La visite du Président Hollande à Jérusalem devant le dossier palestinien et la menace iranienne
Le Président Hollande débarque en Israël dans un contexte favorable et il sera reçu avec sa délégation avec un grand respect et tous les égards possibles. C’est bien normal et naturel car nos relations aujourd’hui avec la France sont au beau fixe dans tous les domaines et particulièrement en matière de Renseignement et de combat antiterroriste. Nous partageons les mêmes valeurs démocratiques et universelles, renforcées par une fidèle et vivace communauté juive en France et une présence française et francophone importante en Israël. Cette visite renforcera sans doute ces liens au moment même où la France socialiste traverse une crise économique profonde et où le nombre des actes antisémites augmente.
Cependant, nous pouvons regretter que François Hollande n’ait pas choisi de visiter exclusivement Israël et de lui consacrer tout son séjour. Pourquoi irriter les Israéliens en déposant une gerbe sur la tombe d’Arafat au moment où l’Autorité palestinienne accuse Israël de l’avoir empoisonné… cela dépasse l’entendement ! Sur le dossier palestinien, la France a été depuis toujours « trop généreuse », elle a été la première en Occident à ouvrir un bureau diplomatique de l’OLP à Paris, la première à recevoir Arafat en grande pompe à l’Elysée, puis de l’hospitaliser jusqu’à sa mort… et enfin, la première à reconnaître officiellement l’Etat de Palestine – demeurant toujours un Etat virtuel – à L’ONU et dans les instances internationales sans d’ailleurs recevoir aucune concession en échange.
Nous espérons que lors de sa visite à Ramallah, le président Hollande sera aussi ferme devant Mahmoud Abbas et présentera les revendications de l’Etat juif comme étant légitimes pour faire avancer le processus de paix et qu’il ne se contentera pas de prononcer un discours classique dicté par le Quai d’Orsay. L’intransigeance de la France sur le dossier iranien devrait aussi se manifester face à l’Autorité palestinienne qui ne cesse de délégitimer l’Etat juif et refuse de mettre un terme à l’incitation à la haine. Ne s’agit-il pas en fait de faire véhiculer l’antisémitisme, d’encourager le terrorisme aveugle et les actes de violence ?
La politique de la France dans notre région n’a pas changé fondamentalement depuis le général de Gaulle mais nous constatons que sur la crise syrienne comme sur le dossier nucléaire iranien Paris adopte un profil élevé et une politique plus ferme et intransigeante que celle des pays occidentaux, notamment celle des Etats-Unis. La question qui s’impose justement : pourquoi la France agit-elle ainsi ? Et quelles sont ses réelles motivations et intentions dans un Moyen-Orient en pleine ébullition et changements géopolitiques ?
Au sujet du projet nucléaire iranien, la France a bien compris que la menace n’était pas uniquement contre Israël, la menace est réelle contre la paix et la stabilité dans le monde et favorise la prolifération nucléaire tous azimuts. Toutefois, nous constatons que la France n’est pas contre le projet nucléaire pour des fins pacifiques… A-t-elle oublié la leçon d’Osirak ? Cette centrale nucléaire Made in France construite à Bagdad et détruite par le gouvernement Begin en juin 1981, quelques semaines seulement après l’installation de François Mitterrand à L’Elysée. A l’époque, la France nous avait promis des garantis formelles mais elles furent en contradiction avec la réalité sur le terrain. Nous pouvons donc apprécier la nouvelle position française qui exige plus de gages et de garanties de la part de l’Iran avant de lever les sanctions ; toutes choses qui n’avaient pas été exigées trois décennies plus tôt de Saddam Hussein.
La France demeure toujours une puissance qui a son droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU. Elle a sans doute un rôle important à jouer pour résoudre les dossiers palestinien, syrien et iranien d’autant plus que les Etats-Unis se détachent de leurs alliés traditionnels et laissent perplexes et frustrés des pays arabes importants tels que l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats du Golfe. Après être intervenu contre le colonel Kadhafi et lancé une opération de grande envergure contre le terrorisme islamique au Mali, le moment est donc opportun pour agir intelligemment et éviter un retour en force de la Russie ou de la Chine dans notre région.
Seule une concertation sincère avec Israël pourra offrir à la France ce rôle d’influence et pourra combler le vide américain, à condition bien entendu de ne plus mener une politique hypocrite et mercantile et un double jeu avec les Palestiniens.
Freddy Eytan
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