Le Football, l’Islam et le Qatar

wikipedia-inbari_expertLes tentatives de l’Association Palestinienne de Football et de son président, Jibril Rajoub, pour expulser Israël de la Fédération Internationale (FIFA) ne sont qu’une nouvelle étape dans une stratégie beaucoup plus dangereuse dont le principal instigateur est le Qatar.

Soulignons que ce minuscule émirat est déjà impliqué dans les affaires du football palestinien et israélien grâce aux activités subversives d’un ancien député arabe de la Knesset, Azmi Bishara, soupçonné d’avoir espionné pour le compte de la Syrie.

Bishara, qui a fui Israël, s’est installé voilà quelques années à Doha.

Depuis que le nouvel émir du Qatar Cheikh Tamim a pris le pouvoir, il a renforcé ses liens à la fois avec Azmi Bishara et avec Khaled Mashaal, le chef du Hamas (filiale des Frères musulmans) pour justement utiliser les trésors de son émirat à des activités anti-israéliennes. Ainsi, des fonds qataris ont été transférés à des institutions sociales et à des associations opérant dans le secteur arabe d’Israël.

Le stade de football moderne nouvellement installé dans la ville arabe israélienne de Sakhnin porte le nom de « Doha ». Une autre aide financière importante a été octroyée récemment en faveur de l’association de football Ahi Nazareth.

Dans ce contexte, il est fort intéressant de souligner que le Qatar soutient la candidature de Jibril Rajoub (photo ci-dessus) pour succéder au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, âgé aujourd’hui de 80 ans.

Les activités de Rajoub révèlent un autre aspect dangereux de la politique du Qatar, celle de ses interventions financières, religieuses et sociales en Cisjordanie, en Israël et en Europe, le tout par le biais du football.

Le fait que Rajoub a échoué dans sa dernière tentative à expulser Israël de la FIFA ne veut pas dire que les dangers sont derrière nous et que les Palestiniens, aidés du Qatar, ne vont pas réagir de plus belle.

Le Qatar a déjà œuvré pour déstabiliser de nombreux pays arabes, notamment l’Egypte, la Libye et la Syrie. Israël devrait être vigilant et savoir si le Qatar a commencé à fouiller dans ses affaires intérieures.

Les efforts conjugués de Mashaal et de Bishara à Doha pourraient favoriser une unification très dangereuse entre le nationalisme pan-arabiste d’un palestinien chrétien comme Bishara et l’extrémisme islamiste de la confrérie des Frères musulmans représentée par Khaled Mashaal.

Soulignons que Bishara s’oppose farouchement à l’«israélisation» des Arabes israéliens. Il exige une séparation nette avec les institutions de l’Etat Juif. Selon lui, la Knesset n’est que le « bastion du sionisme et de la culture colonialiste ». Le Parlement israélien n’est donc pas le lieu favorable pour réaliser l’unité de la société arabe.

Selon cette logique, la participation à une ligue commune de football avec les Juifs israéliens devrait cesser le jour où les « Arabes de 1948 » pourront former leur propre ligue indépendante. D’ici là, les passions des supporteurs des deux camps provoqueront, avec le parrainage actif du Qatar, une détérioration des relations judéo-arabes.

Déjà, lors d’une cérémonie au stade de Doha, des voix se sont élevées contre Israël et en faveur de Bishara et du Qatar, le principal sponsor. Ces provocations ont provoqué un tollé général dans la presse israélienne mais Bishara s’en est défendu en expliquant que ses liens étroits avec l’émir du Qatar ont pour but de promouvoir des manifestations culturelles et des initiatives sociales (sic).

Bishara a confirmé que sa relation avec l’émir avait conduit à des paiements aux Arabes israéliens, et qu’il était directement impliqué à la fois dans le financement des équipes de football et dans les « cérémonies de reconnaissance ».

La participation du Qatar dans le football israélien n’est que le revers de la médaille : il est également impliqué dans le football palestinien et ses équipes portent des maillots de l’émirat.

Soulignons que si le Qatar soutient la candidature de Jibril Rajoub à la présidence de l’Autorité palestinienne, l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis lui préfèrent Muhammad Dahlan, ancien chef de la Sécurité préventive à Gaza après la signature des accords d’Oslo.

Ces pays, ainsi que la Jordanie, critiquent violemment Rajoub pour avoir préféré voter la réélection de Sepp Blatter à la présidence de la FIFA, plutôt qu’en faveur du candidat jordanien, le prince Ali. D’ailleurs, les Jordaniens sont furieux contre Rajoub et menacent de lui retirer sa citoyenneté jordanienne.

Nous devons éviter que le soutien du Qatar à Rajoub pour succéder à Abbas ne renforce le Hamas, voire la présence des Frères musulmans en Cisjordanie.

Pinhas Inbari


Pour citer cet article :

Pinhas Inbari, « Le Football, l’Islam et le Qatar », Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/le-football-lislam-et-le-qatar/