La guerre éclair des Six Jours à la guerre inachevée des 600 jours

Freddy Eytan

Témoignage

Il y a tout juste 58 ans, le 5 juin 1967 à 7h15, la guerre éclatait par un bombardement massif et successif d’avions israéliens contre des aérodromes et bases militaires dans la région du Caire. Ce fut une campagne incroyable, inimaginable dans les annales des guerres conventionnelles.

En trois jours, toute la péninsule du Sinaï et la Cisjordanie sont conquises tandis que les armées égyptienne et jordanienne battent en retraite. Le lendemain, la Vieille Ville de Jérusalem est enfin libérée. Les parachutistes sont devant le Kotel, éblouis. Troublés agréablement par le son du chofar qui retentit, proclamant le retour aux sources ancestrales, l’approche de la venue du Messie, de la Rédemption.

Images surréelles : passé trimillénaire, culte religieux, mystère, et vive émotion, se confondaient avec les réalités cruelles de la guerre. Larmes de joie de soldats endurcis. Baroudeurs, Ouzy en bandoulière, avec un livre de prière. Judaïsme et sionisme seront désormais deux piliers inséparables d’une cause noble.

Au cinquième jour, le plateau du Golan est envahi par la brigade Golani. La ville de Quneitra tombe à son tour et les soldats syriens s’enfuient dans la nature.

Uzi Narkiss (à gauche), Moshe Dayan et Yitzhak Rabin

Uzi Narkiss (à gauche), Moshe Dayan et Yitzhak Rabin (à droite) entrent dans la vieille ville de Jérusalem, 1967 (Ilan Broner / GPO)

J’ai eu ce grand privilège d’être présent au centre névralgique des opérations et de suivre l’Histoire militaire en marche. Dans ce sacro-saint stratégique, dans ce domaine hautement réservé, j’étais dans le secret, témoin privilégié des préparatifs, de la planification et des combats sur le terrain.

J’ai vu aussi sur le champ de bataille la mort en face et les horreurs de la guerre. Les véhicules démembrés, les chars calcinés, les canons abandonnés, la fumée s’élevant des positions et des entrepôts brûlés. Les blessés hurlant de douleur, les prisonniers pris de panique et les cadavres jonchant le sol. Des scènes déchirantes, choquantes et traumatisantes.

24 otages confirmés vivants ou dont le sort est inconnu

24 otages confirmés vivants ou dont le sort est inconnu (YNet/Photo : Avec l’aimable autorisation de la famille, Shiran Itzhaki Photography, extrait de l’album de famille, photo de famille)

785 soldats sont tombés pour défendre leur pays, pour garantir la survie de leur patrie. Leur ardent désir était de vivre en paix avec leurs voisins. Combattre pour une juste cause, non pour se venger, ni pour tuer en masse, sauvagement. L’avenir plein de promesses de nos proches et leur rire de jeunesse sont gravés à jamais dans les cœurs et esprits.

Toutes les guerres sont sales et meurtrières mais celle-ci était défensive, préventive, légitime et justifiable. En six jours, Israël a réussi à vaincre, à lui seul et sur trois fronts, les armées arabes réunies. Ce fut une guerre éclair foudroyante, sans précédent dans l’histoire contemporaine. Elle a stupéfié tous les généraux des états-majors étrangers, et elle est étudiée aujourd’hui encore dans toutes les écoles militaires.

Malgré la main tendue à la paix, au lendemain de la guerre, les dirigeants arabes ont poursuivi avec haine et acharnement leurs hostilités. Et pourtant, le Premier ministre de l’époque, Levy Eshkol, plaidait pour « le retrait des territoires contre une paix viable ». Le fondateur de l’Etat, Ben Gourion préconisa « la restitution du Sinaï, de Gaza et de la Cisjordanie en préservant le plateau du Golan et Jérusalem unifiée. »

58 ans après, nous sommes toujours en guerre sur plusieurs fronts. Voilà plus de 600 jours que nous combattons dans le brouillard. Nous affrontons la guerre la plus longue et la plus meurtrière de notre Histoire sans pouvoir observer à l’horizon une seule lueur de paix. Aucun espoir, non plus, pour les otages détenus encore à Gaza par les geôliers inhumains du Hamas.

Certes, cette guerre est bien différente car nous combattons contre des organisations terroristes et non contre des armées conventionnelles. Cependant, nous ne pouvons pas obtenir une écrasante victoire sans un consensus général au sein de la société civile et l’approbation de la communauté internationale, particulièrement celle des Etats-Unis.

Après avoir gagné militairement le Hamas et le Hezbollah, et pour éviter de perdre totalement la campagne diplomatique et médiatique, il est temps de se donner un moment de répit et de réflexion, reprendre en position de force, le chemin de la paix.