La « paix chaleureuse » avec les Emirats arabes
La normalisation des relations diplomatiques entre Israël et les Émirats arabes unis (EAU), réalisée grâce à la médiation américaine, représente un tournant stratégique et historique dans nos rapports avec le monde arabe et les Palestiniens.
Cette normalisation change en effet la donne géopolitique et se caractérise par les points capitaux suivants :
- Pour la première fois, depuis 1948 il existe de facto une «paix chaleureuse» entre Israël et un État arabe. Les deux parties se concentrent sur les avantages réciproques de leur coopération scientifique, économique, culturelle et stratégique. Soulignons que l’Égypte, la Jordanie et les Palestiniens ont maintenu des « relations froides » avec Israël. Ils conditionnaient préalablement un maximum de concessions, tout en minimisant la portée de la normalisation.
- Israël réussit à faire un énorme pas vers son intégration dans la région, un but qui demeure l’un des objectifs stratégiques à long terme.
- Aujourd’hui, les membres pragmatiques du camp arabe estiment que les radicaux se sont de plus en plus affaiblis. Israël est donc perçu comme un pays puissant, déterminé dans sa ferme position, et osant agir contre les extrémistes dans le monde arabo-musulman.
- Cet accord historique réalise pour Israël, les Émirats arabes unis, les États-Unis, et le camp pragmatique arabo-musulman, un potentiel régional nouveau notamment dans le contexte palestinien.
- Les réactions positives à l’accord de normalisation au sein de la plupart des pays pragmatiques indiquent que la décision des Emirats n’est pas controversée.
- Ce changement dramatique a été possible en raison également des menaces de l’Iran et de ses satellites, des extrémistes sunnites dont les Frères musulmans, dirigés par la Turquie d’Erdogan.
- Dans ce contexte, il est possible que le succès de ce processus convaincra d’autres pays du camp pragmatique de normaliser leurs relations avec Israël.
- L’accord de l’Arabie saoudite autorisant des vols directs au-dessus de son territoire pourrait être un exemple de normalisation partielle avec Ryad.
- Les Palestiniens auront du mal à exercer des pressions sur Israël dans les termes d’un accord de paix qui exigerait : un retrait aux lignes d’avant juin 1967 avec des modifications mineures, et la création d’un État palestinien qui ne reconnaîtra pas Israël comme l’État-nation du peuple juif.
- Les Palestiniens ont perdu l’un de leurs principaux leviers d’influence – la capacité d’empêcher la normalisation entre Israël et les États arabes. Désormais, les Palestiniens ne pourront plus imposer automatiquement un veto et exiger que tout changement sur le terrain devra avoir un consentement palestinien. Ce levier existe toujours mais n’a plus la même influence qu’auparavant.
- La position palestinienne s’est affaiblie mais a toujours un écho favorable et un soutien au sein du parti démocrate américain, en Europe, dans les médias et un support constant du camp radical (Iran et ses satellites, Turquie et Qatar). Les Palestiniens pourront aussi utiliser « la lutte armée » vu leur présence sur le terrain.
- Le camp musulman pragmatique ne se considère plus comme dépendant des Palestiniens, et préfère prendre en priorité ses propres intérêts vitaux.
- L’un des résultats significatifs de l’accord EAU-Israël est le renforcement du camp pragmatique régional et sa capacité à freiner le front du refus et ses hostilités.
En conclusion, cet accord historique crée un potentiel considérable pour la réalisation de nouveaux projets au niveau régional et dans le contexte palestinien. Pour pouvoir le réaliser à bien, il est essentiel de continuer à progresser dans le processus de normalisation, avec un engagement et un investissement significatifs dans le processus de paix.