. C’était une formidable victoire pour le prophète Mahomet, et c’est pourquoi elle est commémorée. Mais la date est une coïncidence et n’a aucun aspect religieux.

La conquête de La Mecque par Mahomet et ses armées eut lieu en 632, le 20ième jour du Ramadan. Ainsi, le Ramadan est associé aux victoires des armées musulmanes. N’est donc pas surprenant aussi que les Égyptiens qualifient la guerre de 1973(Yom Kippour) la guerre du Ramadan. Certains qualifient aussi le Ramadan comme mois du jihad.

Pour éviter des émeutes provoquées par des Islamistes fanatiques, Israël avait proposé de poser des caméras sur le mont du Temple mais le Wakf chargé du culte musulman à Jérusalem et les Jordaniens, se sont opposés farouchement. Pourtant, les musulmans acceptent les caméras de sécurité dans les mosquées d’Abu Dhabi et de La Mecque.

Temple Mount riots 2022

Lorsque j’étais Directeur général du ministère des Affaires étrangères, une délégation israélienne s’était rendue à Abu Dhabi. Nous avons visité la grande mosquée Sheikh Zayed qui est l’une des plus belles mosquées du monde musulman. Je portais sans contrainte la kippa car les Emirats Arabes Unis croient en l’universalisme. À l’intérieur de la mosquée, j’ai aperçu des caméras de sécurité, les mêmes que nous voulions installer dans la mosquée Al-Aqsa. Pourquoi donc ce double jeu, un poids deux mesures ?

J’ai approfondi mes recherches sur le sujet concernant la Grande Mosquée de La Mecque en Arabie Saoudite, des caméras sont bien installées là-bas aussi.

Hamas banner on the Temple Mount

(AP Photo/Mahmoud Illean)

Cheikh Raed Salah dirige la branche nord du Mouvement islamique en Israël. Il fut souvent arrêté et emprisonné pour incitation à la haine et à la violence. Le Mouvement islamique en Israël est en fait une branche des Frères musulmans. 

Cheikh Raed Salah vit en Galilée où il parraine des rassemblements de masse avec d’énormes pancartes en arabe affirmant soi-disant « qu’Al-Aqsa est en danger ». Il propageait faussement des allégations selon lesquelles les Juifs allaient prendre le contrôle d’Al-Aqsa pour expulser les fidèles musulmans. Il s’agit en effet d’une théorie de complot très dangereuse et antisémite qui risquait à déclencher une guerre de religion. Il a fallu d’énormes efforts diplomatiques, politiques et informatives de la part d’Israël pour apaiser ces inquiétudes infondées.

La bénédiction sacerdotale, au Mur occidental, 2019

La bénédiction des prêtres devant le Mur occidental du Temple juif (le Kotel)
(Jerusalem Center for Public Affairs)

Nous devons bien entendu être toujours vigilants et surveiller de près tout dérapage. La liberté de culte et la liberté d’expression sont fondamentales pour la démocratie israélienne et nous devons les protéger. Mais nous travaillons aussi dans un contexte où l’incitation religieuse sévit au Moyen-Orient. Israël tente toujours de sauvegarder une sorte d’équilibre très prudent pour que Jérusalem soit ouverte et libre et pour qu’elle ne soit pas une ville sainte focalisée par des préoccupations de djihad religieux et des actes de violence.

Après la guerre des Six Jours de 1967, Moshe Dayan, ministre de la Défense, avait établi la règle selon laquelle les Juifs pouvaient visiter le Mont du Temple mais ne pouvaient pas y prier. Aujourd’hui, à la demande générale, les Juifs se rendent désormais au Mont du Temple où ils prient en privé, et non dans des prières publiques manifestement organisées. 

Lorsque nous visitons des sites religieux à travers le monde, par exemple à Rome, à la basilique Saint-Pierre au Vatican, nous observons des visiteurs de toutes les confessions. Il est extrêmement important qu’Israël, en tant que gardien des Lieux saints de Jérusalem, suive ces directives pour que des sites religieux soient libres et ouverts à tout le monde.

Je ne pense pas que nous devrions nous imposer aux musulmans. Au contraire, nous devons respecter leurs sensibilités religieuses. Mais en même temps, un site sacré tel le Mont du Temple devrait être ouvert à toutes les confessions. Et franchement, je crois fermement que seul Israël peut protéger la liberté pour toutes les religions. Nous l’avons fait dans le passé et nous le ferons à l’avenir. Mais il faudra beaucoup de tact et de diplomatie classique pour que cela fonctionne.

Les médias ont sans doute une énorme responsabilité sur ces questions. La présence de caméras dans des zones sensibles grossissent inutilement les incidents et encouragent les fanatiques. Une retenue éviterait aux correspondants le rôle de messager. De celui qui informe une mythologie selon laquelle un camp envisage de détruire la religion de l’autre. 

Je crois que nous pouvons coexister. J’ai rencontrais des collègues musulmans au sein du monde arabe et nous nous comprenons mutuellement sur ce sujet sensible. 

Sur le plan géopolitique, soulignons que la République islamique d’Iran développe un programme d’armement nucléaire pour qu’Israël soit rayé de la carte. 

Je pense qu’il est possible que les États du Moyen-Orient, en particulier les États du Golfe et Israël, puissent trouver un terrain d’entente pour contrecarrer la menace iranienne et toutes les intentions des milices chiites de déstabiliser le Moyen-Orient. Rappelons que l’Iran et Israël avaient de bonne relations avant la Révolution islamique et donc les deux pays pourraient un jour s’entendre à nouveau.

Voir l’intégralité de l’article sur le site du Jerusalem Center
https://jcpa.org/article/podcast-ramadan-violence-a-conversation-with-ambassador-dore-gold/