L’attaque ciblée sur le Golan et le faux débat
La dernière attaque attribuée à Israël sur le Golan suscite dans la presse et au sein de la classe politique un faux débat. Il est regrettable, voire révoltant, que certains journalistes et observateurs cyniques critiquent une décision grave en évoquant avec mépris, et sans scrupule, un coup médiatique de relation publique. Ils accusent Netanyahou d’avoir lancé l’attaque pour renforcer son image dans la campagne électorale et ainsi détourner les inquiétudes des Israéliens concernant les questions économiques et sociales.
Il ne s’agit rien d’autre que d’un mensonge grossier de la part d’une certaine presse qui ne cesse de critiquer systématiquement, coûte que coûte, ce gouvernement, en particulier son Premier ministre. Comment croire qu’une décision aussi grave pourrait-être prise à la légère ? Comment imaginer que le chef d’état-major et des officiers supérieurs de Tsahal ont dit « amen » à « un acte irresponsable, suicidaire » ? Sont-ils si naïfs ? Comment penser que Moshé Yaalon, ancien chef d’état-major, ait accepté de lancer une opération sans en vérifier sérieusement les conséquences ? Comment croire que « nos généraux » se lancent dans des aventures militaires, risquant l’escalade, la reprise des hostilités et en mettant en danger leurs compatriotes ? C’est absurde, insensé et inimaginable !
De prétentieux et culotés journalistes exigent d’ores et déjà une commission d’enquête. Ont-ils assisté aux consultations préliminaires ? Ont-ils été dans le secret ? Sur le terrain de l’opération ? Ne jouent-ils pas avec le feu dans une situation si explosive ? Ne portent-ils pas préjudice en causant du tort à Tsahal ? Le minimum pour un journaliste n’est-il pas d’avoir une conduite sérieuse dans les commentaires et analyses, et surtout une honnêteté intellectuelle et une responsabilité élémentaire ?
Certes, la critique est souhaitable et légitime dans un pays démocratique mais quand on apprend qu’un général iranien a été tué lors de cette attaque, et avec lui une dizaine de combattants du Hezbollah et des officiers iraniens, pourquoi ne pas poser la vraie question ? Qu’ont-ils fait ces militaires chiites sur le plateau du Golan, à quelques centaines de mètres de notre frontière, de nos foyers ? Ont-ils contemplé le magnifique panorama ? Cueillaient-ils des marguerites ? Des coquelicots ?
Rares sont les pays qui possèdent une haute technologie sophistiquée et des services de Renseignement aussi efficaces que ceux dont dispose l’Etat d’Israël. Mais pour mener une attaque aussi complexe il faut aussi être capable d’audace et d’assurance pour contrer des représailles et éviter des conséquences politiques dramatiques. Soulignons qu’aucun gouvernement occidental n’a osé condamner Israël ; les seules condamnations ont été émises par l’Iran et le Hezbollah, et les critiques proviennent uniquement de la presse israélienne et de l’opposition.
Le débat sur la dernière attaque est faux et hypocrite car il ne pose pas les questions sur les véritables enjeux de la région, et il ne reflète pas la terrible et dangereuse réalité sur le terrain. Les Gardiens de la Révolution iranienne ne sont pas des enfants de chœur. Les Pasdarans sont des terroristes sanguinaires qui financent, commandent et sèment la terreur dans notre région, en Syrie, dans la bande de Gaza, dans le Sinaï, mais aussi en Afrique et en Amérique latine. Souvenons-nous des attentats à Buenos-Aires, Bombay ou Burgas.
Depuis 1992, Nasrallah fait la pluie et le beau temps dans le pays du Cèdre et dicte l’ordre du jour politique. Au fil des ans, il est devenu une grande vedette, la superstar de toutes les chaînes de télévision de la région, y compris celles d’Israël.
Arrogant et irresponsable, Nasrallah est un homme dangereux. Ce grand serviteur de l’Iran, focalise son combat islamique contre Israël en espérant voir un jour flotter l’étendard chiite sur les minarets des mosquées du Mont du Temple et sur tous les édifices de Jérusalem.
Nasrallah dirige une puissante milice armée chiite installée à nos frontières et il n’est sans doute pas une marionnette ! Sa mégalomanie et ses objectifs troublent, effrayent et donnent froid dans le dos !
Le Hezbollah est un satellite actif de Téhéran, une composante centrale de la dissuasion iranienne formant une stratégie offensive contre Israël. Il est considéré comme sa première ligne de défense dans le conflit général avec l’Etat juif. Des manœuvres défensives et offensives ont simulé une conquête éventuelle de certaines zones de la Haute Galilée. Des officiers iraniens des Gardiens de la Révolution ont supervisé les troupes. Le Hezbollah a aussi commencé à préparer les habitants du Sud-Liban à la possibilité d’une nouvelle guerre.
De fait, et à partir des leçons tirées de la guerre de 2006, le Hezbollah a achevé avec l’aide d’experts iraniens de nouveaux tunnels dans la zone sud du fleuve Litani. Désormais, ils sont équipés de réseaux de communication sophistiqués et des arrangements logistiques pour permettre aux combattants d’y passer de longues périodes. Des tunnels similaires ont été également construits près de la frontière syrienne. La présence d’un général iranien sur le plateau du Golan prouve que le Hezbollah et Téhéran planifient ensemble des attaques contre les habitants israéliens du Golan et de la Haute-Galilée. C’est sur cette réalité que nous devons débattre et alerter l’opinion internationale et les chancelleries, et non pas sur des aspects futiles et insignifiants de la politique politicienne.
Nous devons éviter à tout prix l’escalade et un retour à la période d’avant juin 1967, aux attentats terroristes et aux bombardements contre les villages et les kibboutz installés le long du lac de Tibériade. Pour y arriver, nous devrions prendre des mesures nécessaires et préventives. L’armée israélienne a renforcé ses effectifs. Un canal a été creusé ainsi qu’une nouvelle barrière de sécurité d’une longueur de 60 km, équipée de caméras, de radars et de points d’observation.
Le plateau du Golan a été calme durant plusieurs décennies et les pays occidentaux devraient agir avec détermination pour qu’il ne se transforme pas en plaque tournante du terrorisme international, puis devenir après un territoire dominé par les Iraniens.
Après cette dernière attaque ciblée sur le Golan, des représailles sont à prévoir également contre des ambassades israéliennes et institutions juives à l’étranger. Toutefois, la panique et la crainte sont des mauvais adages. Jérusalem a pris les mesures nécessaires. Tsahal et nos services de Renseignement demeurent toujours nos meilleurs garants.
Freddy Eytan
Cet éditorial a été repris par plusieurs médias. Il est cité dans L’Humanité du 5 février 2015.