Le gel des passions
Le gel d’un produit alimentaire dans un congélateur conserve sa fraicheur pour pouvoir au moment voulu le retirer et l’utiliser. En politique, en diplomatie et à l’état-major des armées, nous suivons parfois le même procédé. Le gel d’un projet où d’une opération n’est pas un acte d’abandon, de rejet ou de désespoir et c’est dans cette optique et esprit que s’inscrit le gel des implantations juives en Cisjordanie.
La décision du gouvernement Netanyahou est sage et pragmatique et elle a renvoyé la balle dans le camp arabe. Politicien chevronné, Netanyahou est conscient parfaitement des difficultés au sein du Likoud et il ne souhaite pas ébranler sa coalition déjà fragile. Ancien diplomate et Premier ministre pour un deuxième mandat, il observe intelligemment et sans passion les enjeux planétaires, le fléau du terrorisme et la menace de l’Iran. Pour préserver son gouvernement, il mène une politique cohérente et tente d’apaiser l’effervescence de ses ministres, en utilisant le bâton et la carotte. Il prépare minutieusement le terrain pour la reprise du dialogue avec les Palestiniens et prouve aux yeux du monde les bonnes intentions israéliennes en dépit du front du refus arabe. Depuis la conquête des territoires en juin 1967, nous avons des divergences profondes avec les Américains et les Européens. Certes, nous devons défendre nos propres intérêts mais le faire avec tact et diplomatie. Les Etats-Unis sont nos premiers alliés et pour des raisons multiples nous ne souhaitons pas la rupture. Une concertation permanente sur la marche à suivre et préférable à la cassure. Obama ne peut bousculer un processus et ne pourra jamais dicter une pax americana contrairement aux intérêts israéliens. Obama, Sarkozy et Merkel savent parfaitement que Netanyahou ne fera pas les mêmes erreurs de ses prédécesseurs et ne fera aucun geste unilatéral sans obtenir des gages. Il prône depuis toujours la doctrine de la réciprocité. Rappelons que Sharon et Olmert nous ont engagé dans trois guerres! Jusqu’à ce jour, Netanyahou agit avec une extrême prudence et depuis son élection n’a pas non plus fait aucune concession et ne s’est pas retiré d’un seul centimètre des territoires. En dépit des pressions, il a même accordé la construction de centaines de logement en Cisjordanie. Face aux enjeux et aux menaces, le débat sur le gel des implantations doit être dépassionné. Ce n’est pas un bruit médiatique de certains députés qui ne cherchent que faire avancer leur propre carrière politique, ni le mouchardage de l’extrême gauche sur de nouvelles constructions qui fera avancer le processus de paix. Le Premier ministre doit agir en homme d’Etat et non en chef de parti. Il doit toujours offrir à son peuple un plan de paix, de l’espérance pour l’avenir des générations futures. Le statu quo, l’immobilisme et la politique d’autruche n’aboutiront à rien de positif et ils isoleront de plus en plus l’Etat juif sur l’arène internationale.