La guerre contre le Hamas devant la médiation française

Freddy Eytan

Emanuel Macron est un président infatigable dans la recherche de solutions originales pour résoudre des conflits. Déterminé à surprendre par des initiatives spectaculaires, il réagit logiquement mais après une longue valse-hésitation. Il calculera froidement chaque pas mais se déplacera sur le terrain qu’après avoir entendu les réactions de l’opinion internationale et étudié les résultats obtenus par ses homologues. Macron refuse d’être emporté par la vague de solidarité. Il préfère attendre et faire cavalier seul. Marquer son empreinte dans l’arène internationale et écrire lui-même les pages de l’Histoire.      

Sa vision du monde est interprétée par une recherche excessive du bon sens et d’opinion raisonnable en politique qui malheureusement ne fonctionne pas dans la jungle du Moyen-Orient. Un activisme diplomatique tous azimuts et prétentieux dont le but est de dicter un agenda, et obtenir à tous prix un succès rapide, même éphémère. A-t-il vraiment les moyens ? Peut-il s’imposer comme médiateur ? Les ballons d’essai sont-ils efficaces ? 

Lors de son dernier voyage en Israël, à Ramallah, à Amman et au Caire, Macron a eu l’occasion de s’exprimer et d’exposer sa nouvelle politique, son nouveau cap. Après l’échec du président Biden de réunir les chefs d’Etats arabes, Macron se présente comme le leader du juste milieu, celui qui refuse le double langage, le double standard. Comment se solidariser avec les Israéliens et faire appel à la conscience de la communauté internationale pour apporter assistance au peuple palestinien.

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre Benjamin Netanyahu. (Capture d’écran/Itai Beit-On/GPO)

Devant les renforts militaires des Etats-Unis et la présence de bombardiers et porte-avions, la France n’a pas offert à Israël une aide militaire mais a choisi d’envoyer à Gaza un navire-médical et une aide financière.

Le président français souhaite éviter l’escalade, un embrasement régional avec le Liban et l’Iran. Il craint surtout d’affronter des difficultés intérieures, politiques et sécuritaires et un retour à l’état d’urgence décrété par François Hollande après les attentats à Toulouse, Paris et Nice.

Cependant, le président Macron ne peut être indifférent devant les terribles atrocités commises par le Hamas contre des civils israéliens. Pour la première fois, la France désigne le Hamas comme un mouvement terroriste et appelle à former une coalition internationale, la même qui a combattu contre Daesh en Irak et en Syrie. Nous regrettons cette affirmation tardive. Comment oublier les années 1970 quand Israël suppliait les leaders occidentaux dont les présidents français de qualifier l’Organisation de Libération de la Palestine de Yasser Arafat de mouvement purement terroriste. A l’époque, on comparait Arafat à un grand résistant, un libérateur…

Aujourd’hui, Macron affirme que le Hamas n’est pas le représentant du peuple palestinien et qu’il faudrait revenir au processus de paix et à la formule de deux Etats. Il réaffirme sa disponibilité à contribuer à la reprise du processus de paix et à mobiliser la communauté internationale en sa faveur afin de mettre en œuvre une solution qui puisse conduire à une paix juste et durable. Laquelle ? Avec qui ? Par quels moyens ?

Le président Macron est infatigable dans ses discours et inlassable dans ses belles paroles concernant le règlement des conflits au Levant. A l’entendre, on a l’impression que la France est toujours mandataire dans notre région.

Certes, nous saluons la bonne volonté du président Macron mais ses bons offices sont bien naïfs dans le contexte géopolitique actuel. Aucun pays arabe ne pourra accepter de combattre le Hamas pour la simple raison que la majorité des palestiniens adhère à la politique de ce mouvement islamique et n’a plus confiance à l’autorité dirigée par le vieux et impuissant Mahmoud Abbas. Tous les sondages le prouvent.

Depuis 1967, Israël a choisi l’Amérique comme son seul allié et il demeure fidèle et généreux. Nous ne pouvons offrir à Macron une médiation diplomatique parce que la France n’a plus le rôle d’influence au Moyen-Orient ni ailleurs… Macron a échoué en Ukraine, au Liban et au Mali et même le Maroc préfère une coopération stratégique et militaire avec Israël.

Voilà plus de 50 ans que tous les gouvernements français exigent un retrait d’Israël « des territoires » et notamment de Jérusalem-Est. Voilà un demi-siècle qu’ils affirment pouvoir garantir notre sécurité avec « des frontières sûres et reconnues. » Cependant, à vouloir jouer à tout prix un rôle d’influence dans notre région, la France n’a pas respecté, par sa politique partiale, les règles du jeu et le vrai arbitrage. De ce fait, toutes les tentatives françaises ont avorté.

Depuis plusieurs décennies le dossier palestinien empoisonne la communauté internationale sans trouver de solution. Un règlement définitif devra se réaliser par des négociations directes, après de longues réflexions et études sur tous les plans et les aspects géopolitiques, stratégiques, économiques et juridiques.

Toutes les tentatives du passé notamment celles des Accords d’Oslo ont avorté par précipitation, par la hâte excessive d’obtenir des résultats rapides.  

Après le 7 octobre 2023, il est dangereux de remettre le destin des Israéliens aux soins d’un tiers, confier la mission de médiateur à l’ONU ou à un leader étranger.  

Les visites à Beyrouth et les belles paroles du gouvernement français n’ont pas mis un terme aux intentions belliqueuses du Hezbollah et la milice chiite refuse catégoriquement de démanteler toutes ses armes et ses milliers de missiles destinés contre Israël.

Pourquoi le président français continue à croire que le Hezbollah changera un jour ? Qu’il ne poursuivra plus sa politique de terreur et de chantage.  N’est-il pas temps de sanctionner cette milice et d’affirmer sans ambiguïté que le Hezbollah est une organisation terroriste tel que le Hamas. Faut-il attendre de nouveaux pogroms et des prises d’otages dans le Nord d’Israël pour dire enfin que le Hezbollah est une milice terroriste et que depuis 1979 à ce jour, l’Iran déstabilise toute la région et menace en permanence la paix mondiale.

Macron a sans doute de bonnes intentions et souhaite améliorer la situation chaotique dans les territoires palestiniens mais sans le démantèlement de l’arsenal militaire du Hezbollah et du Hamas tous les processus de paix seront voués à l’échec.