L’avenir du traité de paix avec l’Egypte
*L’établissement d’un traité de paix entre Israël et l’Egypte constituait un changement considérable et novateur dans les esprits de toute la communauté internationale et en particulier dans les relations entre les Etats du Proche-Orient. Il s’agissait bien d’un changement révolutionnaire dans le concept même des relations politiques, économiques, et sociales dans cette région du monde. Elles ont jeté les bases aux futurs processus de paix entamés plus tard entre Israël et les autres voisins arabes.
*Dans l’article III du Traité de paix, l’Egypte et Israël s’engagent: “à veiller à ce que les actes ou les menaces de belligérance, d’hostilité, ou de violence n’émanent pas de son territoire ou ne soient pas commis de l’intérieur de celui-ci, ou par toutes autres forces stationnant sur son territoire, contre la population, les citoyens ou les biens de l’autre partie”.
*Ainsi les deux Etats se trouvent dans l’obligation d’empêcher l’utilisation de leur territoire pour perpétrer des actes de violence. Dans le contexte actuel des activités terroristes dans la péninsule du Sinaï renforcées par des organisations telles que le Hamas, le jihad islamique ou Al Qaïda, l’Egypte devrait avoir toute la responsabilité souveraine et l’obligation d’agir afin de contrer toute activité terroriste qui pourrait constituer une menace contre Israël.
*La semi-démilitarisation du Sinaï, alors jugée nécessaire et convenue en 1979 par les deux parties, n’a pas eu manifestement la possibilité de visualiser la possibilité que trois décennies plus tard, la péninsule se transformait en plaque tournante et refuge de contrebandes d’armes et d’infrastructures terroristes.
Ainsi, afin de faire face à de telles éventualités, le Traité permet à divers mécanismes de gérer ces situations menaçantes sur une base ad-hoc et donc il n’était pas nécessaire d’entamer des modifications formelles du Traité de paix lui-même. De ce fait, soulignons que tout changement au niveau du dispositif des forces de l’armée égyptienne stationnées dans le Sinaï qui ne parviendra pas sans l’accord d’Israël constituerait une violation flagrante du traité.
*Dans ce nouveau contexte, la préservation intégrale du Traité de paix, pose un défi et pourrait être un sérieux test pour l’Egypte et sa capacité de prouver au monde qu’en dépit d’un profond changement politique son propre intérêt est de protéger et de préserver l’intégrité des relations de paix avec Israël.
*La victoire des Frères musulmans et ses répercussions qui en découlent sur les domaines politiques, sociaux, économiques, religieux, et le statut de son leadership dans un Moyen-Orient en ébullition, ainsi que son influence sur l’armée égyptienne, posent un grand dilemme pour la communauté internationale et pour tous les pays voisins.
*Le maintien de l’intégrité des relations Egypto-israéliennes, basée sur le Traité de paix signé 33 ans auparavant a servi les intérêts stratégiques des deux pays ainsi que ceux de la communauté internationale. Cependant, les changements intervenus suite à la chute du régime Moubarak ont bafoué le facteur initial du Sinaï, sa semi-militarisation et son caractère de zone tampon. La péninsule a cédé la place à des réseaux terroristes et à l’industrie de contrebande soutenue par des tribus bédouines en coordination avec divers groupes dont le Hamas. Cette zone proche de la frontière avec la bande de Gaza et Israël s’est transformée en une arène anarchique et forme une grave menace pour la paix entre l’Egypte et l’Etat juif.
Voilà déjà plus de trente ans que dans un Moyen-Orient en turbulence constante, lourd de changements incessants, de tension et de surprise, il existait quand même un “îlot ” de stabilité relative, celui des relations pacifiques entre l’Egypte et Israël. Cette stabilité a été le fruit de fondations très solides et logiques qui ont évolué à la suite de plusieurs facteurs, à la fois pratiques, psychologiques, et symboliques. Ces facteurs comprennent:
*Une période initiale de belligérance et d’hostilité entre les deux pays et leurs populations (1948-1949)
*Une période d’armistice, accompagnée par des actes de terrorisme contre les villages israéliens situés à la frontière, connus sous le nom de Fédayins. Les représailles qui ont suivi (1949-67) et un boycott arabe dirigé par l’Egypte.
*La reprise des hostilités et l’occupation du Sinaï par Israël (1956-1957 et 1967)
*Un mouvement de réconciliation avec l’accord intérimaire de 1975 mettant fin à l’état de belligérance.
*Les négociations de Camp David en 1978, les Accords et la signature du Traité de paix en mars 1979 proclamant l’établissement d’une paix pleine et entière et notamment des relations diplomatiques et commerciales.
*Une série d’accords de “normalisation” signés entre 1979 et 1983, l’approfondissement des relations civiles entre les deux pays dans des domaines tels que le commerce, l’aviation, les relations culturelles, la coopération agricole, la coopération douanière, le tourisme etc.
*Un processus continu mais à un bas niveau de la poursuite des relations pacifiques entre les deux pays.
*A la lumière des récents développements en Egypte et dans la péninsule du Sinaï, il est naturel qu’une certaine inquiétude se propage quant à l’avenir des relations avec le Caire et cette préoccupation légitime découle de considérations multiples:
*La nature, la composition et la base idéologique de la nouvelle administration égyptienne dirigée par la confrérie des Frères musulmans dont certains de ses dirigeants et ses porte-parole ont appelé à une révision ou même à l’abolition du traité de paix avec Israël et à une reconsidération des alliances égyptiennes.
*L’absence de contrôle efficace de sécurité par l’armée égyptienne dans le Sinaï a permis une situation intenable d’activité terroriste sans précédent. Les terroristes affiliés à Al Qaïda avec le plus grand réseau “djihadiste mondial” ont pénétré dans cette zone en exploitant la négligence constante du gouvernement locale et ont ainsi enflammé les sentiments et les esprits de la population contre l’Etat juif.
*Les paramètres juridiques fondamentaux et permanents guidant l’Egypte et Israël dans leur relation sont indiqués clairement dans le Traité de paix.
En conclusion, le fait qu’une génération d’Egyptiens et d’Israéliens ont grandi sans la menace de guerre, de la violence ou du terrorisme et ont vécu dans un environnement pacifique entre les deux pays, et dans le cadre de l’application d’un Traité de paix, sont deux facteurs principaux qui doivent logiquement nous guider au-delà des implications politiques, des émotions momentanées et des caprices passagers.
Voir l’intégralité de l’article et ses références dans le site anglais du JCPA-CAPE.