La « solution à deux Etats » : une formule sans fondement

Alan Baker

Depuis l’avènement du président Joe Biden en janvier 2021, les principaux responsables de l’administration américaine ont préconisé à plusieurs reprises la « solution à deux États » comme seul moyen de résoudre le conflit israélo-palestinien.

Immédiatement après sa prise de fonction, le Secrétaire d’Etat, Antony Blinken, avait affirmait que le président Biden soutenait fermement la solution à deux États. Le 8 février 2021, lors d’une interview sur le plateau de CNN, Blinken précise : « C’est le seul moyen d’assurer l’avenir d’Israël en tant qu’État juif et démocratique, et le seul moyen de donner aux Palestiniens un État auquel ils ont droit ».

Au fil des ans, la formule « solution à deux États » est devenu, en réalité, un slogan, des paroles en l’air, de la part des dirigeants de la communauté internationale, souvent en raison du « politiquement correct. »  

Ce rabâchage donne une fausse impression, comme si, cette formule en soi, pouvait résoudre automatiquement le conflit israélo-palestinien qui dure et endure depuis plus d’un siècle. Il indique un manque de compréhension à sa signification et à son évolution historique dans le contexte du différend israélo-palestinien.

UN

(UN Photo)

Il est clair que cette formule magique ne pourrait se concrétiser sans la prise en compte des réalités inhérentes entre Israéliens et Palestiniens. Avant que les deux parties et la communauté internationale l’acceptent, il va de soi que certaines conditions de base devraient être respectées :

  • Un État palestinien devrait être politiquement et économiquement stable. Il ne peut devenir un tremplin aux terroristes de tous bords et ainsi constituer une menace pour la sécurité d’Israël.
  • Un État palestinien devrait être démilitarisé et limité dans ses capacités militaires et sécuritaires et dans ses autres prérogatives souveraines.
  • Un tel État devrait être fondé sur des principes démocratiques, de liberté et de bonne gouvernance et serait dans l’obligation de prévenir et de combattre le fléau du terrorisme et l’incitation à la haine.
  • Une direction palestinienne unifiée doit pouvoir parler au nom de tout le peuple palestinien et être capable de prendre et de respecter ses engagements. A l’heure actuelle, cette situation n’existe pas en raison de la séparation des pouvoirs, et des divergences profondes entre les dirigeants palestiniens de Cisjordanie et ceux du Hamas dans la bande de Gaza.
  • Un État palestinien devra s’engager à fournir des garanties juridiques, politiques et sécuritaires solides. Il ne pourra abuser ses prérogatives souveraines et sa position internationale afin de violer ou de saper les accords.
  • Les problèmes intrinsèquement bilatéraux tels que les frontières, Jérusalem, les réfugiés, les colonies, l’eau, etc., ne seront résolus que par des négociations directes et non par des résolutions politiques partisanes ou des déclarations politiques émanant de chefs d’Etats et de gouvernements, de l’ONU ou de toute autre organisme.
  • Un tel État doit reconnaître Israël comme l’État-nation du peuple juif, de la même manière qu’Israël reconnaîtrait un État palestinien comme l’État-nation du peuple palestinien.
George W. Bush, Ariel Sharon, 2004

George W. Bush, Ariel Sharon, 2004 (White House Archives)

En conclusion, la vision d’une « solution à deux États » devrait donc tenir en compte toutes les questions sérieuses et authentiques découlant du long différend entre les parties. Elle doit reposer sur l’acceptation du principe que toute solution sur le conflit ne peut être imposée et ne peut être obtenue que par des négociations sincères entre les parties concernées.

Voir l’intégralité de l’article sur le site du JCPA-CAPE en anglais

https://jcpa.org/article/what-does-the-return-of-the-two-state-solution-mean/