La reconstruction de Gaza : prendre le Hamas pour argent comptant
Les dirigeants du Hamas peuvent se frotter les mains car les attaques terroristes contre l’Etat juif sont payantes. Elles rapportent à chaque fois une reconnaissance internationale et de substantiels gains. Après cinquante jours de guerre, on a cru avec la reconstruction de Gaza que le Hamas commencerait à démanteler son arsenal militaire. Il n’en est rien ! Le même scénario s’est produit après les deux dernières opérations « Plomb Durci », en 2009, et « Pilier de Défense » en 2012. L’histoire se répète bêtement au Proche-Orient.
La réunion du Caire a réussi à convier une cinquantaine de pays et des organisations humanitaires et financières pour collecter 5 milliards de dollars ! Cette fabuleuse somme semble extravagante même si les pays arabes sont assez riches pour la gaspiller. La question fondamentale est de savoir où cet argent ira-t-il ? Vers quelle destination ? Il est fort étonnant que l’Etat le plus concerné, Israël, le plus proche voisin des Gazaouis, celui qui a signé un traité de paix avec l’Egypte, n’a pas été invité. Le Hamas non plus mais pour des raisons tactiques du président Sissi.
Nous constatons une fois de plus que l’Etat juif demeure un corps étranger pour les pays arabo-musulmans de la région et que nos amis occidentaux, en particulier notre allié américain, sont indifférents et laissent faire. Pourtant, la reconstruction de Gaza et la reprise du processus de paix dépendent plus que jamais de l’Etat d’Israël. Comment ignorer sa présence et en même temps le critiquer et le condamner comme l’a fait au Caire, avec culot et arrogance, Mahmoud Abbas, devant un Kerry indifférent. Comment pourrions-nous faciliter l’assistance humanitaire et reprendre les pourparlers, comme le demandent les Américains, si nous ne pouvons participer à cette réunion ni apporter nos revendications sécuritaires, condition sine qua non à tout accord ? Pourquoi Les Etats-Unis versent pour la reconstruction de Gaza plus de 400 millions de dollars et l’Union européenne 450 millions sans exiger préalablement des conditions ? Ont-ils indemnisé les familles israéliennes durant la guerre et reconstruit leurs maisons ? Qui contrôlera efficacement les investissements à Gaza? Les chefs du Hamas ou du Fatah ? Comment éviter le cycle de la terreur et une nouvelle guerre si nous n’avons pas de fortes garanties que les milliards versés par les donateurs ne seront pas détournés, comme de coutume, pour l’achat de nouvelles armes et roquettes et pour la construction de nouveaux tunnels ? Comment ne pas se révolter contre une attitude frileuse des pays occidentaux à l’égard du Qatar ? Ce minuscule mais richissime pays, allié des Etats-Unis et cher à la France, est le principal bailleur de fonds du Hamas et des organisations terroristes de tous bords ! Avons-nous la certitude que le milliard de dollars promis par le Qatar ne soit pas détourné à des fins militaires pour financer la lutte armée et le terrorisme ? C’est évidement absurde !
La conférence du Caire est certes une importante occasion pour redonner un second souffle à l’économie palestinienne et relancer un processus de paix moribond, mais avant d’accorder les crédits et d’apporter une aide internationale il est urgent de préparer un terrain propice, de démilitariser le Hamas et ne pas lui permettre d’assurer à lui seul le contrôle des fonds et « la sécurité » des Gazaouis, sinon tout s’écroulera une nouvelle fois.
La réconciliation entre le Hamas et le Fatah n’a jamais été scellée. Il s’agit d’un mariage forcé qui demeure très fragile. Les « deux frères ennemis » se haïssent toujours et les dirigeants du Hamas ont d’ailleurs tenté à plusieurs reprises de renverser le pouvoir de Mahmoud Abbas, toujours persona non grata à Gaza. Le discours à l’ONU d’Abbas et la dernière visite du Premier ministre palestinien à Gaza n’étaient destinés qu’aux donateurs et à l’opinion internationale. Nous connaissons parfaitement la rengaine et le double langage des Palestiniens.
Soulignons que depuis les Accords d’Oslo et la réunion de Paris qui a suivi, l’Autorité palestinienne a obtenu plus de 15 milliards d’euros !… Ont-ils été destinés pour le bien-être des Palestiniens ? A t’on oublié les caisses noires d’Arafat, de son épouse, et de son proche entourage ? La corruption n’est pas toujours le Mal des dirigeants palestiniens ? De ce riche leader du Hamas, Khaled Mechaal, installé confortablement dans un palace de Doha ? A-t-il versé un seul rond à ses compatriotes provenant de sa propre fortune personnelle ? Comment ce chef terroriste est-il devenu soudain milliardaire ? Ne s’est-il pas conduit tel un véritable chef de la Mafia ? Les Occidentaux sont-ils si naïfs ? N’y a-t-il pas dans ce monde d’autres malheurs, d’autres urgences humanitaires ? D’autres problèmes à régler dans notre région, ou en Afrique? Comment ignorer les terribles souffrances, les famines, la misère ? Ces centaines de milliers de Kurdes et Yezedis chassés de leur pays par des Islamistes sanguinaires, et plongés dans le chaos et la détresse permanente ? Combien de fois les Occidentaux et les organisations humanitaires pourront tomber dans le même piège ? Sont-ils si dupes de croire sincèrement aux bonnes intentions du Hamas et de Mahmoud Abbas dont le masque vient de tomber ? Son vrai visage n’a pas été découvert récemment aux Nations unies ? Le discours de Netanyahou à la même tribune n’a certes pas ignoré les menaces mais a fait preuve de réalisme politique en parlant d’opportunités et d’espoir. Pourquoi ne pas écarter le Hamas du pouvoir et éviter à tout prix qu’il s’associe à ses frères dans les rangs de l’Etat islamique ? Pourquoi, comme nous le proposons, ne pas régler avant tout les problèmes qui nous entourent pour pouvoir plus facilement résoudre enfin la question palestinienne ?
L’Etat juif ne veut pas l’escalade ni lancer des opérations militaires dans la bande de Gaza. Israël souhaite ardemment reprendre le processus de paix avec tous ses voisins, avec tous ceux qui reconnaissent son existence pour vivre en paix dans des frontières défendables. Toutefois, si les sommes fabuleuses versées par les donateurs étaient destinées à réhabiliter la force militaire du Hamas et à relancer la terreur, nous n’aurions pas d’autre choix que de détruire toutes les infrastructures reconstruites, et une fois encore l’argent versé s’envolera et partira en fumée…
Freddy Eytan