La visite de Biden en Israël est-elle opportune ?
Un président américain, démocrate ou républicain, est toujours le bienvenu en Israël. Joe Biden suit le conflit israélo-arabe depuis plusieurs décennies et se considère comme un grand ami de l’Etat Juif. Il a effectué une dizaine de voyages dans notre pays et sa dernière visite remonte à 2010. Vice-président des Etats-Unis, il fut reçu en grande pompe par Benjamin Nétanyahou…
Biden se souviendra longtemps de ce voyage. Il garde toujours rancune à Nétanyahou car il ne l’avait pas mis au courant sur la construction de nouveaux logements sur une colline de Jérusalem. Crime de lèse-majesté ! Comment oser construire au-delà de la « ligne verte » sans la permission de l’oncle Joe ? Explications en vain. Le scandale éclate. Obama et Biden exigent des explications et revendiquent l’annulation immédiate de la décision gouvernementale israélienne.
12 ans plus tard, le 13 juillet 2022, Joseph R. Biden, Jr. revient au Moyen-Orient pour renforcer l’engagement inébranlable des États-Unis envers la sécurité et la prospérité d’Israël et assister à un sommet du Conseil de coopération du Golfe avec également l’Égypte, l’Irak et la Jordanie. Il rencontrera également des homologues de la région, afin de promouvoir les intérêts des États-Unis en matière de sécurité, d’économie et de diplomatie.
Le président se rendra ensuite à Djeddah. Le voyage en Arabie saoudite renforcera la position du prince héritier, Mohamed ben Salman(MBS) et surtout le camp sunnite face au front chiite dirigé par l’Iran. Salman effectue ces jours-ci une tournée au Caire, à Amman et à Ankara. Un rapprochement de l’Arabie saoudite avec les pays arabo-musulmans joue en faveur d’une normalisation israélienne avec Ryad.
Nul ne doute, le voyage du président Biden est très important pour Israël et les alliés de l’Amérique. Toutefois, une question s’impose : la visite à Jérusalem est-elle opportune ? le temps est-il propice quand on ignore si le gouvernement Bennet-Lapid ne tombera pas avant ? Qui sera le Premier ministre qui accueillera le président américain ?
En août 2021, 10 semaines après l’installation de son gouvernement, Naftali Bennet avait rencontré Joe Biden à la Maison Blanche. Sur le dossier palestinien les divergences demeurent profondes car Bennet refuse tout contact avec Mahmoud Abbas pour renouveler le processus de paix, contrairement à la position de Lapid ou de Gantz.
Aujourd’hui, à la veille de la visite de Biden, l’administration américaine appelle Israël à éviter toute provocation susceptible d’endommager davantage les liens avec les Palestiniens. Elle s’inquiète toute particulièrement de l’initiative prise par Israël de faire avancer des plans de construction d’implantation.
Biden ne souhaite pas une répétition du scandale de 2010 mais comment souhaite-t-il faire avancer un processus de paix selon la formule de deux Etats ? Pourquoi rendre visite à Mahmoud Abbas à Bethléem en le berçant d’illusions inutiles ? Quel intérêt politique à visiter un hôpital à Jérusalem-Est ? Pourquoi rouvrir le consulat général des Etats-Unis à Jérusalem pour satisfaire les Palestiniens ? Une décision qui confirme pour eux que Jérusalem est bien divisée en deux capitales distinctes. La reconnaissance de Jérusalem par l’administration Trump avec le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv est-elle caduque ?
La politique d’apaisement du président Bident à l’égard de l’Iran et ses gestes à l’égard des Palestiniens, sans aucune perspectives concrètes, risquent d’affaiblir Israël malgré toutes les bonnes intentions américaines
Depuis la création de l’État d’Israël, les relations entre les États-Unis et l’État juif soufflent le chaud et le froid mais n’ont jamais été gelées ni coupées. Certes, il existe entre les deux pays alliés des malentendus, des frictions et des incompréhensions passagères et parfois graves, mais jamais elles n’ont abouti à la rupture ou au divorce car les intérêts politiques, diplomatiques et stratégiques sont réciproques.
Cependant, un voyage d’un président américain à Jérusalem ne doit pas être imposé, ni dicté. Le moment n’est pas propice quand l’incertitude plane partout et sur tous les plans.