La détermination de l’Iran à la confrontation
- La publication du dernier rapport de l’AIEA a motivé des personnalités importantes du régime iranien et les médias locaux à utiliser un langage menaçant et belliqueux et parfois méprisant à l’égard d’Israël et des Etats-Unis.
- Du point de vue iranien, le projet nucléaire en cours, et la « confrontation permanente » avec les Etats-Unis et Israël sert les intérêts de Téhéran dans la région. Il présente l’Iran comme un acteur clé et ferme face à l’Occident et une alternatif pour remodeler le Moyen-Orient.
- Dans ce contexte, tout compromis est écarté et le cycle actuel concernant le programme militaire nucléaire est considéré dans un contexte beaucoup plus large, voire vers un nouveau visage du Moyen- Orient.
- L’Iran a eu ces dernières années des contacts clandestins avec des mouvements islamiques, en particulier en Afrique du Nord et au Soudan.
Désormais, l’Iran pourra accroître ouvertement son influence dans les pays arabes dont les dictateurs soutenus par les Etats-Unis tombent l’un après l’autre.
- L’Iran réagit ouvertement avec l’appui des organisations palestiniennes à Gaza et avec le Hezbollah au Liban. Des actions qui sont lancées dans le cadre d’une « stratégie de défense » dans le cas d’une confrontation avec Israël et les Etats Unis.
Le débat qui anime les médias en Israël et en Occident sur la possibilité d’une attaque contre les installations nucléaires iraniennes suscite naturellement un grand intérêt en Iran. Depuis la publication du rapport de l’AIEA jetant la lumière sur la dimension militaire du programme nucléaire iranien et ses plans pour fabriquer des armes atomiques, il n’y a pas un jour où les ayatollahs et les médias iraniens ne lancent pas des menaces à l’égard d’Israël, des Etats-Unis, et du directeur de l’AIEA Yukiya Amano. Le représentant iranien au sein de l’Agence internationale, Ali Asghar Soltanieh, a déclaré que: « ce rapport est déséquilibré, non professionnel, et rédigé suite à des pressions politiques exercées principalement par les Etats-Unis ».
Le président iranien Ahmadinejad a lui déclaré que « l’Occident mobilise toutes ses forces et est clair que l’OTAN désire agir contre l’Iran. » Il a précisé dans un esprit apocalyptique et messianique que « nous nous approchons au point finale de la confrontation. » Une telle confrontation, a-t-il expliqué, ne sera pas nécessairement militaire et pourrait prendre une forme politique ou autre. Il a également averti qu’une attaque de l’OTAN contre la Syrie aurait des répercussions néfastes et explosives pour toute la région.
Le 4 novembre dernier, l’Iran a commémoré « l’anniversaire » de la prise d’otages à l’ambassade américaine à Téhéran et considère en effet les turbulences au Moyen-Orient et la montée croissante des islamistes (en Tunisie pour exemple) comme une preuve supplémentaire de la justice divine. Ces révoltes dans le monde arabo-musulman s’inscrivent dans une série de réalisations « glorieuses » au cours de cette dernière décennie, à savoir le retrait israélien du Liban, la Seconde Intifada, les guerres en Afghanistan (les Talibans) et en Irak (la chute de Saddam), la Seconde guerre du Liban et l’opération israélienne à Gaza en décembre 2009.
Téhéran est également encouragé par les positions de la Russie et de la Chine, qui ont octroyé (avec la Syrie) l’immunité contre des sévères sanctions du Conseil de sécurité.
Plus précisément, l’Iran est encouragé par sa capacité à résister aux sanctions et ainsi est prêt à prendre des risques, même au point de tenter d’assassiner l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis et déplacer ainsi le « champ de bataille » du Moyen-Orient à Washington.
Dans un éditorial publié par l’Agence de presse iranienne Mehr, l’auteur explique qu’une attaque militaire contre l’Iran ne peut être une option viable pour Israël et donne plusieurs raisons :
1. Une attaque ne pourra stopper le programme nucléaire iranien.
2. En dépit de l’estimation des stratèges israéliens et américains l’opération militaire ne pourrait retarder le programme iranien que de deux ans, et donc cela ne vaut pas la peine de lancer une guerre contre l’Iran.
3. Toute attaque contre l’Iran renforcerait la solidarité nationale de l’Iran.
4. L’Iran est préparé à confronter toute menace militaire et capable de rallier d’autres pays en cas de conflit armé.
5. Les services de renseignements israéliens et américains et leurs chefs militaires ne croient pas que le programme nucléaire iranien est une menace prioritaire et existentielle et savent parfaitement que le « printemps arabe » est une menace beaucoup plus importante.
Les observateurs iraniens appellent les dirigeants du pays d’adopter une diplomatie active pour contrer toute menace occidentale. Ils précisent qu’Israël utilise une tactique pour faire peur au monde et attirer l’attention sur la question nucléaire, espérant augmenter la pression sur la Russie et la Chine pour qu’elles soutiennent de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité. Selon ces observateurs, il s’agit d’une nouvelle guerre psychologique d’Israël et de l’Occident et non pas une réelle intention d’attaquer l’Iran. Ils rappellent que la difficulté d’attaquer les installations nucléaires parce ce que ces sites sont dispersés et souterrains.
Ils précisent qu’une opération militaire serait considérée comme un acte d’agression et violation des conventions internationales, et par conséquent l’Iran abandonnera le traité de non prolifération (TNP) et donc n’autorisera plus la présence des inspecteurs. Pour pouvoir neutraliser la guerre psychologique, l’Iran devrait adopter une diplomatie active en tandem avec la Russie et la Chine.
En conclusion, l’Iran marque des points dans la rue arabe et les Gardiens de la Révolution continuent à jouer un rôle central à l’égard de la politique intérieure et du programme nucléaire. Dans ce contexte, il faut s’attendre à une détermination plus ferme pour exporter la révolution islamique par les forces el Qouds. Ils ont déjà agit en Irak, en Afghanistan, et ailleurs, et sont déterminés à poursuive leur combat vers la confrontation finale.