La force d’un peuple et la portée d’une décision

Depuis la nuit des temps, le peuple juif vit dans l’espoir des jours meilleurs. Avec une foi inébranlable et une arrogance intellectuelle, il combat l’indifférence des pays et la froideur des Etats. Il marche la tête haute et refuse l’injustice et la fatalité des événements. Devant les drames et les tragédies et face aux menaces, la nation juive surmonte les difficultés et les souffrances, et quand tout semble perdu, le miracle arrive toujours avec un sourire enchanté et radieux.

Malgré les divergences d’opinions, les fils d’Israël forment une grande famille unie et solidaire. C’est la force de ce peuple, de sa spécificité, mais c’est aussi un gage naturel et un contrat de fidélité.

La libération du jeune Guilad Shalit n’est pas simplement un acte noble d’humanisme mais une preuve éloquente que ce peuple est fondé sur l’espérance et la joie de vivre et il est prêt à payer le prix fort. Contrairement aux fanatiques musulmans qui cultivent le culte de la mort, et dont la croyance aveugle en Dieu justifie les attentats meurtriers et les massacres comme un impératif religieux, la nation juive prie pour la paix entre les hommes et glorifie la vie. Au moment où les images du jeune Guilad libéré ont apparu sur les écrans, d’autres reportages ont été diffusés sur les chaînes arabes avec des slogans de vengeance et des diatribes sanguinaires. La danse macabre et le lynchage bestial de Mouammar Kadhafi par ses propres compatriotes illustrent toute la différence entre nos civilisations et nos valeurs.

Pendant longtemps, Benjamin Netanyahou  était plongé dans un déchirant dilemme et s’est opposé farouchement à relâcher des terroristes. Comment ne pas comprendre celui qui a perdu un frère dans l’opération Entebbe? Comment justifier la libération massive d’êtres ignobles et sanguinaires? Et quoi dire aux familles des victimes? Mais comment ne pas admirer et applaudir la famille Shalit et son combat inlassable et noble pour la libération de leur fils. Le jeune Guilad est devenu un symbole pour toute une nation. Il était notre fils! Le jour de sa libération, c’est avec une larme à l’œil et un profond soupir de soulagement qui était plus vif que nos angoisses antérieures que nous avons suivi le fil des événements…Et soudain la joie a explosé dans les cœurs de toutes les familles juives.

L’image du sergent-chef Guilad, en uniforme de Tsahal, timide, ému, fragile mais confiant, saluant avec fierté le chef d’état-major et le chef du gouvernement, a réussi en un seul petit geste bouclé un chapitre douloureux entre l’Etat et ses fils soldats. Le blason a été redoré avec dignité. Les critiques et le grand retard ont été définitivement effacés. Netanyahou s’est enfin conduit comme un chef d’Etat attentif aux souhaits de son peuple. Il avait vérifié minutieusement toutes les options, et en raison de manque de renseignements précis sur le lieu de détention, il a abandonné l’opération militaire. En pesant le pour et le contre, écoutant attentivement les conseils et les avis des experts, les conséquences, les retombées, et les risques, il  a enfin tranché avec la tête froide. Sa décision courageuse a été prise contre ses propres convictions et son propre électorat et dans un contexte géopolitique nouveau.

Le Proche-Orient change de mains et de visages et les turbulences nous plongent dans l’incertitude. L’Egypte qui a joué un rôle déterminant  dans la libération de Shalit demeure le pays le plus influant  du monde arabe. Elle détient toujours la clé pour toute solution avec les Palestiniens et nous devrions renforcer les liens avec ce grand pays. Toutefois, son rapprochement et son soutien au Hamas est à double tranchant et risque de renforcer les Frères musulmans et al Qaïda. Quant à Mahmoud Abbas, il s’est affaibli considérablement et n’a joué aucun rôle dans la libération de Guilad Shalit. Sa dernière démarche à l’Onu devrait logiquement être mise dans un fond de tiroir et ne doit plus figurer à l’ordre du jour tant que les Palestiniens seront divisés et le Hamas soutenu également par l’Iran s’obstinera à ne pas reconnaître l’existence même de l’Etat juif. A cet égard, nous devons être très prudents concernant les véritables intentions de Mahmoud Abbas et ses déclarations sur la reprise éventuelle des négociations de paix.

Dans ce nouveau contexte, le gouvernement Netanyahou devrait surtout  réfléchir à adopter un code de conduite sur l’avenir des prises d’otages. Au lendemain de la libération de Guilad Shalit, nous devrions regarder la réalité sur le terrain avec sérénité et vigilance. Le Hamas n’est pas devenu soudainement modéré et humain, la lutte armée des Palestiniens n’a pas été non plus abandonnée. Le rôle des services de renseignements est plus que jamais crucial pour contrer des attentats et des prises d’otages. Aujourd’hui, Il est certain que tout échange asymétrique  encourage le fléau du terrorisme, affaibli notre dissuasion, et éloigne les chances de la paix.