La Jordanie est-elle l’Etat palestinien de demain?

wikipedia-logo1Une des principales critiques contre la droite israélienne est son absence de contre-propositions aux plans de paix proposés par la gauche. La droite a souvent su avertir des dangers des accords passés avec les Palestiniens, et se complaire dans une pose semi-prophétique, mais parait incapable de répondre à la question « que proposez-vous à la place ? ». Cette incapacité semble prendre fin ces derniers temps avec le retour sur le devant de la scène d’une vieille idée: la Jordanie est l’Etat palestinien, et il n’y a pas lieu de créer un deuxième Etat palestinien en terre d’Israël.
En effet, à l’origine, le territoire actuel de la Jordanie faisait partie du mandat britannique sur la Palestine officialisé par la Société des Nations. En 1921 cependant, le Royaume-Uni décida de retirer les territoires à l’est du Jourdain, représentant 76% de la Palestine mandataire, et de les donner au dirigeant Hashemite Abdallah en compensation de son échec à prendre le contrôle de la Syrie. Ce nouveau royaume fut appelé « Transjordanie », puis « Jordanie » en 1949 après l’annexion de la Cisjordanie, qu’il perdit enfin en 1967 au profit d’Israël. En même temps, le royaume accueillit la plus grande partie des réfugiés palestiniens fuyant la guerre et qui devinrent la majorité de la population du pays. Ces Palestiniens représenteraient aujourd’hui de 70 à 80% de la population jordanienne.
Ainsi explique-t-on à droite, 76% de la Palestine a déjà été donnée aux Arabes en violation du mandat de la SDN. Et la Jordanie étant constituée essentiellement de Palestiniens, elle est donc un Etat palestinien. Il n’y a donc pas de raisons de donner des parties de la terre d’Israël pour la création d’un troisième Etat sur l’ancienne Palestine mandataire.
Ce raisonnement se heurte cependant à deux problèmes, même en excluant la question de la bande de Gaza: d’abord cela ne règle pas la question des Palestiniens dans les territoires: s’agit-il de restituer les territoires à la Jordanie ? De les annexer en expulsant vers l’est les Arabes y vivant ? Ou d’annexer les territoires et de considérer les Palestiniens qui y vivent comme des citoyens jordaniens avec une dose d’autonomie locale ?
L’autre problème, c’est que la Jordanie a officiellement abandonné toute revendication sur la Cisjordanie et ses habitants en 1988. La Jordanie refuse non seulement de récupérer ces territoires, mais surtout d’être considérée comme un Etat palestinien. Et elle jouit sur ce point du soutien de toute la communauté internationale.
C’est bien pour cela qu’en 1970, lors des événements de Septembre Noir au cours desquels l’OLP avait tenté un putsch en Jordanie, Ariel Sharon avait été partisan de les laisser prendre le pouvoir. Le gouvernement de Golda Meir avait préféré apporter son soutien au roi hashemite qui l’avait finalement emporté en écrasant dans le sang la révolte palestinienne.
Ainsi, tant que le pouvoir restera aux mains des Bédouins hashemites, l’option jordanienne ne sera pas autre chose qu’un voeu pieux.