L’environnement stratégique d’Israël

Le Hamas aurait pu prétendre vouloir une solution politique et alors, le monde entier aurait applaudi. Le Quartet  a posé au Hamas trois conditions : reconnaître votre voisin, reconnaître les accords de paix, et abandonner le terrorisme. Le Hamas a répondu par un niet absolu en affirmant qu’Israël n’a pas le droit d’exister. Le Hamas souhaite réaliser  un ancien rêve- se joindre aux autres forces islamiques et  révolutionner tout le Moyen-Orient.
L’Autorité palestinienne fait de son mieux pour maintenir la loi et l’ordre en Cisjordanie. Toutefois, elle ne  démontre pas son efficacité dans  la lutte antiterroriste.
Aujourd’hui, il existe une coopération sans précédent entre le Hezbollah, la Syrie et l’Iran en matière de renseignements militaires. La « contrebande »  d’armes de l’Iran via la Syrie au Liban se fait en plein jour. Des armes de toutes sortes sont fournies au Hezbollah, y compris des dizaines de milliers de roquettes.
Le Hezbollah a transformé le Liban en « une république bananière » Le Président du Liban, qui est un général et un ancien commandant de l’armée  libanaise, ne peut pas prédire quand son pays sera impliqué dans une confrontation avec Israël. Celui qui prend des décisions et fait la pluie et le beau temps dans le pays du Cèdre   est le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah et pourtant il  ne bénéficie d’aucun statut officiel au sein du gouvernement libanais.
Nous avons engagé des pourparlers indirects de paix avec la Syrie et  le prix que Damas exige est bien connu. Le prix qu’Israël doit  payer pour obtenir tout accord de paix demeure toujours la sécurité. Cependant,  la définition du terme sécurité est actuellement différente de celle qui existait il y a une décennie.
La donne a changé depuis le lancement des roquettes à longue distance et le  terrorisme. La Syrie abrite toutes sortes d’organisations terroristes. Dans le cadre d’un traité de paix, la Syrie devrait abandonner son soutien inconditionnel au terrorisme.
Actuellement, Israël vit dans un environnement stratégique, relativement bon. Nous ne sommes pas devant une guerre imminente et nous n’avons pas en face de nous une coalition hostile telle qu’elle  a été constituée dans les années 70.
Il semble que nous ayons, jusqu’à nouvel ordre,  vaincu le terrorisme suicidaire.
Nous sommes déterminés à obtenir un accord de paix réel et fiable avec les Palestiniens. Notre objectif est d’instaurer deux Etats pour deux peuples, vivant côte à côte en paix et en sécurité. Cette politique est facile à définir, mais il est très difficile à la réaliser. La principale priorité pour Israël demeure le problème de la sécurité.
L’Autorité palestinienne est divisée en deux entités. Israël est prêt à signer un accord de paix avec les Palestiniens. C’est la politique de l’Etat ‘Israël. Mais pour signer  un accord, nous devons passer par les entités qui les représente à Gaza et en Cisjordanie.
Nous sommes en mesure de  pouvoir négocier un accord  en raison du succès sans précédent des Forces de défense israéliennes en Cisjordanie. Entre 2000 et 2002, Israël n’a pas réussi  à contrecarrer les bombes humaines et les attentats perpétrés dans  principales villes israéliennes. Nous vivons aujourd’hui tranquillement grâce à notre succès dans la guerre préventive, dans l’identification des terroristes et le renforcement de la coopération entre les services de renseignements et l’armée.
Dans la bande de Gaza, le Hamas tente  de lancer des bombes humaines mais leur tentative est vouée à l‘échec. Toutefois, nous n’avons pas réussi à contrecarrer  les tirs de roquettes de la bande de Gaza. Afin de prévenir le Hamas nous devons les convaincre que les tirs ne servent à rien. En Cisjordanie, en dépit de la volonté de l’Autorité palestinienne de rétablir l’ordre et la sécurité, Israël n’a aucune garantie après le  départ des forces israéliennes. Elle ne peut assurer que nous ne serions pas attaqués par des roquettes de Kalkilya, par exemple, qui est située à deux kilomètres seulement  de distance de  la ville  de Kfar Saba.
La présence d’un Hamastan dans la bande de Gaza est un phénomène très dangereux. Le Hamas ne croit pas à la paix avec Israël. Il déclare ouvertement que la destruction de l’Etat d’Israël est l’objectif stratégique historique du Hamas. Hamas dit qu’il veut occuper la Cisjordanie et prendre le pouvoir à la place de l’Autorité palestinienne, mais son but ultime demeure la  destruction d’Israël. Cette organisation islamique considère Israël comme faisant partie du Wakf, comme une entité de la terre sainte musulmane, un territoire dont les Juifs n’ont pas droit d’y vivre. Pour autant que je les connaisse, le Hamas ne changera pas son idéologie ni sa charte, ni leurs livres et les manuels scolaires.  Au sein de ce parti homogène et structuré, il n’existe pas de modérés ou d’extrémistes. Ils sont partagés entre  militaires- terroristes, et hommes politiques qui sont impliqués dans l’infrastructure de la protection sociale, la daawa. Cependant, tous les membres du Hamas, sans exception, ont adopté une vision du monde qui prévoit l’extermination d’Israël telle que prônent les fondateurs du mouvement, les Frères Musulmans.
Le Hamas peut inclure parmi ses membres beaucoup des hommes qui  semblent modérés, comme Ahmed Yousef qui écrit dans le New York Times. Le Hamas comprend de nombreuses personnes instruites, des médecins et des professeurs. Mais ce n’est pas une question de personnes mais d’idéologie. Dans les années 30 en Allemagne, les nazis ont aussi enrôlé dans leur parti des professeurs et des médecins. Telle est la nature de l’ennemi avec lequel nous traitons.
Le Hamas cherche aussi à prendre en charge l’OLP  parce que le contrôle veut dire contrôler le mouvement national palestinien. Selon le Hamas, l’Autorité palestinienne est due à la tenue des élections en janvier 2009 et le Hamas présentera un candidat pour la présidence de l’Autorité palestinienne dans un effort d’intégrer l’OLP à son sein.
L’objectif du Hamas est de devenir une force  plus forte et aussi puissante que le Hezbollah. Nous n’avons aucune illusion pour l’avenir du Hamas. Nous nous préparons pour toutes options militaires, si c’est nécessaire, mais pour le moment, il existe un accord pour maintenir la trêve, une tahdiya. Elle nous permet un calme relatif, et  nous donne plus de temps pour pouvoir se préparer. Enfin cette trêve maintient nos bonnes relations avec l’Egypte, et sans l’Egypte, je ne crois pas qu’il soit possible d’avoir une stabilité au Moyen- Orient. Je crois que l’Egypte sera toujours le chef de file dans le monde arabe et les Egyptiens peuvent éviter la montée du pouvoir du Hamas. Hosni Moubarak, le Président de l’Egypte, et les gens de talent qui l’entourent contribuent au fait que nous vivons dans une région stable, et il existe de nombreux avantages à la paix que nous avons signée avec le Caire à Camp David, voilà plus de trois décennies.
Nous sommes également très fiers de la paix signée avec la Jordanie. Le Royaume Hachémite de Jordanie a un excellent service de renseignements. Je ne peux imaginer un climat stable et sain d’esprit au Moyen-Orient sans la Jordanie. Ce n’est pas très bien connu parce qu’ils sont modestes et ne font pas  de vagues. Mais professionnellement, l’importance stratégique de la Jordanie sous feu Roi Hussein et actuellement sous celle de son fils, le Roi Abdullah est au-delà de l’imagination.
Al-Qaida a de fortes ambitions de pouvoir s’infiltrer dans la bande de Gaza. Ceci semble idéal pour eux. Al-Qaida a des bases en Egypte et au Sinaï. Elle envoie des agents à Gaza pour construire une infrastructure basée sur certains clans. Le même phénomène existe au Liban. Une extension d’Al-Qaida a été vaincue au nord par l’armée libanaise, et ils sont aussi considérés comme ennemi du Hezbollah tels qu’avec le HamasL’Iran est la principale menace stratégique, le nuage noir à l’horizon. La menace est pour l’ensemble du Moyen Orient et nous avons certains points communs avec l’ensemble du monde sunnite, qui considère également l’Iran comme une menace stratégique plus inquiétante, à leurs yeux, que la menace d’Israël.
L’Iran procède systématiquement à l’acquisition d’une option nucléaire militaire. Ils ne renonceront pas à l’option d’avoir une bombe nucléaire. Ils sont déterminés à atteindre cette capacité. Contrairement à d’autres, nous sommes absolument convaincus qu’ils sont en cours d’acquisition de la bombe. La menace de l’Iran est d’ordre stratégique et pour Israël elle peut devenir une menace existentielle. Elle concerne aussi  tout le monde sunnite, ébranle la stabilité dans la région et sabote tout règlement pacifique des pays du Moyen orient.
L’Iran a des ambitions mondiales et veut devenir une superpuissance qui est reconnue par le monde entier comme l’empire de Cyrus le Grand.
C’est un principal défi pour toute la planète et j’espère que nous serons  unis et déterminés pour contrecarrer les projets iraniens. Je ne suis pas sûr que l’option diplomatique soit assez efficace et nous devons mesurer notre succès sur la base de résultats. Toutes les options sont étudiées et Israël prendra sa propre décision, le jour voulu.
Cet article est basé sur les propos du général Amos Guilad lors d’un briefing aux diplomates et aux correspondants étrangers réunis au CAPE.