La présidence de l’Etat – bastion de l’unité de la nation juive
Depuis sa renaissance en 1948 Israël a été dirigé successivement par 10 présidents. De Haïm Weizman à Reuven Rivlin, chaque président exerçait sa fonction honorifique selon ses convictions idéologiques, son propre caractère et en fonction de sa riche carrière.
Weizman et Katzir furent de célèbres savants. Haïm Herzog et Ezer Weizman de fameux généraux de Tsahal. Itzhak Ben Tsvi se distinguait par sa modestie exemplaire tandis qu’Itzhak Navon souhaitait introduire le ladino et approfondir les racines séfarades. Zalman Shazar était écrivain-journaliste et ses discours se caractérisaient par un pathos sympathique. Shimon Pérès sera président à l’âge de 84 ans après avoir accompli une carrière politique hors du commun.
Le mandat de Moshé Katzav fut tourmenté et s’est achevé derrière les barreaux. Celui de Reuven Rivlin s’est caractérisé par une confrontation permanente avec Benjamin Netanyahou.
D’ailleurs, malgré les limites des fonctions cérémoniales et officielles, Ezer Weizman et Shimon Pérès, ont œuvré discrètement pour la reprise des négociations de paix sans consulter le chef de l’exécutif.
Depuis sa tendre enfance le nouveau chef de l’Etat, Itzhak Herzog, a suivi les pas de son père tout en admirant son illustre grand-père qui fut le premier Grand rabbin ashkénaze en Eretz Israël. C’est sans doute le papa Haïm qui a modelé son caractère et sa personnalité et a influé sur ses opinions et son idéologie. Il est à la fois le père biologique et spirituel, le maître au sens talmudique du terme et le véritable mentor. Même s’il n’est plus de ce monde, l’ombre du père le guettera toujours.
Pour mieux comprendre la conduite et les intentions du nouveau président de l’Etat Juif, rappelons brièvement les principales activités de Haïm Herzog dont certaines sont peu connues.
L’ancien général des services du renseignement de Tsahal est né à Belfast. Jeune officier des Forces Alliés, il avait participé à l’une des grandes batailles de l’Histoire contemporaine, celle du Débarquement sur les plages de Normandie. Le 17 octobre 1988, il reviendra sur les lieux comme président de l’Etat Juif. J’ai eu le privilège de l’accompagner lors de cette première visite officielle en France. Rappelons que son grand-père avait fondé la synagogue de la rue Pavée à Paris. Ce fut un voyage mémorable de trois jours.
Haïm Herzog était un orateur inné et un brillant observateur. Avant et lors de la Guerre des Six Jours, il analysait quotidiennement les événements sur les ondes de Kol Israel. Nul doute, ses commentaires avaient remonté le moral des troupes de Tsahal. Il encourageait ses auditeurs en leur promettant une éclatante et rapide victoire. Après la guerre, il deviendra le premier gouverneur militaire de la Cisjordanie.
En 1975, Ambassadeur d’Israël auprès des Nations-Unies, il dénonce, en termes virulents, la Résolution 3379 qui assimilait le sionisme au racisme. A la fin de son discours, Haïm Herzog déchire en morceaux cette dite résolution la qualifiant de torchon de papier.
En 1983, élu Président de l’Etat, il emploiera tous ses efforts pour former un gouvernement d’union nationale composé avec Itzhak Shamir du Likoud et Shimon Pérès du parti travailliste. Ce mariage forcé entre les deux grands blocs a duré jusqu’en 1990.
Le chef de l’Etat d’Israël est élu par les 120 députés de la Knesset. Bien qu’il s’agit d’une élection d’intérêt purement politique, il est important d’écarter toute ingérence politicienne.
Le peuple juif n’a jamais abandonné son riche héritage trimillénaire. Dans le sillage de nos ancêtres nous devrions donc préserver et respecter le titre originel celui du président du Sanhédrin נשיא symbolisant l’unité de la nation.
Aujourd’hui, plus que jamais, la fonction du président de l’Etat devient essentielle dans la vie quotidienne des Israéliens. Au moment où Israël traverse une profonde crise d’identité et le fossé s’approfondie entre Arabes et Juifs, entre laïcs et religieux, séfarades et ashkénaze, la présidence de l’Etat demeure le seul et unique bastion pour pouvoir apaiser les esprits et relancer le dialogue dans un respect mutuel. Seul le président est capable de rassembler la nation juive, en Israël et en diaspora.
Itzhak Bouji Herzog suivra-t-il les grands pas de son papa ? Les sages conseils du grand-père rabbin ?
Nul doute, il possède toutes les qualités pour réussir dans ses nouvelles fonctions.