Le vrai visage de Mahmoud Abbas
Le dernier discours de Mahmoud Abbas à l’Assemblée générale de l’ONU reflète une triste réalité politique et confirme qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, de partenaire palestinien capable de faire des compromis et de signer un accord de paix avec Israël.
Le masque est donc tombé et Mahmoud Abbas a révélé enfin son vrai visage. Aujourd’hui, nul doute, il soutient ouvertement le terrorisme comme moyen légitime de défense. Il accuse Israël de « génocide », sans pour autant mentionner les milliers de roquettes tirées sur des villes et villages israéliens à partir de Gaza par le mouvement terroriste Hamas.
Tout au long de son discours prononcé le 26 septembre 2014 devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président de l’Autorité palestinienne n’a évoqué « l’Etat d’Israël » que dans un sens négatif, soit pour dire qu’il s’agit d’un « Etat raciste » soit pour parler d’« occupation». Il dépeint Israël comme l’incarnation de la méchanceté humaine, la source de la terreur, de l’incitation à la haine et du radicalisme islamique qui déferlent au Moyen-Orient et dans le monde en général.
Abbas accuse Israël de tous les maux de la planète, d’avoir commis une « nouvelle guerre de génocide contre le peuple palestinien » ou de « planifier une autre Nakba [catastrophe] », une expulsion massive des Palestiniens.
Abbas a rejeté le droit légitime d’Israël à se défendre et a justifié les attaques du Hamas et des autres organisations terroristes palestiniennes, déclarant que « le peuple palestinien se défendait légitimement contre la machine de guerre et qu’il résistera à l’occupation israélienne raciste et coloniale ».
Abbas a appelé les nations du monde à exiger d’Israël de payer le plein prix pour ses « crimes de guerre ». Il a accusé également Israël de saboter systématiquement toute tentative de paix. Il a énuméré une longue liste de mesures qu’Israël entreprend dans les Territoires, notamment selon lui : « la construction de nouvelles colonies, la confiscation des terres, la destruction de maisons, des massacres d’innocents et des arrestations de masse, l’expulsion forcée de Palestiniens de leurs foyers en Cisjordanie, le resserrement du blocus de Gaza, des changements démographiques et de structures à Jérusalem avec un accent sur la mosquée Al-Aqsa… »
Israël, selon Abbas, cultive « le racisme et l’incitation à haine » et pour illustrer ses propos il souligne le crime effroyable contre le jeune Palestinien Mohammed Abu Khdeir, brûlé vif et tué par des extrémistes juifs, tout en faisant allusion à la Shoah.
Abbas parle de la terreur mais ne considère pas les attaques terroristes contre des Israéliens comme des crimes de guerre, il les intègre dans le cadre d’une lutte légitime qui s’accorderait avec le Droit international. Il justifie tous les aspects de la lutte armée que les organisations terroristes palestiniennes ont menée depuis le premier attentat commis en janvier 1965 contre Israël par les célèbres fédayins.
Abbas impute à Israël les racines de la terreur car « les sionistes » ont expulsé en 1948 des Palestiniens innocents et pacifiques de leurs foyers légitimes : « Nous, et tous les pays arabes, avons constamment mis en garde contre les conséquences désastreuses de la poursuite de l’occupation israélienne et de la négation de notre liberté et de notre indépendance en Palestine. Nous avons à plusieurs reprises attiré l’attention sur le fait qu’Israël agit comme un Etat au-dessus de la loi, en toute impunité. Sa politique, son agressivité et son mépris à l’égard de la légitimité internationale ont contribué à préparer le terrain et un environnement propice à la croissance de l’extrémisme, de la haine et du terrorisme dans notre région. Pour combattre Daesh il est nécessaire d’établir une stratégie complète et crédible pour assécher les sources du terrorisme …. Et il faut, dans ce contexte, en priorité, mettre un terme à l’occupation israélienne de notre pays, qui constitue avec ses pratiques une forme odieuse de terrorisme d’État et un terrain fertile pour la tension et la haine. »
Après avoir nié l’existence à la fois de la terreur palestinienne et du droit d’Israël à l’auto-défense, Abbas a présenté sa vision de la paix :
« Nous voulons un État souverain et indépendant vivant en paix et construire des ponts de coopération mutuelle avec ses voisins. Mais des négociations dans lesquelles Israël prédétermine les résultats et ses activités de colonisation et d’occupation ne sont ni crédibles ni sérieuses. Il n’y a aucune signification ou valeur dans les négociations dont l’objectif convenu n’est pas la fin de l’occupation israélienne et à la réalisation de l’indépendance de l’État de Palestine sur l’ensemble du territoire palestinien occupé en 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Et il n’y a pas de valeur dans les négociations qui ne sont pas liées à un calendrier précis pour la mise en œuvre de cet objectif. Nous réaffirmons notre engagement (…) pour parvenir à une paix juste à travers une solution négociée (…). Une solution durable et une paix juste (….) Cela signifie la fin de l’occupation israélienne et la réalisation de la solution des deux États, de l’État de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, aux côtés de l’Etat d’Israël, et d’atteindre une solution juste et convenue sur le sort des réfugiés palestiniens sur la base de la résolution 194, avec un calendrier précis pour la mise en œuvre de ces objectifs comme stipulé dans l’Initiative de paix arabe. Ce sera lié à la reprise immédiate des négociations entre la Palestine et Israël pour délimiter les frontières, parvenir à un accord complet et détaillé et rédiger un traité de paix entre nous. »
Cette « vision de paix » n’indique aucune intention réelle de parvenir à un compromis historique avec Israël sur la division du pays en deux Etats qui vivraient en paix côte à côte.
Abbas a appelé à un accord politique par des négociations, mais stipule les résultats des négociations comme une condition préalable pour les maintenir. En outre, il a salué la formation d’un gouvernement d’union nationale avec le Hamas et les autres organisations terroristes palestiniennes de l’Autorité palestinienne, même si cela ne signifie pas que les organisations terroristes ont accepté la voie diplomatique, Abbas, au contraire, va dans leur direction.
Soulignons que le Hamas exerce un contrôle total de la bande de Gaza et a tenté ces derniers mois de renverser le régime de Mahmoud Abbas en Cisjordanie. Les services de sécurité israéliens ont réussi à déjouer ce projet de putsch.
La puissance militaire du Hamas et sa popularité dans la rue palestinienne, y compris la Cisjordanie, constitue un droit de veto sur tout règlement politique fondé sur la reconnaissance d’Israël ou d’un compromis politique.
Abbas croit que sa prise de position politique est constructive et que le monde entier l’acceptera favorablement. En réalité, il ne fait que réitérer la formule « paix juste » en rejetant la formule israélienne « paix de compromis ».
La formule « paix juste » signifie ce que les Palestiniens appellent le « “droit au retour” des réfugiés et de leurs descendants ». Cette formule est, en d’autres termes, une prescription pour mettre fin à l’Etat Juif.
Jonathan D. Halévi
Cet article est basé sur le discours intégral de Mahmoud Abbas prononcé en arabe à l’Assemblée générale de l’ONU le 26 septembre 2014.