Le tombeau de Rachel : un Lieu saint juif et non une mosquée
Le 21 octobre 2010, à Paris, le Comité exécutif de l’UNESCO (Organisation internationale pour l’Education, la Science et la Culture) a défini le tombeau de Rachel comme étant également une mosquée.
Cette douteuse affirmation de l’UNESCO s’inscrit dans le cadre d’une série de résolutions condamnant Israël. Elle appelle le gouvernement israélien à revenir sur sa décision d’inclure le tombeau de Rachel, et le tombeau des Patriarches à Hébron, dans la liste des sites du patrimoine national de l’Etat juif.
Un examen attentif du dossier dévoile que la définition du tombeau de Rachel comme mosquée, est en contradiction flagrante avec les preuves historiques irréfutables et aux traditions ancrées dans les écrits, aussi bien musulmans que juifs, et que nous avons pu consulter sérieusement.
Le seul lien musulman sur ce site sacré découle de la personnalité de Rachel et non de celle de Bilal ibn Rabah (premier muezzin de Mahomet). Les sources historiques indiquent que le statut temporaire que les musulmans se sont octroyé sur la propriété du caveau n’était que pour une courte période, est n’était pas en conséquence directe avec les mouvements de violence et des injustices employés contre les Juifs. Pour mieux comprendre cette question et les enjeux actuels rappelons quelques vérités historiques:
* Le tombeau de Rachel est situé dans la banlieue nord de Bethléem, à 460 mètres de la frontière municipale de Jérusalem, il est considéré voilà plus de 1700 ans comme un lieu saint des Juifs, et littéralement appelé “la tombe de notre maman Rachel”.
* Des trois côtés du complexe funéraire jouxte un cimetière musulman dont les nombreuses tombes appartiennent à la tribu bédouine Taamra. Les relations des musulmans avec le tombeau de Rachel remontent à l’origine de cette tribu. Elle a enterré ici ses morts depuis le 18ème et 19ème siècle en raison de la proximité du tombeau de Rachel. Le chercheur, Eli Schiller, explique ce phénomène par la foi populaire musulmane qui prédit: « un défunt enterré aux côtés d’une personnalité sacrée recevra une bénédiction dans l’au-delà.»
* La proximité de ce cimetière à la tombe de Rachel a provoqué dans le passé de nombreuses frictions et affrontements entre Juifs et Arabes en particulier sur les modalités de la purification des corps dans l’enceinte du caveau.
* Selon de nombreuses sources historiques, la tribu Taamra et les résidents arabes de la région ont empêché les Juifs à se recueillir devant la tombe. Leur refus a été catégorique même durant le jour de souvenir et de commémoration de la “mère Rachel”. Ils avaient extorqué systématiquement des sommes d’argent importantes sous la menace et le chantage, condition préalable à toute visite.
* Dans ce contexte, le philanthrope, Moshé Montefiore, a obtenu des Turcs une licence pour pouvoir bâtir dans le complexe une pièce supplémentaire et celle-ci fut construite en 1841.
Le but était d’écarter les musulmans du site sacré et de cesser l’harcèlement des Juifs.
* Auparavant, le préposé des avoirs espagnols à Jérusalem, Abraham Baker Abraham, a obtenu de l’Autorité ottomane musulmane (1830 et 1831) des décrets reconnaissant les droits des Juifs sur le lieu, ordonnant la population locale de ne pas perturber les visites et prières.
* Contrairement au Mont du Temple, et au Caveau des Patriarches qui sont des lieux saints pour les Juifs, mais ont servi de mosquées aux musulmans, la tombe de Rachel n’a jamais servi de mosquée aux musulmans. Malgré l’attachement des musulmans à ce lieu, il a toujours été utilisé pour le culte des Juifs et presque exclusivement par eux.
* L’identification du complexe comme la mosquée de Bilal ibn Rabah (premier muezzin de Mahomet) a été publiée en septembre 1996, suite aux émeutes provoquées par l’ouverture du tunnel jouxtant le Mur occidental du Temple et parallèlement au début des travaux de fortification dans l’enceinte du caveau de Rachel. Des travaux nécessaires effectués pour contrecarrer les jets de pierres et les tirs ciblés des Palestiniens contre les visiteurs juifs.
* Jusqu’en 1996, les écrits et documents, musulmans et palestiniens, ont identifié le lieu comme « « Koubat Rachel » (dôme de Rachel) voire la tombe de Rachel, et non pas celle de la mosquée du muezzin du Prophète.
Le tombeau de Rachel à versé beaucoup d’encre dans la tradition juive, et sur ce sujet on note une abondante littérature. Les récits de pèlerins juifs, chrétiens, et musulmans ont identifié et enregistré le lieu, comme la tombe de Rachel.
Depuis la nuit des temps, les visiteurs juifs venaient ici pour prier, et pour solliciter grâce et miséricorde. Le site s’est transformé rapidement en un “minuscule mur de lamentations” pour les juifs du monde entier. Ici, les gens versaient leurs chagrins et leurs larmes, racontaient leurs petits malheurs, et suppliaient la maman Rachel à retrouver réconfort et guérison. Le tombeau est aussi devenu pèlerinage pour les femmes qui n’arrivent pas à enfanter.
La tradition juive considère les “larmes de Rachel” comme un pouvoir inédit. Dans le judaïsme, on raconte qu’ici, les sanglots, les voix plaintives, et les supplications seront toujours entendus.
Selon le livre de la Genèse, chapitre 35: Rachel est décédée en donnant naissance à Benjamin, et elle fut ensevelie « sur le chemin d’Ephrata qui est Bethléem ». Le pèlerinage est devenu une longue tradition dans l’Histoire du peuple juif, et les larmes de la mère Rachel ont été identifiées par des écrivains et poètes et commentateurs bibliques, et exprimés dans les écrits pour évoquer des catastrophes, difficultés ou malheurs qui ont frappé le peuple juif à travers l’Histoire.
Les visiteurs font toujours le lien entre l’image de Rachel et le lieu de sépulture. « Le bâtiment avec le dôme et l’olivier » est devenu un symbole juif. La deuxième pièce annexée à la structure originale par Sir Moses Montefiore en 1841, n’a fait qu’accroître l’attachement à l’endroit sacré. La structure tombale figure sur de milliers de peintures, photographies, timbres, gravures et objets d’art. Elle figure également dans les livres sacrés juifs. Cependant, le visiteur d’aujourd’hui aura du mal à identifier le lieu selon les descriptions d’autrefois. Pour des raisons de sécurité, on a installé des blocs de béton armés, et des tranchées couvertes de filets de camouflage.
Selon la décision du gouvernement israélien du 11.9.2002, l’enceinte sacrée visitée par des millions de juifs depuis la guerre des Six jours fut intégrée dans la zone de la barrière de sécurité qu’Israël a construite au sud de Jérusalem. La tombe est donc abritée par des fortifications et entourée de murailles de béton, fortifications et positions de tir.
Selon la tradition musulmane, l’origine du nom de Rachel dérive du mot errance car Rachel est morte lors de l’un de ses voyages et fut enterrée sur la voie qui achemine vers Bethléem. Le nom de Rachel est cité dans l’une des sourates du Coran. La légende est identique et elle raconte comment Joseph, son fils, pleure sur la tombe de sa mère, au moment où il traversait le lieu avec ses geôliers.
Le tombeau de Rachel a été considéré durant plusieurs siècles telle une tombe de « Vali » (saint musulman). Le bâtiment n’a reçu sa forme qu’en 1622. Mohamed Pacha, gouverneur de Jérusalem, a permis aux Juifs de cloisonner les murs que supportent les quatre arches du dôme érigés autour de la tombe. Pour la première fois, le tombeau de Rachel s’est transformé en un site fermé. Le gouverneur turc a voulu entre-autres empêcher les bergers arabes de camper avec leurs troupeaux dans l’enceinte du site. Mais selon la version d’un voyageur anglais : « Pour rendre plus difficile l’accès aux juifs ». Malgré l’affinité des musulmans à ce site, le tombeau de Rachel a toujours été l’un des lieux saints les plus importants du judaïsme. Depuis le Moyen Age, écrivains et pèlerins, Juifs et Musulmans, et parmi eux, le célèbre historien arabe, Mujir al Din, vivant au 16ème siècle, ont considéré la tombe de Rachel comme un lieu saint juif. Entre 1841 et 1948, les fonctionnaires juifs détenaient exclusivement les clés du site. Contrairement à l’accord d’armistice signé avec la Jordanie en 1949, le royaume hachémite n’a pas autorisé aux Juifs de se rendre sur le site et cela depuis la guerre de l’Indépendance à la guerre des Six Jours (1948-1967).
Depuis 1967 à ce jour, des millions de Juifs du monde entier et d’Israël ont visité le site. Selon la tradition juive, Rachel est décédée le 11ème jour du mois de Heshvan. En octobre 2010, plus de cent mille juifs se sont recueillis devant le tombeau.
En 1997, durant les émeutes déclenchées dans le cadre de la première Intifada, des centaines de résidents de Bethléem et du camp de réfugiés Aida ont également assiégé la tombe de Rachel. Ils ont mis le feu à l’échafaudage installé autour de la tombe dans le cadre des travaux de protection du chantier, et ils ont tenté de s’introduire dans le site. A leur tête, le gouverneur de Bethléem, délégué de l’Autorité palestinienne, Mehmed Rachid el Jaabari. Tsahal a dispersé les manifestants et on a enregistré plusieurs blessés. L’un d’eux, Kifa Barakat, commandant de la Force 17, la garde présidentielle du dirigeant de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat.
Durant les années 1996- 2000, le calme et l’ordre public ont été violés par les Palestiniens. En septembre 2000, pendant le déclenchement de la deuxième Intifada et les hostilités qui ont duré 41 jours, les Juifs ne pouvaient se rendre sur le site de la tombe de Rachel. Un scénario répétitif des émeutes meurtrières de 1929. Cette année là, le Wakf, l’Autorité religieuse arabe, a revendiqué le droit sur la tombe de Rachel en soulignant qu’elle fait partie du cimetière musulman adjacent. Il a réclamé de reprendre l’ancienne pratique des musulmans qui avaient purifié leurs morts dans la salle d’attente du tombeau de Rachel.
71 ans plus tard, en l’an 2000, les Musulmans ont radicalisé leur position par une affirmation absurde. Ils ont cessé d’appeler la tombe de Rachel Koubat Rachel comme ils l’ont fait durant des centaines d’années et l’ont intitulé « mosquée Bilal ibn Rabah »
Bilal Ibn Rabah, d’origine éthiopienne, d’Abyssinie, est connu dans l’histoire de l’Islam comme l’esclave noir qui a servi dans la résidence du prophète Mohamed comme premier muezzin, c’est-à-dire l’homme chargé d’appeler les musulmans à la prière, et cinq fois par jour. Lorsque Mohamed est mort, Ibn Rabah est allé mener les combats de l’islam en Syrie, et fut tué en 642 après l’ère chrétienne, et enterré à Damas…Malgré les vérités et documents historiques irréfutables, le vice ministre des Cultes auprès de l’Autorité palestinienne a défini la tombe de Rachel comme un lieu islamique et l’UNESCO a osé croire cette affirmation dur comme fer.
La Cour suprême israélienne de Justice a souvent répondu à des pétitions palestiniennes souhaitant modifier le tracé de la barrière de sécurité et qui sépare la tombe de Rachel. Les juges ont statué que l’équilibre devrait être maintenu entre la liberté du culte et la liberté de la circulation des habitants.
Enfin, soulignons que certaines traditions chrétiennes situent même la naissance de Jésus au tombeau de Rachel. Ce lieu saint fut d’ailleurs christianisé à l’époque byzantine et dans les années 80 il était l’une des étapes de la plupart des pèlerinages chrétiens.
– Extraits et commentaires de l’article de Nadav Shragai publié sur le site du JCPA- CAPE en hébreu. Voire l’intégralité également sur le site en anglais avec les notes de référence.