La Pax americana et l’illusion diplomatique
Depuis son entrée en grande pompe à la Maison Blanche, le 20 janvier dernier, le président américain est désormais plus préoccupé par la politique étrangère que tous ses prédécesseurs. Voilà, 8 mois que Barak Hussein Obama affiche une diplomatie musclée et tous azimuts, se montre très confiant et pense régler rapidement les conflits dans le monde et en particulier celui du Proche-Orient. Cette hyperactivité américaine est-elle réaliste? Cette obsession a-t-elle des chances d’aboutir à des solutions et des accords de paix? N’est-elle pas assez naïve dans le contexte international et face au refus systématique des Arabes de reconnaître l’existence de la présence d’un Etat juif au sein d’un monde musulman déchiré et fanatique.
Ces jours-ci, Jérusalem a accueilli plusieurs émissaires américains et tous ont approuvé sans équivoque la politique de leur président et ont tenté de faire pression sur le gouvernement Netanyahou de l’accepter à la lettre.
La Pax americana est souhaitable sous plusieurs conditions et devrait être appliquée prudemment et avec réciprocité et une longue patience. Les expériences américaines au Vietnam, en Afghanistan et en Irak sont éloquentes sur tous les plans.
Les problèmes avec les Palestiniens sont aussi complexes. Ils n’ont pas été réglés à ce jour en raison d’une division irréversible au sein même du peuple palestinien et le refus de leurs leaders d’accepter les formules de solutions d’Ehoud Barak et Ehoud Olmert qui envisageaient un retrait de plus de 90 pour cent des territoires et des concessions à Jérusalem Est. Depuis le partage de la Palestine en 1947, les Palestiniens refusent tout compromis et ne sont pas toujours capables de gérer leurs propres affaires. Aujourd’hui, Mahmoud Abbas refuse de rencontrer Netanyahou et des dirigeants du Fatah ne sont toujours pas prêts à reconnaître l’existence de l’Etat sioniste. La charte de l’OLP est donc valable et les accords d’Oslo sont caducs. Côté Hamas rien n’a changé, il demeure une organisation terroriste en dépit des tentatives de rapprochement et de reconnaissance de la part de parlementaires et diplomates européens. Quant aux pays arabes modérés, la normalisation avec Israël n’est pas pour demain et l’initiative saoudienne a été remise dans un fond de tiroir.
Sur l’avenir des relations avec la Syrie, les Etats-Unis suivent le chemin de Damas tracé par la diplomatie française pour des raisons surtout mercantiles. L’administration américaine se trompe en pensant que le président Assad a changé de cap et il est capable d’influencer les Palestiniens ou le Hezbollah. La Syrie est plongée dans le gouffre économique. Elle a besoin de l’aide occidentale pour pouvoir sortir de son isolement diplomatique. Le Golan n’est pas une priorité stratégique pour Damas puisque depuis 1973, aucun coup de feu n’a été tiré sur ce plateau…
Concernant l’Iran, les déclarations américaines sont importantes mais peu dissuasives. En proposant un parapluie militaire à ses alliés, l’Amérique d’Obama accepte d’ores et déjà le fait accompli et pense pouvoir vivre avec un Iran nucléarisé à l’instar de la guerre froide. Rappelons que les Soviétiques n’ont jamais menacé Israël par la bombe atomique. Le double jeu américain vis-à-vis de Téhéran et la Corée du Nord est interprété par les Ayatollahs et Pyongyang comme faiblesse et désarroi de la part de la plus forte puissance de la planète.
Depuis le mois de janvier 2009 nous entendons de la part des Américains plusieurs discours et de nombreuses promesses. Nous espérons que le gendarme du monde et notre grand allié redevienne enfin réaliste et pragmatique et ne se bercera plus d’illusions d’optique, car comme dit Jean de La Fontaine: “une illusion d’optique, de loin c’est quelque chose et de près ce n’est rien…”