La victoire d’Obama à la veille des élections israéliennes
Après l’euphorie de la victoire et la réélection d’Obama de nombreuses questions se posent sur les capacités de l’homme qui va diriger les Etats-Unis et le monde libre durant les quatre prochaines années supplémentaires. Va-t-il pouvoir juguler la crise économique et le marasme social? Arrêter net le projet nucléaire de l’Iran? Lutter contre le terrorisme aveugle et le fanatisme islamique? Chasser Bechar el Assad en mettant un terme au massacre quotidien du régime de Damas? Ou réglera t-il enfin le problème palestinien en justifiant ainsi le prix Nobel de la paix?
En jugeant le bilan des quatre dernières années à la Maison Blanche nous pouvons affirmer que la déception est bien profonde. Le Moyen-Orient s’est transformé en une poudrière islamiste, menaçante et instable justement et surtout en raison d’une absence totale d’une politique américaine cohérente et ferme dans notre région. Toutefois, les Américains et notamment une écrasante majorité de Juifs ont accordé à leur président une deuxième chance. Nous devons donc toujours espérer car la réussite d”Obama sera aussi la notre.
Aujourd’hui, nous mettons les bévues et les maladresses aux vestiaires et tournons une nouvelle page. Obama connaît parfaitement les dossiers et probablement ne fera pas les mêmes erreurs du passé en exerçant de fortes pressions sur le gouvernement israélien et en exigeant un nouveau gel des implantations et notamment la construction de logements à Jérusalem. Pour reprendre le processus de paix avec les Palestiniens il ne devrait y avoir aucune condition préalable et Obama ne devrait surtout pas lier tout progrès dans les négociations avec le projet nucléaire iranien.
Les Etats-Unis comme l’Europe ont le devoir politique et moral d’éviter à tout prix une démarche palestinienne pour obtenir une reconnaissance de membre non-étatique au sein de l’ONU. Cette démarche est contreproductive et une violation flagrante des accords signés avec les Palestiniens dont Américains et Européens sont cosignataires. La Pax americana est certes souhaitable sous plusieurs conditions mais elle devrait être appliquée prudemment et avec réciprocité.
Les sanctions imposées par la communauté internationale sont sévères mais n’ont pas été très dissuasives puisque l’Iran poursuit sans relâche son programme atomique. Une reprise du dialogue avec Téhéran sans un arrêt préalable et immédiat du projet nucléaire prouvera de la part des Etats-Unis naïveté et faiblesse. Il est clair que Téhéran ne changera pas fondamentalement sa politique expansionniste et n’abandonnera jamais son arsenal atomique, cheval de bataille et fierté du peuple iranien. L’Iran pourra peut-être changer à court terme de tactique pour alléger le fardeau des sanctions, mais sa stratégie sera toujours la même, à savoir la “destruction de l’Etat sioniste” et l’exportation de la révolution chiite par des satellites tel que le Hezbollah au Liban.
Certes, il existe entre Israël et les Etats-Unis des malentendus, des frictions parfois graves et l’attitude du gouvernement Netanyahou a été parfois ambiguë, mais les relations n’ont jamais abouti à la rupture ou au divorce car les intérêts politiques, diplomatiques, et stratégiques entre les deux pays amis sont réciproques. Washington et Jérusalem partagent les mêmes valeurs démocratiques et universelles. Un affaiblissement de l’Etat juif et de son leadership agissent contre les intérêts des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Dans ce contexte, le Premier ministre israélien se trouve dans l’obligation de s’entendre avec le président Obama sur la marche à suivre. La rencontre de Netanyahou avec l’ambassadeur américain en Israël quelques heures seulement après l’annonce de la victoire d’Obama prouve que la page est tournée et que la sagesse, le pragmatisme et la raison d’Etat l’emportent sur les divergences personnelles qui d’ailleurs sont toujours fort exagérées par l’opposition et la presse. Enfin, Obama et ses conseillers ne devraient pas non plus “intervenir” pour influer sur le résultat des élections israéliennes… Attendons et respectons le verdict du peuple, seul maître du pays, le 22 janvier prochain.