La politique palestinienne de la France est vouée à l’échec
Après avoir reçu le président iranien avec tous les égards et en grande pompe, voilà que le gouvernement français s’attèle maintenant à trouver une nouvelle solution au problème palestinien.
Certes, la politique de la France n’a pas changé depuis le jour où un bureau de l’OLP a été ouvert à Paris en 1975, mais cette fois-ci la dernière initiative française dépasse l’entendement, manque de cohérence et elle est franchement hostile à Israël.
Comment ne pas réagir avec force à la déclaration de Laurent Fabius qui nous dit sans rougir « Eh bien, si la conférence internationale que nous proposons échoue, nous reconnaîtrons alors l’Etat de Palestine ».
Comment un ministre des Affaires étrangères qui prétend toujours être un ami sincère de l’Etat Juif peut-il offrir aux Palestiniens un Etat « clé en main » sans discuter préalablement avec le gouvernement israélien de la procédure, et surtout des revendications israéliennes élémentaires sur les questions sécuritaires existentielles.
Ne s’agit-il pas aussi d’une violation flagrante des Accords d’Oslo que la France avait approuvés et encouragés ? N’y a-t-il pas là une décision unilatérale contraire aux résolutions des Nations-Unies et aux engagements pris notamment par l’Union européenne signataire des accords signés avec les Palestiniens ?
On ne peut que s’étonner à la fois de la naïveté et de l’amateurisme de la diplomatie du Quai d’Orsay ! Si nous connaissons dès à présent le but final, pourquoi donc nous convier une conférence internationale ? Dans cette initiative le gouvernement français a perdu la face et l’amitié de beaucoup d’Israéliens, de Gauche comme de Droite.
Une fois encore, la passion l’emporte dans les relations franco-israéliennes. Nous reparlons hélas comme hier de « trahison » et « d’hypocrisie » de la part d’un pays allié et ami.
Nous suivons de longue date la « politique arabe » de Paris et sa position aveugle à l’égard des Palestiniens, et nous constatons en effet qu’elle n’a pas vraiment changé. Il ne s’agit guère d’une « initiative personnelle » de Laurent Fabius, mais d’une politique qui n’a pas varié depuis le Général de Gaulle. Soulignons que depuis 1958, la politique étrangère de la France est un « domaine réservé » de l’Elysée, et il est donc très probable que le président Hollande lui même a approuvé les récentes démarches du Quai d’Orsay.
La France socialiste, celle de Hollande et de Fabius, ou la France républicaine de Sarkozy et de Juppé, mènent la même politique quand cela concerne les Palestiniens. Les paroles chaleureuses d’amitié et de franchise, les garanties sur la sécurité d’Israël dans « des frontières sûres et reconnues » que tous les dirigeants français ont souvent prononcées à Jérusalem, devant la Knesset, restent toujours fugaces et s’envolent à chaque fois en fumée.
Les froides explications et les justifications forcées des officiels français ont approfondi l’hypocrisie et l’embarras. L’ambiguïté devrait être levée car les sentiments de frustration ne peuvent plus nous convaincre.
Pourquoi la France s’est-elle détachée du camp occidental et cavale seule au moment même où elle lutte justement contre le terrorisme international sur son propre territoire et contre Daesh ? Et surtout au moment où une vague de terreur déferle dans notre pays ?
La nouvelle donne au Moyen-Orient ne permet plus de compter sur de vagues promesses européennes, et en particulier françaises. Le vieux continent demeure aigri, fatigué et toujours mercantile. Il a du mal à affronter les menaces intérieures, économiques, sociales et islamistes et surtout la nouvelle vague de migrants.
Si la France et toute l’Union européenne ont choisi aveuglement le camp adverse, celui de la cause palestinienne, comment peuvent- elles encore jouer le rôle d’arbitre ?
Cette conduite n’encourage-t-elle pas les initiatives unilatérales des Palestiniens et, indirectement, la lutte armée et la vague de terreur ?!
Les derniers discours de Fabius sont bourrés de contradictions. Il nous dicte à la fois un calendrier, adopte la politique de Mahmoud Abbas et impose une solution dont les contours, selon lui, sont depuis longtemps connus. En mettant la charrue avant les bœufs n’écarte-t-il pas la paix et toute solution viable ? Plus grave encore, n’encourage-t-il pas les saboteurs de toute solution et les extrémistes de tous bords et notamment le Hamas, qui rejette catégoriquement cette initiative française ?!
Enfin, nous constatons que depuis que la France a reconnu l’OLP et l’autodétermination du peuple palestinien, elle n’a pas réussi à ce jour à exercer des pressions sur Israël pour qu’il se retire de « tous les Territoires », et n’a pas imposé une solution définitive au conflit.
Malgré la position constante de la diplomatie française sur ce sujet épineux, c’est sans doute frustrant pour elle de constater une fois encore un nouvel échec !
Freddy Eytan
Pour citer cet article :
Freddy Eytan, « La politique palestinienne de la France est vouée à l’échec », Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/la-politique-palestinienne-de-la-france-est-vouee-a-lechec/