La flottille de Gaza
La flottille de Gaza a été soutenue par les autorités turques et des preuves révèlent l’implication directe du bureau du Premier Ministre Tayyip Erdogan. Le soutien du gouvernement turc a été accompli par le réseau local des Frères musulmans. Il comprend la participation de représentants de l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie, et de nombreuses chaines de communications. Peu de temps avant le départ de la flottille, Erdogan a rencontré une délégation internationale des Frères musulmans dont des supporters de la flottille de Grande Bretagne et de France, et après l’arraisonnement du navire, il a adressé un ferme message de soutien. En outre, dans un discours prononcé en mars 2010, donc deux mois avant le départ de la flottille, le dirigeant du IHH, Bulent Yildirim, a laissé entendre qu’il avait obtenu une aide officielle des autorités turques en affirmant que le Marmara « naviguerait sous pavillon turc » et que si Israël l’arraisonnerait cela équivaudrait à une attaque contre un consulat turc. »
Les autorités locales ont facilité l’acquisition du Marmara ainsi que toutes les autorisations nécessaires de navigation au départ des ports turcs. Dans l’un des ordinateurs portables retrouvé par les services israéliens lors de l’arraisonnement du navire on a découvert des documents qui prouvent le soutien formel d’Erdogan et d’autres ministres qui affirment sans équivoque que si la flottille devrait rencontrer des difficultés « le gouvernement turc emploiera tous les moyens possibles pour pouvoir lui venir en aide.”
Le soutien du gouvernement turc n’est pas surprenant et il s’inscrit dans la politique interne et étrangère du parti au pouvoir durant ces dernières années. Les câbles du département d’Etat américain divulgués récemment révèlent les inquiétudes des Etats-Unis sur la nouvelle politique étrangère turque hautement activiste. Tels que les Frères musulmans qui envisagent la restauration de la loi islamique dans certaines parties de l’Europe autrefois sous l’étendard de l’Islam, certains dirigeants du parti AKP turcs expriment la croyance largement répandue selon laquelle la Turquie néo-ottomane souhaite redorer son blason : « reprendre l’Andalousie et ainsi se venger de la défaite du siège de Vienne en 1683. » Nombreux au AKP croient vraiment que le rôle de la Turquie est de répandre l’Islam en Europe.
Les câbles diplomatiques divulgués focalisent sur les liens idéologiques d’Erdogan dans le réseau mondial des Frères musulmans. Ils remontent aux années 70 quand Erdogan était déjà membre actif dans les rangs des jeunesses mondiales musulmanes (WAMY) un organisme de bienfaisance Wahhabite saoudien ayant des connexions avec des groupes terroristes et extrémistes dont les plus célèbres sont Al-Qaïda et le Hamas.
Depuis 2006, la Turquie est devenue la nouvelle plaque tournante du mouvement mondial des Frères musulmans, alors que le régime du Hamas dans la bande de Gaza a agi comme l’axe principal de cette activité. L’AKP a permis des activités aux éléments clés du mouvement mondial des Frères musulmans, et surtout à l’Union internationale des étudiants musulmans, dirigée par Sheikh Youssef Qaradawi.
La coopération entre les Frères musulmans et le gouvernement d’Erdogan semble avoir été fondée sur des intérêts mutuels. Erdogan et l’AKP étaient capables d’élaborer des objectifs « néo-ottomans » et de réaffirmer une sphère d’influence dans des anciennes régions islamiques, tout en manœuvrant les autres parties islamistes et en satisfaisant, en premier lieu la haine déclarée d’Erdogan à Israël. Pour leur part, les Frères musulmans étaient capables d’opérer hors d’un principal Etat sans aucune interférence normalement rencontrée ailleurs dans le monde arabe.
Erdogan a choisi de ne pas compter sur les organes officiels de l’Etat turc seulement, mais sur des organisations non-gouvernementales avec lesquelles lui et l’AKP ont tissé des liens étroits. Parmi les ONG turques les projecteurs se sont braqués sur l’IHH devenu par la suite le point de mire de la flottille. Toutefois, l’IHH n’agissait pas seul mais plutôt était une partie intégrante du réseau turc des Frères musulmans composé de sept ONG qui avaient des liens très étroits avec le mouvement mondial des Frères musulmans et avec la politique turque.
Ce réseau fonctionne tel un organisme de bienfaisance avec une capacité de juridiction organisationnelle. Deux de ses dirigeants sont turcs d’origine arabe et sont associés avec les organisations européennes des Frères musulmans.
Le réseau turc a été soutenu par la quasi-totalité du mouvement mondial des Frères musulmans, dont des membres vivant dans les pays du Moyen-Orient, étaient des passagers du Marmara. Les Frères musulmans tiennent fréquemment des conférences de presse et organisent des manifestations pour pouvoir diaboliser Israël. Ils ont initié des actions juridiques contre des dirigeants israéliens, et ont délivré une aide à tous ceux qui se trouvent en conflit avec Israël.
Bien que l’IHH ait déclaré que la flottille était de nature humanitaire, son passé historique prouve le contraire.
Certains fondateurs de l’IHH ont combattu en 1990 dans la brigade de moudjahidin de l’armée bosniaque avec de nombreux anciens combattants qui ont participé à la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan. En outre, l’IHH était en possession d’armes et explosifs, il a recruté des soldats pour le djihad et les a envoyé dans des zones de combat en Afghanistan, en Bosnie et en Tchétchénie.
Durant la dernière invasion américaine en Irak, l’IHH a fourni des dons aux zones sous contrôle des insurgés et notamment à Falloujah. Un magistrat français à témoigné devant un tribunal américain que l’IHH a joué fin 1999 un rôle important avec Al-Qaïda dans l’attentat manqué à l’aéroport international de Los Angeles.
L’IHH et le réseau turc des Frères musulmans ont de nombreux contacts avec le Hamas et avec son gouvernement à Gaza. Ils organisent des conférences de presse conjointes, échangent des délégations et participent à des rassemblements à Gaza. Le réseau turc/MB a également une relation avec l’Union du Bien, une coalition d’organismes de bienfaisance dirigée par Youssef Qaradawi qui a mobilisé des fonds pour le Hamas. Israël et les Etats-Unis ont désigné l’Union du Bien comme organisation terroriste.
L’intention de la flottille était de briser le blocus et de délégitimer l’Etat d’Israël.
L’IHH agit de concert avec le réseau turc/ MB et les Frères musulmans dans un effort constant d’accuser Israël de crimes contre l’humanité, de massacres et génocides en les comparant aux comportement des nazis dans les camps de concentration. Dans le cadre de cette campagne de dénigrement l’IHH a organisé de nombreuses réunions, des conférences de presse, des manifestations, et d’autres activités au cours desquelles ces accusations ignobles ont été faites.
Lors d’une réunion tenue en 2008 à Damas sur le droit du retour, le dirigeant du Hamas Khaled Mashaal a soulevé le concept de l’envoi d’une flottille à Gaza afin de briser le blocus israélien.
Les liens étroits du gouvernement turc avec les Frères musulmans ont des implications graves pour la Turquie et pour ses alliés occidentaux et l’Otan.
Jusqu’à ce jour, la Turquie a servi de pivot pour l’Occident et pour l’Otan en particulier. Toutefois, les Frères musulmans et ses filiales sont fortement antioccidentaux. Cela ressort clairement de la rhétorique propre de Qaradawi, et ses références rabâchées sur l’objectif ultime de dominer l’Europe par l’islam. Le président de l’IHH, Bulent Yildirim, perçoit le monde islamique en conflit direct avec l’Occident, mais aussi bien avec la Russie, la Chine, et l’Inde. Dans ces conditions, il serait bien difficile à la Turquie de se maintenir à long terme dans le rôle traditionnel d’allié fidèle de l’Occident.
Cette conclusion est le fruit d’une enquête approfondie publiée par le JCPA-CAPE. Voir le texte intégral dans le site en anglais.