La Russie de Poutine alimente la guerre en Syrie – le dilemme du gouvernement Netanyahou

freddy_eytanLa dernière rencontre de Benjamin Netanyahou avec Vladimir Poutine n’a pas réussi à dissiper les graves préoccupations israéliennes et il semble que la Russie soit déterminée à poursuivre ses livraisons d’armes sophistiquées à la Syrie et à soutenir, coûte que coûte, le régime de Bachar el-Assad.

Depuis la « Guerre Froide », la politique étrangère du Kremlin n’a pas vraiment évolué. L’ex-Union soviétique possède l’art de faire monter les enchères et de raviver la tension dans le monde, mais à ce jour, elle n’a pas disposé de moyens opérationnels pour mettre un terme aux crises régionales ou faire progresser un processus de paix équitable. Rappelons pour mémoire les conflits armés dans notre région : la campagne de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre du Kippour de 1973, les invasions américaines en Irak, et les célèbres discours belliqueux des chefs du Kremlin brandissant sempiternellement l’arme nucléaire.

Les Russes menacent à chaque fois d’intervenir directement mais reculent devant les complications éventuelles d’un conflit armé et se replient toujours face à l’intransigeance de certains présidents américains, tels que J.F. Kennedy, Richard Nixon ou Ronald Reagan.

Dans les discussions diplomatiques et même lors des débats universitaires, les soviétologues ne seront jamais unanimes sur les réelles intentions du Politburo. En réalité, à l’intérieur des murailles du Kremlin, Poutine, comme ses prédécesseurs, laisse planer le mystère et demeure une véritable énigme.

A l’évidence, la crise syrienne n’est plus un conflit local ! Elle s’est transformée au fil des dernières semaines en une confrontation planétaire qui rappelle la « Guerre Froide » entre les deux superpuissances. L’échec de la Russie de ne pouvoir intervenir dans la chute de Kadhafi en Libye a été cuisant et humiliant pour Poutine. Les opérations de l’OTAN, en particulier celles de la France, ne pourront plus se reproduire avec Assad en Syrie. Ce pays est le dernier bastion des Russes dans notre région et Moscou considère le régime laïc d’Assad comme un allié précieux et un Etat stratégique face à la montée en puissance des Islamistes dans le monde arabe et les tentatives hégémoniques de l’Iran. Toute l’armée syrienne est équipée de matériel soviétique et dans la ville côtière de Tartous, les Russes abritent une importante base navale. Les deux pays sont liés par 6 milliards de dollars de contrats d’armements signés ces dernières années, et la Russie qui a perdu plusieurs contrats au profit des fabuleux accords signés avec les Américains tient à maintenir la livraison de ces nouvelles armes pour des raisons à la fois économiques et géostratégiques. Contrairement à l’avis des Occidentaux et d’Israël, ces armes sont qualifiées par le Kremlin de défensives, destinées à protéger des sites stratégiques en Syrie et à éviter toute intervention étrangère.

Toutes les démarches du gouvernement israélien pour annuler la vente de ces armes dangereuses, notamment des missiles de croisière supersonique ainsi que des missiles antiaériens, ont été hélas vouées à l’échec. Pourtant, nos relations bilatérales avec la Russie sont au beau fixe, et la visite officielle de Poutine en juin 2012 en Israël fut apparemment une grande réussite.

Dans la lignée de sa conduite intransigeante, nous constatons que Moscou persiste et signe, alimente ainsi la guerre en Syrie et risque considérablement d’enflammer toute la région.

Devant la faiblesse de l’administration Obama et l’impuissance des Occidentaux à intervenir sur le terrain ou instaurer une zone d’interdiction de survol depuis des navires en mer, l’Etat juif est placé devant un grand dilemme, se trouvant dans l’obligation de poursuivre à la fois ses démarches diplomatiques mais surtout devant se défendre par tous les moyens possibles dont dispose Tsahal. Il s’agit effectivement de lignes rouges que les Russes ne devraient pas franchir. Nous devons à tout prix contrer l’utilisation de ces nouvelles armes russes par le régime d’Assad, par le Hezbollah iranien ou toute autre organisation terroriste.

Les dangers sont donc existentiels et les derniers raids en territoire syrien prouvent que le gouvernement Netanyahou est déterminé à protéger ses citoyens même au risque d’un affrontement involontaire avec la Russie de Poutine.

Freddy Eytan

Retrouvez cet article sur Terre d’Israël, Desinfos.com , pn5-news et sur Europe Israël.

Retrouvez-le également dans l’édition francophone du journal canadien The Métropolitain.