La reprise des négociations de la dernière chance
Après de longues tractations, de valses diplomatiques et des hésitations, Israël et l’Autorité palestinienne reprennent le dialogue direct pour tenter d’aboutir à un accord de paix. Ces négociations se présentent sans enthousiasme et dans l’indifférence mais sont aussi celles de la dernière chance. La mission est difficile voire impossible, mais pour certains l’espoir renaît enfin dans cette région du monde. Saisissons donc cette nouvelle occasion. Israël doit sortir de son isolement et dire toujours oui à la paix.
Toutes les tentatives des dirigeants palestiniens de boycotter le gouvernement Netanyahou et délégitimer l’Etat juif ont bien échoué. Aujourd’hui, suite à de fortes pressions et d’arguments épuisés, les dirigeants palestiniens acceptent bizarrement de s’asseoir à la table des négociations “sans conditions préalables”.
Contrairement aux différents processus de paix que nous avons connu depuis la Conférence de Madrid en 1991, en passant par le processus d’Oslo en 1993, celui de Camp David et de Taba en l’an 2000, ou celui d’Annapolis en 2007, ce nouveau processus est complexe et compliqué à résoudre car la donne géopolitique a changé profondément, plusieurs acteurs s’en mêlent et jouent des rôles d’intérêts opposés.
Les Palestiniens sont divisés en deux entités rivales et a priori inconciliables: le Fatah à Ramallah et le Hamas à Gaza. Le chef de l’Autorité palestinienne est affaibli et incapable de prendre des décisions cruciales sans l’approbation de son entourage, de ses adversaires, et de la Ligue arabe. Quant au Hamas, il sabotera tous les processus de paix en cours et refusera tout compromis.
Le Quartette, (les Etats-Unis, la Russie, l’Union européenne et l’ONU), formé en 2002, juste après la seconde Intifada, n’a pas changé d’objectif, et souhaite sans succès appliquer la formule magique: ” Territoires contre la paix”.
La fameuse “Feuille” adoptée en avril 2003 n’a jamais été mise en route. Sa première phase: “éradiquer tout d’abord le terrorisme” a été bafouée notamment par Israël, qui s’est désengagé unilatéralement de la bande de Gaza en août 2005. Les Palestiniens n’ont fait aucune concession depuis, bien au contraire, ils ont radicalisé leurs revendications et ils exigent avec force un retrait total de tous les territoires dont Jérusalem-Est, et le retour de tous les réfugiés de la diaspora. En dépit de cette position intransigeante, le Quartette soutient à tout prix le droit des Palestiniens à un Etat indépendant et le retrait israélien de tous les Territoires. Les pays donateurs et particulièrement l’Union européenne ont versé dans les caisses de l’Autorité palestinienne, plus de trois milliards d’euros sans voir un véritable changement. Le dernier versement de 40 millions d’euros a été transféré le 17 juillet dernier. Où sont donc passé ces sommes fabuleuses des pays donateurs et qu’a-t-il fait Mahmoud Abbas avec tout cet argent? A-t-il allégé la détresse de son peuple en Cisjordanie ou à Gaza? Est-il prêt à gérer un Etat démocratique et démilitarisé, ou souhaite t-il le statuquo et poursuivre la lutte armée dans l’attente de libérer toute la Palestine?! Va-t-il une nouvelle fois rater le rendez-vous de l’Histoire?
Le gouvernement Netanyahou souhaite négocier sur tous les sujets sans conditions préalables. C’est un immense challenge. Le mois prochain, le moratoire sur le gel des implantations va expirer, sera-t-il renouvelé malgré les promesses de poursuivre les constructions?
Jusqu’à ce jour, Netanyahou n’a pas présenté un nouveau plan de paix. Il se montre optimiste et capable d’aboutir à un traité de paix d’ici un an. A-t-il la capacité ou se berce t-il d’illusions? Pour pouvoir négocier avec les Palestiniens, il doit être en position de force, discuter avec conviction et avoir le soutien de sa coalition et être plébiscité par son peuple. Avant d’entamer des pourparlers, le président Obama devrait offrir des garanties écrites sur la sécurité d’Israel au moment ou la menace iranienne est omniprésente et le front Est s’écroule et abandonné aux terroristes chiites; ils relèvent la tête après le retrait des forces américaines d’Irak.
Jérusalem a le devoir d’exiger des garanties préalables pour pouvoir se doter de frontières défendables. Chaque retrait partiel devrait suivre en contrepartie des concessions palestiniennes. La réciprocité est primordiale. Nous devons refuser catégoriquement tout retrait aux lignes d’armistice de 1949, le partage de Jérusalem en deux capitales, et le retour massif de la diaspora palestinienne. Sans ces conditions précises aucun traité de paix avec les Palestiniens ne sera possible. Le Quartette et en premier chef, Barack Obama devraient le savoir avant de relancer le dialogue. Depuis les accords d’Oslo signés à Washington, les Israéliens ont été fortement déçus, ils ont raz- le-bol des promesses et des cérémonies célébrées en grande pompe, et ils savent que la réalité sur le terrain est tout autre que dans les salons de la Maison Blanche.