Le bras long du Mossad et les yeux d’Argus du Shin Beit

Freddy Eytan

Dans le monde impénétrable et obscur de l’espionnage, les services israéliens du renseignement sont connus pour la qualité de leurs informations, pour l’ingéniosité et l’audace de leurs opérations, et par les coups spectaculaires à travers le monde. Nuit et jour, le Shin Beit veille à assurer la sécurité nationale et déjoue des attentats, tandis que le Mossad pourchasse les espions et les terroristes à travers les océans et les continents.

La dernière arrestation en Iran de celui qui prévoyait de tuer un homme d’affaires israélien à Chypre, prouve que les James Bond israéliens sont bien implantés au sein du régime des ayatollahs. Ils ont réussi dans un pays ennemi et en temps réel, à arrêter le tueur à gages, enquêter toute la planification de l’attentat, et surtout obtenir des renseignements et des noms sur des complices étrangers et sur des commanditaires installaient dans le QG des Gardiens de la révolution islamique. La diffusion de la vidéo d’aveu est effectivement un acte rare du Mossad. Il adresse au régime iranien et particulièrement aux chefs des Pasdarans un message clair, sans aucune équivoque : « Vous êtes tous dans notre collimateur. »   

En avril 2018, le Mossad avait déjà prouvé ses capacités extraordinaires lors de la prise spectaculaire des archives du projet nucléaire iranien. Désormais, il dispose une connaissance approfondie des méthodes et des mécanismes qui lui permet non seulement de planifier les opérations mais de les mettre en exécution sur le terrain.   La finesse pratique, la malice, les outils sophistiqués et les astuces lui permette également à échapper à des arrestations par différentes voies, tout en épargnant des vies humaines.

Benyamin Netanyahou, David Barnea

Benjamin Nétanyahou et le chef du Mossad David Barnea (Kobi Gideon/GPO)

Les risques seront toujours calculés, les plans vérifiés au peigne fin. Parfois des opérations tournent au drame et échouent comme celle de 1997 en Jordanie, lors de l’empoisonnement à feux doux du chef du Hamas Khaled Mashal.

Cependant, depuis l’attaque de 2012 contre des touristes israéliens à Bourgas, Bulgarie, l’Iran a échoué dans toutes ses tentatives d’attaquer des Israéliens.  L’expansion du terrorisme du régime iranien a débuté en 1992 lors des attentats à Buenos Aires perpétrés en 1992 contre l’ambassade d’Israël et en 1994 contre le siège de la communauté juive d’Argentine.

Benyamin Netanyahou, Ronen Bar

Benjamin Nétanyahou et le chef du Shin Beit Ronen Bar (Kobi Gideon/GPO)

Depuis, le Mossad a déjoué des dizaines autres attentats dans le monde notamment à Istanbul, siège du Hamas et des Frères musulmans.

Les méthodes du Mossad différent toujours selon l’importance de la cible et le pays d’accueil. Chaque opération est minutieusement étudiée et obtient préalablement l’aval du Premier ministre.

Au-delà des opérations ponctuelles, le Mossad collabore aussi avec des services étrangers et échange des informations précieuses. Il est regrettable que sur le projet nucléaire iranien comme pour le combat contre le terrorisme islamiste en Europe, nous n’avons pas entendu de la part des chefs d’Etats ou des ministres une seule allusion sur le fait qu’Israël demeure le seul pays vigilant et actif contre l’Etat voyou, ni non plus, qu’il sauva souvent de nombreuses vie humaines européennes, en temps réel. En revanche, nous entendons de leur part que des critiques et des condamnations.

Au moment où l’administration Biden et l’Union européenne s’apprêtent à négocier avec l’Iran un nouvel accord nucléaire, elles devraient avant tout consulter les informations alarmantes obtenues par le Mossad et les services du renseignement de Tsahal. La France, le Royaume Uni et d’autres pays devront aussi mettre sur une liste noire tous les chefs sanguinaires des Gardiens de la révolution et du Hezbollah, tous ceux qui considèrent que les Israéliens et les Juifs de la diaspora sont des cibles prioritaires.

Quant au Shin Beit, son devoir est d’assurer la sécurité du territoire national mais surtout déjouer des attentats et pourchasser des terroristes. Dans les années 1950, la présence massive d’Arabes israéliens assimilés dans la société et parlant l’hébreu était considérée comme un véritable cheval de Troie. Dans les agglomérations à forte population arabe on avait imposé un régime militaire et des restrictions dans la liberté de circulation. D’autre part, les services du contre-espionnage ont réussi à démasquer plusieurs agents recrutés par les pays arabes et à dévoiler des espions du KGB soviétique.

Aujourd’hui, avec ses yeux d’Argus, le Shin Beit est devenu une institution modernisée par une haute technologie de pointe capable de contrôler tout ce qui bouge…Il focalise ses activités sur le combat contre les réseaux terroristes palestiniens et islamistes ainsi que sur les tentatives de recrutement d’espions par l’Iran et ses milices. Depuis l’assassinat d’Itzhak Rabin, le Shin Beit a multiplié le nombre de ses agents pour assurer la sécurité du chef du gouvernement et de certains ministres ainsi que les ambassades israéliennes à l’étranger.

Face à la nouvelle vague de manifestations contre la coalition actuelle ainsi contre les menaces inquiétantes contre la famille Nétanyahou, il redouble de vigilance devant la montée en puissance des extrémistes de tous bords.

Les belles performances du Shin Beit, le bras fort et long du Mossad et la qualité de leurs informations sont un atout stratégique considérable pour l’Etat juif. Il pèse fortement dans les relations internationales et plus que jamais dans la normalisation diplomatique avec des pays arabo-musulmans telle que l’Arabie saoudite.