La visite du pape et la bonne parole
Le pape Benoit XVI a été reçu en grande pompe, avec un grand respect et avec tous les égards. Les Israéliens savent parfaitement accueillir leurs invités de marque. Les autorités israéliennes ont bouleversé l’ordre du jour et ont mobilisé plus de 80 000 policiers et agents de sécurité pour pouvoir assurer la visite et éviter des incidents, des dérapages et des embouteillages monstres durant une semaine. Cette visite a coûté aux contribuables plus de 10 millions d’euros au moment ou le gouvernement Netanyahou s’efforce de freiner les coupes budgétaires.
En dépit de la controverse, des déceptions et de l’attente de discours plus chaleureux et plus émotionnels, cette visite a été une réussite et un encouragement pour l’avenir, et elle marquera longtemps l’avenir des relations judéo-chrétiennes dans un contexte d’un islam intégriste haineux et grandissant.
Le passé du pape est bien connu et sa jeunesse dans les rangs de la barbarie ne seront jamais oubliés mais nous devrions être aussi compréhensibles pour ses efforts de réconciliation et de dialogue et sa volonté sincère de combattre contre le négationnisme et l’antisémitisme. Nous ne pouvons pas non plus dicter les discours du pape et faire la comparaison avec son prédécesseur. Jean-Paul II a vécu en Pologne et a aidé des familles juives à fuir les nazis.
Le caractère est différent et il se distingue de la froideur et de la retenue d’un pape qui a été élevé et éduqué sous l’étendard germanique de l’époque. Benoit XVI manque de chaleur humaine mais n’est pas un antisémite ni un anti-israélien. Il représente plus d’un milliard de croyants. Chaque démarche, chaque pas, chaque geste et discours a été minutieusement réfléchi et calculé. Sa bonne parole est surtout adressée à ses fidèles et aux Chrétiens d’Orient qui s’évadent de la Terre sainte et s’égarent pour des raisons politiques. Il est conscient que la chasse contre ses fidèles est menée aussi par des intégristes musulmans. Benoit XVI est un chef spirituel et non pas un homme d’Etat politique.
Ses visites à Yad Vashem, au Mur des Lamentations et à la résidence du chef de l’Etat hébreu, à Jérusalem, la capitale du peuple juif contestée par les chancelleries, sont plus que symboliques, elles marquent la reconnaissance de facto de l’Etat juif, et la renaissance des fils et des filles de la Shoah sur la terre des enfants d’Israël.
Enfin, face aux menaces qui pèsent sur Israël et devant un isolement sur l’arène internationale la présence du pape à Jérusalem est réconfortante et encourageante. Elle annonce une meilleure compréhension judéo-chrétienne et elle renforce notre légitimité sur la Terre promise.