Le Hezbollah en Europe et à nos portes
Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, Israël a mené des centaines de raids contre les forces du régime syrien mais aussi et surtout contre le Hezbollah et ses alliés chiites soutenus par l’Iran. Le gouvernement israélien a plusieurs fois affirmé qu’il n’accepterait aucune présence militaire permanente en Syrie du Hezbollah ou de l’Iran, et qu’il empêcherait tout acheminement d’armes via Téhéran et Damas à Beyrouth et au mouvement terroriste chiite libanais.
Dans ce contexte, un accord a été conclu avec la Russie pour repousser toutes les milices soutenues par Téhéran à des dizaines de kilomètres de la frontière libano-syro-israélienne.
Pourtant, le Hezbollah poursuit ses activités par tous les moyens. Récemment et malgré la crise de coronavirus, l’armée syrienne aide le Hezbollah à établir une présence militaire permanente sur le plateau du Golan. Des images vidéo montrent parfaitement le nouveau commandant de la 1ère division de l’armée syrienne, Ali Ahmad As’ad, donnant des directives à des officiers syriens et des milices chiites le long de la frontière.
Tsahal précise que le régime syrien serait « tenu responsable de toutes les activités ennemies émanant de son territoire ».
Au début du mois avril 2020, l’armée israélienne a accusé le groupe terroriste libanais et l’armée syrienne d’être derrière une tentative d’attaque de snipers contre des soldats israéliens installés sur le plateau du Golan. La riposte de Tsahal ne s’est pas faite attendre.
Le 17 avril 2020, trois unités du Hezbollah, ont tenté de franchir la barrière frontalière de sécurité à trois endroits simultanément. Ils ont réussi à couper les fils de barbelés. Dans un endroit, la clôture a été suffisamment brisée pour permettre à un véhicule de traverser et pénétrer en territoire israélien. Malgré les dégâts causés à la barrière aucun véhicule du Hezbollah n’est toutefois entré.
Israël a accusé le groupe terroriste chiite libanais d’avoir tenté de violer la souveraineté territoriale israélienne et une plainte fut déposée au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Le ministère israélien des Affaires étrangères attend du gouvernement libanais qu’il assume ses responsabilités pour empêcher des menaces contre Israël et la région.
Il tient depuis longtemps le gouvernement libanais responsable de toute action en provenance de son territoire.
Par cette opération le Hezbollah a affirmé qu’il est satisfait de sa capacité opérationnelle à identifier des défaillances de sécurité le long de la barrière frontalière avec Israël. Il se réjouit d’avoir endommagé le « système de protection des frontières le plus sophistiqué au monde ». Rappelant, la découverte et la destruction des tunnels, le Hezbollah estime qu’il est toujours en mesure de franchir la clôture par voie terrestre.
L’opération du Hezbollah visait à avertir Israël que toute attaque contre lui, même sur le sol syrien, entraînerait des représailles.
La milice chiite est active aussi à l’étranger. Depuis les années 1990 il est responsable d’une longue liste d’attentats en Europe et en Argentine contre des cibles israéliennes et juives, mais également contre des installations militaires américaines et françaises à Beyrouth.
Depuis plusieurs années, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou appelle l’Europe et particulièrement la France à déclarer le Hezbollah soutenu par l’Iran “organisation terroriste”. Rappelons qu’Israel avait averti les Européens sur des tentatives des groupes terroristes sunnites comme chiites de lancer des attentats sur le sol européen.
Le 30 avril 2020, les autorités allemandes annonçaient l’interdiction complète en Allemagne des activités du Hezbollah, dont la branche militaire est considérée comme un mouvement terroriste par les pays de l’Union européenne. De vastes perquisitions ont été rapidement menées contre des établissements liés au Hezbollah libanais.
Les autorités allemandes évaluent à un millier le nombre de ses membres. Ils sont accusés d’organiser des collectes de soutien, des blanchiments d’argent, de recruter des sympathisants et d’organiser des manifestations appelant à la destruction d’Israël.
Richard Grenell, ambassadeur américain à Berlin et proche conseiller du président Donald Trump sur le Renseignement, avait déjà exhorté l’Allemagne à bannir l’activisme politique du mouvement chiite sur son territoire, à l’instar de la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.
Cela empêcherait le Hezbollah de rassembler sympathisants et collectes d’argent et permettrait à l’Allemagne d’envoyer un signal fort montrant qu’elle ne tolère pas la violence, la haine antisémite et la terreur en Europe.
Récemment, Richard Grenell s’est entretenu avec Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique du président Macron pour que la France et tous les membres de l’union européenne aussi interdisent le Hezbollah sur son territoire.
Ces jours-ci, le Hezbollah a lancé une campagne médiatique et diplomatique pour prouver ses « bonnes intentions » en matière de soutien à la population libanaise. Par l’intermédiaire de son ministre de la Santé il diffuse des images montrant sa lutte efficace contre le coronavirus.
Cependant, le double jeu est bien transparent puisque le Hezbollah souligne également que, même au moment où il fait face à la crise de Covid-19, il est capable d’agir contre Israël.
Dans les circonstances actuelles, ni le Hezbollah et ni Israel ne souhaitent rompre l’équilibre de dissuasion maintenu depuis la fin de la Seconde guerre du Liban de l’été 2006. Toutefois, il convient de souligner que personne ne peut prédire la marche à suivre et tout pourrait s’effondrer face à une erreur de calcul de part et d’autre.