Le véritable objectif du BDS est l’élimination de l’Etat juif
Pour certains observateurs et médias le but du BDS serait d’appliquer des mesures punitives contre Israël en raison de sa présence dans les territoires conquis lors de la guerre des Six Jours de 1967. Pourtant, en lisant et en écoutant les dirigeants et les militants du BDS, nous constatons que leur but est plus ambitieux et beaucoup plus dangereux. Voici quelques citations éloquentes de leurs leaders :
- Omar Barghouti : « Notre campagne actuelle peut être considérée comme le dernier chapitre du projet sioniste. Nous assistons à la disparition rapide du sionisme, et personne ne pourra le sauver. En fait, le sionisme a l’intention de se suicider et pour ma part, je préfère l’euthanasie. »
- Assad Abou Khalil : « Justice et Liberté pour les Palestiniens sont incompatibles avec l’existence même de l’Etat d’Israël. »
- Ahmed Moor : « Il se peut que le BDS ne signifie pas nécessairement la fin de l’Etat juif…. Il est sans doute un mouvement important, un projet à long terme à savoir la dernière étape vers la confrontation finale. »
Au cours de ces dernières années, Israël a été mis au pilori par une campagne internationale de délégitimation visant son existence même en tant qu’Etat juif indépendant. Cette campagne tous azimuts touche tous les secteurs et fonctionne dans les domaines politiques, juridiques, académiques, culturels et économiques. Elle agit aussi dans le cadre « d’actions directes » comme la mise à flots de navires et l’organisation de manifestations dans différentes capitales à travers le monde.
L’initiative BDS, inspirée par la « stratégie Durban », fut lancée en Juillet 2005 avec trois objectifs précis :
- Mettre fin à l’occupation et à la colonisation israéliennes sur toutes les terres arabes et démanteler le « mur de séparation ».
- Reconnaître les droits fondamentaux des citoyens arabo-palestiniens en Israël en leur accordant une égalité complète.
- Respecter, protéger et promouvoir les droits des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs propre maisons et propriétés spoliées, respectant ainsi la résolution 194 de l’ONU [selon l’interprétation palestinienne, la « loi au retour » signifie le retour de tous les réfugiés palestiniens dans leurs terres et foyers situés sur l’ensemble du territoire d’Israël].
Ces objectifs fondamentaux sont constamment réaffirmés par les principaux dirigeants du BDS, en particulier par leur leader Omar Barghouti.
Déjà en décembre 2003, Barghouti avait critiqué Roger Cohen du New York Times, pourtant souvent sévère à l’égard de la politique israélienne. L’éditorialiste américain avait écrit que le mouvement BDS possède un « calendrier caché », celui de « la fin d’Israël en tant qu’Etat juif. » Barghouti avait précisé dans les colonnes du journal new-yorkais que son objectif était la création d’un Etat binational où les Juifs ne seraient qu’une minorité.
Le BDS reçoit un soutien considérable de l’Autorité palestinienne et ses objectifs, dont « le droit au retour des réfugiés », sont ceux des dirigeants palestiniens. Nabil Shaath, chargé des Relations extérieures du Fatah et membre influent de la Commission politique de l’OLP, comme les activistes proches de Riyad al-Maliki, l’actuel ministre des Affaires étrangères, soulignent dans des articles et entretiens qu’Israël ne pourra être reconnu comme Etat juif car cette reconnaissance aura des conséquences graves sur le « droit au retour ».
Dans le cadre de sa campagne de délégitimation, le BDS focalise ses activités sur les syndicats. Le 30 avril 2011, une première conférence syndicale palestinienne pour le boycott d’Israël a été réunie à Ramallah avec des invités du monde entier. Cette conférence a souligné le rôle important du BDS et celui des syndicats dans le combat des Palestiniens, en le qualifiant de « résistance populaire et pacifique à l’occupation israélienne ».
En septembre 2011, suite au discours du président Abbas à la tribune de l’ONU, Sabri Saydam, chargé de la haute-technologie, a révélé les principaux objectifs des Palestiniens : « nous devrions utiliser toutes les armes de la technologie moderne pour pouvoir recruter et développer les réseaux sociaux et organiser des campagnes pour boycotter les produits israéliens. Nous demanderons à toutes les universités de soutenir la cause palestinienne et de couper leurs liens avec les institutions israéliennes… »
En avril 2012, Abdel Fattah Hamayel, gouverneur de Bethléem, a diffusé une circulaire à toutes les institutions publiques et privées, exigeant d’interdire tout lien direct ou la tenue de réunions avec la partie israélienne, autant d’activités qui sont désormais illégales et passible de sanctions.
Une autre campagne orchestrée par Jamal Juma, le directeur du mouvement « Grassroots Anti-apartheid » basé à Ramallah, a pour but de mobiliser les efforts contre le « Mur de l’Apartheid ». Cette campagne fait appel à tous les comités populaires et coordonne des manifestations organisées contre Israël dans différents villages, où à plusieurs reprises elles avaient conduit à la violence. Selon lui, le boycottage est un outil efficace pour soutenir les agriculteurs palestiniens et construire ainsi une économie palestinienne indépendante capable d’affronter l’occupation.
Pour Allam Jarrar, représentant un réseau d’ONG, le boycottage dans le contexte politique actuel est très important parce que « nous réagissons efficacement et pour la première fois depuis la Nakba palestinienne [la « catastrophe » de 1948]. Nous commençons enfin à réviser notre stratégie pour recouvrer nos droits inaliénables, notre droit à l’autodétermination, l’indépendance et le retour des réfugiés. »
D’autres activistes soulignent le caractère stratégique de cette campagne qui vise non seulement à mettre fin à l’occupation militaire en place depuis 1967, mais aussi à contester l’idéologie d’Israël, le sionisme et ses relations internationales. En effet, « le but est d’engager une action, de construire une culture populaire de boycott et d’élaborer une réponse à ceux qui insistent sur la normalisation. La campagne ne vise pas seulement l’économie d’Israël, mais conteste la légitimité d’Israël en tant qu’Etat colonial et d’Apartheid ». Rappelons que le BDS a resserré ses liens avec des filiales européennes de la confrérie des Frères musulmans et avec des partis d’extrême-gauche.
Nous constatons comme le décrit Thomas Friedman dans le New York Times du 4 Février 2014 qu’une « troisième Intifada » est en cours, cette fois-ci elle est propulsée par une résistance non-violente et par un boycott.
En conclusion, les responsables de l’Union européenne devraient prendre au sérieux cette politique dangereuse et de fait réviser leur soutien financier à toutes les ONG qui favorisent le boycottage et la délégitimation de l’Etat juif. Comment l’Union européenne peut-elle prétendre promouvoir la paix dans notre région et en même temps soutenir des activistes sabotant tout dialogue, dont leur véritable but est l’élimination de l’Etat d’Israël ?
Ehoud Rosen