La réplique du Premier ministre Nétanyahou au président Obama

« Le Moyen-Orient est en pleine tourmente, dans une grande violence, une grande instabilité. Mais au milieu de ces turbulences, le lien particulier entre Israël et les Etats-Unis est l’ancre essentielle de stabilité. Je ne parle pas juste d’une ancre essentielle, je pense qu’il constitue l’ancre essentielle, et je tiens à remercier le président Obama pour son engagement en faveur de notre alliance forte. Il a déclaré à plusieurs reprises qu’Israël devait avoir le droit de se défendre par lui-même contre toutes les menaces. Je pense que c’est une déclaration très importante. […]

Je veux que vous sachiez que nous pouvons avoir des perspectives différentes. […] Si nous adoptons les points de vue différents d’une superpuissance et d’une puissance régionale, la plupart du temps et sur la plupart des sujets, nous voyons les choses de la même façon car nous partageons des valeurs communes, que nous sommes ancrés dans des sociétés profondément démocratiques et qu’il existe un lien spécial entre le peuple d’Israël et le peuple des Etats-Unis. Parfois nous différons car nous avons des points de vue divergents. Mais nous partageons toujours notre point de vue honnêtement, sincèrement et respectueusement. C’est ce que font les bons amis et c’est ce que nous allons continuer à faire. […]

J’ai dit que le Moyen-Orient vivait un moment sans précédent de violence et d’instabilité. Au milieu de toutes les incertitudes, une chose est apparue clairement : le conflit israélo-palestinien n’est pas la source des problèmes de la région. […] La tragédie syrienne, le terrorisme en Irak, le programme d’armes nucléaires en Iran, l’instabilité en Afrique du Nord, le conflit entre chiites et sunnites, le fléau de l’islamisme radical violent… aucun d’entre eux ne s’enracine dans notre conflit avec les Palestiniens.

Cela ne signifie pas que la paix avec les Palestiniens ne soit pas importante. Elle est vitale ; d’abord et avant tout pour Israël et les Palestiniens. Parvenir à une paix véritable et durable entre nous est un objectif stratégique de l’Etat d’Israël et de mon gouvernement. J’ai pris des décisions difficiles pour la poursuite des négociations de paix. Je suis prêt à prendre des décisions encore plus difficiles pour parvenir à la paix.

J’espère que le président Abbas y est également disposé, car la paix ne peut être que dans les deux sens. Je suis prêt à un compromis historique qui mette fin, une fois pour toutes, au conflit entre nous. Ma volonté de conclure la paix brise un deuxième mythe persistant : la paix nous a échappé car Israël n’est pas assez flexible. Ce n’est pas vrai. Sous les gouvernements successifs, Israël a démontré de la flexibilité et la volonté de faire des concessions douloureuses. Cela impliquera de discuter des questions de territoire et d’implantations.

Mais le cœur de ce conflit n’a jamais porté sur les frontières ou les implantations. Il s’agit d’une chose : le refus persistant d’accepter l’Etat juif dans n’importe quelle frontière. La véritable clé de la paix est la reconnaissance palestinienne du droit du peuple juif à l’autodétermination dans cette partie du monde. […] Nous devons nous assurer que les Palestiniens sont certains du fait qu’il va y avoir un Etat juif, un Etat-nation juif, ici, à côté de leur Etat. Ce n’est pas trop demander. C’est l’exigence minimum pour la paix.

Mais ce n’est pas l’unique exigence. […] Des arrangements de sécurité doivent être garantis pour protéger la paix : des dispositions permettant à Israël de se défendre lui-même contre les menaces éventuelles. Et ces mesures de sécurité doivent se baser sur les forces israéliennes. […]

Nos efforts pour parvenir à une paix israélo-palestinienne n’aboutiront à rien si l’Iran parvient à construire des bombes atomiques. Un Iran nucléaire renforcerait encore plus les éléments radicaux et terroristes de la région. Cela compromettrait les chances d’aboutir à une paix négociée. Je dirais même qu’il porterait atteinte aux accords de paix que nous avons déjà conclus avec deux de nos voisins [l’Egypte et la Jordanie].

Il y a seulement trois jours, le représentant de l’Iran à l’ONU a réitéré le refus de son régime de reconnaître Israël. C’est arrivé une 15e de jours après que l’ayatollah Khamenei ait parlé d’Israël comme d’un « chien enragé » indigne d’être qualifié d’humain. Il a dit que nous étions voués à « l’échec et l’anéantissement ». Plus tôt, en novembre, Khamenei avait appelé Israël « un régime illégitime et bâtard ». […] Ce même régime fournit à ses mandataires terroristes – le Hezbollah, le Hamas et le Djihad islamique – des milliers de roquettes qui visent des civils israéliens et sont des armes de précision de plus en plus mortelles.

Il s’agit d’un régime engagé à notre destruction. Je crois qu’il doit y avoir une demande sans équivoque, parallèle aux discussions de Genève, pour un changement de la politique iranienne. Cela doit faire partie intégrante des négociations. En d’autres termes, je dis que ce qui est nécessaire n’est pas simplement d’exiger la fin de la capacité de l’Iran à produire des armes nucléaires, mais aussi d’en finir avec sa politique génocidaire. C’est un minimum que la communauté internationale doit exiger quand elle négocie avec l’Iran.

Et comme vous le savez tous, il ne s’agit pas seulement d’Israël. L’Iran continue de bafouer les droits de ses propres citoyens, de participer à des massacres de masse en Syrie, de s’engager dans le terrorisme à travers le monde et de déstabiliser les régimes du Moyen-Orient. […]

J’ai exprimé ma préoccupation avant la réunion de Genève d’une possible levée des sanctions. J’ai entendu aujourd’hui que le président iranien avait déclaré qu’en réalité, la situation économique en Iran s’était déjà nettement améliorée depuis l’annonce des accords. Ils n’ont même pas encore été appliqués ! Des mesures doivent donc être prises pour prévenir l’érosion des sanctions. Elles restent un élément essentiel de l’effort international pour contraindre l’Iran à démanteler son infrastructure nucléaire militaire : démonter les centrifugeuses, détruire le réacteur à eau lourde, éliminer les stocks d’uranium enrichi, arrêter le développement de missiles balistiques et la militarisation dont l’accord de Genève ne traite pas. Bref, toutes choses que l’Iran insiste pour avoir alors qu’aucune n’est nécessaire à un programme nucléaire pacifique.

Alors qu’Israël est prêt à faire ce qui est nécessaire pour se défendre, nous partageons la préférence du président Obama de mettre fin au programme d’armes nucléaires iranien par la diplomatie. Mais la diplomatie, pour réussir, doit être menée de front avec des sanctions fortes et une menace militaire crédible. […]

Empêcher l’Iran d’atteindre une capacité à produire des armes nucléaires est le défi majeur de notre génération, car un Iran nucléaire changerait dramatiquement le cours de l’Histoire. Ce serait une menace contre la paix et la sécurité de nous tous d’armer le régime le plus dangereux du monde avec les armes les plus dangereuses du monde. […] L’histoire jugera chacun de nous si nous réussissons ou non à répondre au plus grand de tous les défis.

Le président Obama et d’autres ont appelé les Etats-Unis la « nation indispensable ». Je suis d’accord. Je crois bien que, pour relever ce défi suprême, Israël et les États-Unis forment l’alliance indispensable. Nous allons continuer à travailler ensemble pour renforcer cette alliance indispensable pour le bien de la paix, de la sécurité et notre avenir commun. »

Allocution vidéo de Benjamin Nétanyahou au Forum Saban, Washington, 8 décembre 2013.