La libération de Barghouti favorisera-t-elle un règlement de paix avec Israël ?

wikipedia-haleviEn Israël, dans le monde arabe et en Europe, particulièrement en France, des voix s’élèvent pour demander la libération de Marwan Barghouti de prison.

Certains pensent qu’il devrait prendre des responsabilités au sein de l’Autorité palestinienne pour succéder un jour au Président Mahmoud Abbas.

Depuis son arrestation, ses défenseurs mènent une campagne tous azimuts pour sa libération. Certains osent même le comparer à Nelson Mandela, mais le comble du ridicule est qu’ils le proposent aussi comme candidat au Prix Nobel de la paix…

Bien entendu, il n’y aucun rapport entre les deux hommes, et les mains de Mandela n’ont jamais été souillées de sang, tandis que Barghouti fut accusé de 26 assassinats et de plusieurs tentatives de meurtres.

Absurde encore, en France, Marwan Barghouti est citoyen d’honneur dans une vingtaine de villes. En mars 2008, la ville de Stains a été la première à l’élever au rang de citoyen d’honneur en lançant un réseau des villes et de collectivités pour sa libération.

Les défenseurs de sa libération prétendent que Barghouti est un leader charismatique et populaire qui adopte une approche politique pragmatique à l’égard d’Israël.

Qu’en est t-il vraiment ? S’agit-il réellement d’un leader pacifique qui souhaite la coexistence entre les deux peuples, ou au contraire, d’un chef terroriste cherchant à poursuive la lutte armée contre l’Etat Juif ?

Rappelons que Barghouti, chef des Tanzim au sein du Fatah, et fondateur des brigades des martyrs d’al-Aqsa, a été arrêté en avril 2002, puis condamné par une cour civile israélienne à cinq peines de prison à perpétuité pour de nombreux assassinats et son soutien à des actes terroristes.

C’est bien lui qui a planifié la Seconde Intifada en septembre 2000 et avait demandé au leadership arabe israélien de se joindre dans les rangs de la révolte. Commandant des brigades des martyrs al-Aqsa qui est la branche militaire du Fatah, Barghouti a planifié et commandité de nombreux attentats meurtriers contre des civils innocents, notamment par l’utilisation de bombes humaines. Soulignons que la Seconde Intifada a causé la mort de plus d’un millier d’Israéliens et des centaines de blessés.

Durant la Seconde Intifada, Barghouti était en contact permanent avec le Hamas et le Jihad islamique. Il considérait ces deux organisations terroristes comme des mouvements alliés dans le combat contre l’Etat Juif. Il avait dit à l’époque sur cette alliance : « Nous sommes liés par le même sang et donc aussi par nos propres décisions ».

Le Hamas avait utilisé ses rapports fructueux avec Barghouti pour nuire à l’Autorité palestinienne, comme représentante légitime de tout le peuple palestinien, et l’affaiblir. Le but ultime était de prendre le pouvoir également en Cisjordanie.

Barghouti avait exposé des positions intransigeantes et guerrières concernant l’avenir du processus de paix. Selon lui, « il n’y aucune utilité de dialoguer avec les représentants de l’Etat Juif, et seule une confrontation par la force des armes, pourra aboutir à l’indépendance de la Palestine, et au retour des réfugiés ». Ce qui veut clairement dire la fin de l’Etat d’Israël.

Durant sa détention, Barghouti a poursuivi son soutien à la lutte armée contre l’Etat Juif et a surtout agi pour rassembler les forces du Hamas et du Jihad islamique au sein des institutions officielles palestiniennes. Il a refusé tout contact et coordination sécuritaire avec Israël dans le but de permettre des actes terroristes sans impunité. Il a aussi apporté son soutien à la délégitimation de l’Etat d’Israël et à tous les mouvements de boycottage, et notamment au BDS.

Barghouti pense en effet qu’il est un véritable leader palestinien, très populaire en Cisjordanie et à Gaza, puisque il rappelle que son combat contre Israël a débuté à l’âge de 13 ans et se poursuit aujourd’hui encore derrière les barreaux.

En réalité, et contrairement à son image de « leader pacifiste » à l’étranger, surtout en France, Barghouti demeure un ennemi farouche des Israéliens et ne souhaite guère la coexistence entre les deux peuples. Il refuse tout dialogue et compromis, déterminé à poursuivre la lutte armée et les actes terroristes. Son alliance avec le Hamas et le Jihad islamique prouve ses intentions dangereuses. Le terrorisme sous toutes ses formes, demeurera toujours, selon lui, un moyen légitime dans le combat contre Israël.

De ce fait, les défenseurs de Barghouti et tous ceux qui pensent que son retour sur l’échiquier politique serait un pas en avant vers la paix et la réconciliation se trompent totalement.

Bien au contraire, son retour sur la scène palestinienne aggravera la situation et plongera le Fatah, le Hamas et le Jihad islamique dans une nouvelle confrontation violente, qui éloignera encore plus les chances de paix dans cette région du monde.

Jonathan D. Halevi 

 


Pour citer cet article :

Jonathan D. Halevi, « La libération de Barghouti favorisera-t-elle un règlement de paix avec Israël ? », Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/la-liberation-de-barghouti-favorisera-t-elle-un-reglement-de-paix-avec-israel/