Le jour J approche et Israël demeure vigilant
Le monde occidental se réveille enfin de sa torpeur. Plus de deux ans après le déclenchement de la révolte contre le régime sanguinaire du président Assad, et suite aux crimes contre l’humanité commis notamment avec des armes chimiques, il est évident que le monde libre ne peut se taire et passer à l’ordre du jour sans réagir. Ces jours-ci, les états-majors de l’OTAN sont sur le qui-vive, les généraux américains retirent les cartes topographiques et se penchent sur les sites stratégiques en Syrie. Les différents services recueillent minutieusement tous les renseignements possibles. Des drones et des satellites sont envoyés et plusieurs objectifs ciblés. C’est ainsi que fonctionnent des militaires disciplinés. Le rôle des généraux est de fournir toutes les options opérationnelles et les chefs d’Etats devraient choisir la bonne réponse… Et voilà que le jour J approche à pas de course. Que faire ?
Au moment où des bruits de bottes se font entendre dans notre région, le dilemme des chefs d’Etats grandit et les populations plongent dans l’angoisse. Les crimes contre l’humanité devraient être punis sans pour autant déclarer la guerre contre la Syrie ou chasser par la force un président sanguinaire. Obama a choisi une option qui est relativement facile : il lancera probablement des opérations chirurgicales à l’aide de missiles de croisière ou bombardera l’arsenal chimique et certains sites stratégiques syriens.
Il est conscient des complications d’une opération terrestre de grande envergure comme en Irak, sachant parfaitement que personne ne peut prédire qu’elles seront vraiment les conséquences le lendemain. Les réactions de la Russie, alliée et bastion stratégique de la Syrie, sont toujours imprévisibles. Suite au refroidissement de ses relations avec Washington nous avons l‘impression de retourner à l’époque de la Guerre Froide. Les dernières réactions musclées de Poutine rappellent celles du fougueux Khrouchtchev lors de la crise cubaine. Et puis comment réagira l’Iran et son satellite, le Hezbollah ? Et la Chine ? Les temps ont certes changé et évolué depuis, mais il semble à ce jour que le président Obama n’ait pas l’étoffe d’un Kennedy ou d’un Nixon.
Dans ce contexte, Obama va donc lancer une opération limitée. Il n’a pas l’ambition de renverser le régime d’Assad ni d’envoyer des troupes pour aider les rebelles. Son objectif est de punir Assad pour des raisons morales et dissuasives. Les Etats-Unis en ont ras le bol des guerres au-delà de leurs frontières. Après le Vietnam, l’Afghanistan et l’Irak, l’Amérique se replie sur elle-même et se préoccupe uniquement de ses affaires intérieures. C’est évidemment son droit à condition de le dire explicitement. La valse hésitation n’est pas de bon augure. Pour redorer son blason, Washington sera prête à utiliser la diplomatie classique pour régler des conflits locaux comme celui du problème avec les Palestiniens. Désormais, Obama cesse d’être le « gendarme » du monde.
La « politique de l’autruche » est fort inquiétante car elle encourage les Etats voyous comme l’Iran et elle renforce les activités des organisations terroristes et du djihad mondial. Cette indifférence américaine a déjà eu des conséquences graves avec les turbulences dans le monde arabe, particulièrement en Egypte. Le laissez-faire et le manque de volonté d’intervenir affaiblissent considérablement les alliés des Etats-Unis et notamment la dissuasion de l’Etat d’Israël.
En fait, c’est la première fois que l’Etat juif ne sera pas impliqué directement dans un conflit armé avec ses voisins les plus proches. Certes, Tsahal prend toutes les précautions et envisage l’escalade, voire l’embrasement de toute la région, car en dépit du fait que nous ne souhaitions pas intervenir dans le conflit syrien, nous sommes d’ores et déjà menacés et ciblés par nos ennemis en cas d’attaque américaine. Rappelons la première guerre du Golfe contre Saddam Hussein et la « politique de retenue » adoptée alors par le gouvernement Shamir malgré les tirs des Scud sur les villes israéliennes. Deux décennies après, il est exclu pour le gouvernement Netanyahou d’adopter la même politique. Il sera dans l’obligation de réagir contre toute attaque éventuelle de missiles ou de roquettes en provenance du Liban ou de la Syrie. C’est son droit absolu et sa légitime défense mais en même temps nous devrions aussi être vigilants, avoir une vision vers l’avenir et surtout sauvegarder les liens privilégiés que nous avons avec les Américains.
Depuis la campagne de Suez contre l’Egypte de Nasser en 1956, Israël a préféré se battre seul sans l’aide de soldats étrangers. Il y a juste 40 ans, lors de la guerre du Kippour, nous avons vu la mort en face en affrontant un « tremblement de terre » politique qui nous guette jusqu’à ce jour.
Avant de prendre une décision fatale et de lancer une opération militaire contre la Syrie, le président Obama devrait prendre sérieusement en considération les retombées du lendemain, et en particulier les conséquences sur la sécurité et la défense de l’Etat juif. Une coordination étroite entre les deux alliés est non seulement nécessaire, elle est impérative et vitale. Nous savons toujours comment une guerre est déclenchée mais nous ignorons de quelle manière elle s’achève. Dans la jungle du Moyen-Orient, les guerres sont particulièrement sales et toujours plus meurtrières.
Freddy Eytan
Retrouvez cet article sur Desinfos.com, sur Terre d’Israël sur le site de l’UPJF
Voir également l’analyse de Freddy Eytan publiée sur I24news et reprise sur le site Israel Valley