La Syrie après Assad
Jonathan D. Halevi.
- Le jour de vérité approche car le régime de Bechar el Assad a déjà perdu le contrôle sur une grande partie du pays. Le vice Président syrien, Farouk el-Shara, confirme dans une interview au journal libanais al-Akhbar que l’armée syrienne ne sera pas capable de gagner la confrontation actuelle.
- Le régime de Bachar el Assad cherche à transférer des forces fidèles au pouvoir avec leurs armes et notamment chimiques vers l’enclave alaouite située à l’ouest du pays. Ils serviraient de carte politique pour dissuader des actes de vengeance et assurer le statut de la communauté alaouite dans un cadre futur.
- Les Etats-Unis et les autres pays occidentaux ont certes reconnu la coalition nationale syrienne comme seul et unique représentant du peuple syrien, mais les rebelles l’accepteront uniquement comme acteur temporaire pouvant mobiliser le soutien international et compléter l’effort de renverser le régime.
- En réalité, les forces dominantes en Syrie sont des cadres militaires opposés au régime de Bechar el Assad depuis mars 2011. La majorité écrasante a adopté une perspective islamiste djiadiste et salafiste.
- Le soutien total des forces combattantes et notamment la branche Jahbat al-Nousra, affiliée à Al Qaïda, indique cette orientation islamiste antioccidentale.
La période de transition sera marquée par une instabilité gouvernementale et par un manque de contrôle central sur une partie des forces combattantes.
Dans ce contexte, la chute du régime de Bechar el Assad deviendrait une menace militaro-terroriste contre Israël.
Le régime syrien a perdu définitivement sa légitimité à gouverner, et pourra survivre pour une période supplémentaire en utilisant sa puissance de feu destinée à infliger un grand nombre de victimes parmi les rebelles et au sein de la population civile.
L’armée syrienne a utilisé tous les moyens militaires et tout son arsenal à l’exception des armes chimiques. Les fortes mises en garde des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux ont eu sans doute un effet dissuasif.
La majorité des forces rebelles est hostile à Israël et réitère son appel à étendre le djihad jusqu’à la “libération de Jérusalem”.
La chute de Bechar el Assad, allié proche de Téhéran, sera un coup dur pour les intérêts de l’Iran au Moyen-Orient et pourrait provoquer une onde de choc qui affaiblirait l’influence de l’Iran dans toute la région.
Cela concerne particulièrement le Liban, où les forces sunnites islamistes sont déjà organisées pour le jour d’après, et pour modifier l’équilibre politique et militaire et affaiblir la dominance du Hezbollah. L’effondrement de l’arrière pays syrien déclenchera probablement des affrontements violents qui pourraient dégénérer en une nouvelle guerre civile.
En Irak, devenue sous domination iranienne croissante après le retrait des forces américaines du pays, les sunnites se tourneront probablement vers leurs alliés syriens en vue de renouveler leur campagne contre le gouvernement shiite à Bagdad.
A l’heure actuelle les forces rebelles accusent l’Iran, la Russie, et la Chine de sauvegarder le régime de Bechar el Assad. La Russie a un intérêt majeur dans le maintien de son influence en Syrie, et jouera probablement un rôle important pour frayer un chemin vers les rebelles aussi. En dépit des tensions idéologiques, les Frères musulmans attribuent une importance stratégique suprême aux relations avec l’Iran malgré les massacres perpétrés quotidiennement. L’objectif est de contrer l’influence occidentale au Moyen-Orient et de former un front commun contre l’Etat juif.