Le roi Charles III est le bienvenu en Israël
Comme tous les téléspectateurs du monde entier, les Israéliens ont suivi en direct les cérémonies du couronnement de Charles III. Le président Itzhak Herzog était parmi les invités d’honneur. Le grand rabbin Ephraïm Mirvis a également assisté avec les représentants d’autres religions, sans transgresser le shabbat …Le roi et la reine ont été bénis avec de l’huile provenant des oliviers de Jérusalem… Adon Olam a été interprétée par une chorale d’enfants juifs. Plusieurs gestes et signes qui confirment le caractère multiculturel du Royaume Uni et le souhait du nouveau roi de représenter toutes les fois, les minorités et les ethnies. Une monarchie millénaire offrant à tous ses résidents une véritable démocratie contrairement à d’autres monarques et émirs dans le monde arabo-musulman.
Le gigantesque spectacle hollywoodien s’est déroulé impeccablement, dans un esprit bon enfant et sans incident majeur. Les Britanniques avaient bravé la pluie pour voir, de leurs propres yeux, la carrosse dorée et l’apparition de la famille royale au célèbre balcon. Nous saluons chaleureusement le respect de ce peuple pour leur souverain, pour les symboles étatiques et royaux, pour leurs soldats et policiers, ainsi que leur profond amour aux traditions et aux coutumes. Cette nation s’obstine à sauvegarder son riche héritage millénaire, à préserver sa culture et son union. Elle prouve un savoir vivre exemplaire. Nous sommes attristés que les journalistes et les commentateurs des chaînes israéliennes n’ont pas été à la hauteur de l’événement historique. Ils ont préféré focaliser l’attention sur des futilités et des critiques cyniques de mauvais goût par rapport aux sérieux des analyses, au savoir intellectuel et historique de la BBC et de France télévision.
En ce qui concerne l’avenir de nos relations avec le Royaume Uni, il semble qu’une page pleine d’espérance s’ouvre avec le nouveau souverain.
Le 2 novembre 1917, la Grande Bretagne a été la première puissance occidentale à reconnaître le droit naturel des Juifs de restaurer leur patrie millénaire et à soutenir moralement et politiquement la création d’un foyer national en Palestine. Cet engagement historique publié par la Déclaration Balfour constituait une victoire diplomatique des sionistes, et elle fut un grand tournant dans l’histoire contemporaine de notre peuple. Cette Déclaration composée de 67 mots choisis minutieusement et écrits après de longues et pénibles tractations, fut diffusée par des millions d’exemplaires en Europe et aux Etats-Unis et provoqua un déferlement d’enthousiasme délirant dans toutes les communautés de la diaspora. Elle a marqué un pas décisif pour la création d’un Etat juif indépendant et souverain en Terre d’Israël.
La Grande Bretagne a chassé de notre région un régime musulman qui a régné durant 400 ans dans la tyrannie, la terreur, et l’indifférence totale aux droits nationaux légitimes du peuple juif sur sa terre ancestrale. Durant quatre longs siècles, l’empire ottoman musulman n’avait pas non plus offert aux Arabes une quelconque légitimité sur ce territoire, ni un Etat indépendant tel qu’ils le revendiquent aujourd’hui.
Toutefois, la déclaration Balfour n’a fait aucune allusion sur les paramètres du futur Etat Juif souverain et indépendant. Aucune précision sur son territoire, ses frontières et son caractère politique, administratif et militaire. Elle a bercé les Juifs dans des illusions et les Arabes dans la frustration et l’amertume, ce qui provoqua des révoltes et des émeutes meurtrières. Pour retrouver le calme, les Britanniques ont fait de multiples gestes en faveur des Arabes. Ils ont réduit le territoire originel de la Palestine de trois quarts, en créant un royaume hachémite, et ils ont adopté une attitude réservée, ambigüe, et souvent hostile aux Juifs. Elle a été traduite par une série de Livres Blancs qui refusaient une immigration massive des rescapés des camps de la mort. Et pourtant, la forte communauté juive a toujours été solidaire des luttes universelles et a contribué à l’effort de guerre contre les nazis avec notamment la célèbre Brigade juive.
La politique des Britanniques durant le Mandat est-elle pardonnable ? Une attitude naturel, constante, et favorable à la cause juive, aurait pu changer complétement le cours de l’Histoire, elle aurait évité des guerres inutiles et des revendications inadmissibles de la part des « Palestiniens ». Fort heureusement, nous avons réussi à combattre cette injustice historique jusqu’au départ du dernier soldat anglais de la Palestine.
Toutefois, le combat juif contre la puissance coloniale a fermenté au sein du Royaume britannique un désir de vengeance. Durant 70 ans de règne et ses multiples voyages à travers les continents et les océans, la reine Elisabeth II, n’a jamais foulé le sol de l’Etat d’Israël et le Foreign Office l’encourageait dans ce sens. Les différentes visites officielles des présidents et chefs de gouvernements israéliens à Londres ont été accueillies avec froideur et indifférence. La reine alimentait une certaine rancune jusqu’aux derniers jours.
Sur plusieurs plans, son fils ainé, Charles, est bien différent. Large d’esprit, affable, généreux avec un sens d’humour, il est bien connu pour son amitié sincère à l’égard du peuple juif et ses bons rapports avec la communauté locale. Ill était venu en 1995 pour les funérailles d’Itzhak Rabin, en 2016 pour rendre un dernier hommage à Shimon Pérès et en 2020 présent à une conférence internationale sur la Shoah. Il s’était recueilli sur la sépulture de sa grand-mère, installée au sein de l’église du couvent Sainte-Marie-Madeleine, située au-dessus du jardin de Gethsémani sur le mont des Oliviers à Jérusalem…
Devant la nouvelle donne, nous pouvons raisonnablement espérer que les relations bilatérales entre Israël et la Grande-Bretagne, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, seront renforcées. Au moment où le Royaume Uni traverse une crise sociale profonde, la communauté juive pourra donner un second souffle à l’économie du pays et à sa vie culturelle et politique. Nous sommes persuadés que le roi Charles III combattra farouchement contre l’antisémitisme, contre tous les mouvements et les ONG qui souhaitent boycotter l’Etat Juif et délégitimer son existence.
Lors de son bref entretien de politesse avec le président Herzog, le nouveau roi à prier d’aboutir rapidement à un compromis dans la réforme judiciaire…Il pense toujours que la force d’un peuple est dans l’union. Sages paroles à méditer en Israël.
Pour gommer les trente années sombres du Mandat britannique en Palestine, et ouvrir une page de réconciliation avec le Royaume, le roi Charles III devrait se souvenir de la fameuse Déclaration Balfour, faire un geste royal à l’égard du peuple juif et venir à Jérusalem.
Une visite officielle du roi en Israël est à exclure dans un prochain avenir car elle dépend de nombreuses contraintes politiques, mais d’ores et déjà, déroulons le tapis rouge et préparons pour lui une visite magistrale. Sa Majesté, est toujours le bienvenu dans notre pays.