La dissuasion et le chantage nucléaire

Le monde actuel  tourne à l’envers. Les principaux acteurs changent de mains et de visages. Les rôles sont inversés. Le mal est le bien. Le bon est le mauvais et l’agresseur est la victime. On assiste au théâtre de l’absurdité dans l’indifférence mortelle, dans l’insouciance glaciale, et dans le désarroi hypocrite. L’Iran, un régime fanatique et abject dicte sa loi et se moque éperdument des traités internationaux et les dirigeants de la planète laissent faire et changent brusquement de cap en mettant Israël sur la sellette. Ils se mobilisent soudain et exercent des pressions pour que l’Etat juif adhère à une convention internationale, le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), un traité bafoué quotidiennement par des pays signataires tels que la Corée du Nord, l’Iran ou le Pakistan.  Aucune sanction paralysante n’est adoptée contre ces pays voyous. L’Occident ne possède aucune garantie sur la bombe atomique pakistanaise, et elle risque de tomber dans les mains des terroristes talibans, et pourtant des chancelleries et des instances internationales s’acharnent contre Israël pour qu’il permette une inspection totale de ses installations… Ineptie et absurdité!

Notre monde a la mémoire courte,  déjà  en janvier 1964, trois ans avant la guerre des Six Jours et au moment de la création de l’OLP, Israël a adhéré  aux accords multilatéraux de contrôle d’armes nucléaires et a ratifié  le Traité interdisant certains essais nucléaires. Le 10 juin 1968, Israël  a voté en faveur de la Résolution 2373 de l’Assemblée générale des Nations-Unies, adoptant le texte du traité  sur la non-prolifération. Au fil des années, et en étudiant  les différentes aspects du TNP nous avons constaté que des pays de la région bafouent systématiquement les clauses et qu’il était impossible de mettre, en œuvre et de bonne foi, l’application du TNP dans une région en guerre permanente et demeurant instable. A l’exception de l’Egypte et de la Jordanie, les autres Etats arabes et musulmans ne reconnaissent pas notre existence et refusent de négocier avec nous pour aboutir à une paix viable. L’Iran menace publiquement de nous anéantir par l’arme atomique et refuse obstinément de collaborer avec les organisations internationales sur son projet nucléaire.  Dans les années 80, l’Irak refusait tout contrôle d’inspecteurs, Bagdad s’acheminait tranquillement et avec l’aide de la France, vers la construction d’une bombe atomique, et seul Israël a eu le courage et l’audace de l’empêcher. Hier, on a condamné le gouvernement Begin mais aujourd’hui, après coup, on applaudit cette action spectaculaire, cette grande première dans les annales de l’histoire contemporaine.  Sans garanties complètes et efficaces,  un Etat responsable comme Israël, ne pourra adhérer  à une convention qui ne sera pas appliquée avec vigueur.

Le président Obama se berce d’illusions et agit dans cette affaire avec une naïveté flagrante et un chantage transparent. La solution du problème palestinien ne réglera pas  la dénucléarisation du Moyen-Orient et il serait dangereux de lier les deux dossiers. Les menaces de Téhéran sont réelles et existentielles, elles visent non seulement l’Etat juif, mais aussi le Golfe persique et tout le bassin méditerranéen. Elles menacent visiblement la paix mondiale.

La politique  d’Obama qui consiste à s’habituer à un Iran nucléarisé est grave. Il se trompe en comparant l’Iran à l’Union Soviétique durant la Guerre froide. Moscou n’a jamais menacé l’Etat juif d’anéantissement et a reconnu dés le premier jour l’existence d’Israël. La politique d’Obama risque au contraire de favoriser la course de l’armement destructif. La bombe atomique est doublement et terriblement dangereuse car elle est manipulée par des religieux fanatiques. Israël, pays démocratique responsable, n’a jamais eu des intentions apocalyptiques. Jérusalem a su garder la tête froide même lors de la guerre de Kippour, au moment où tous les Israéliens et notamment les rescapés de la Shoah regardaient la mort en face!

Dans ce contexte, Israël ne devrait pas changer sa politique de dissuasion mais réviser sa campagne diplomatique  par des initiatives à la fois discrètes et publiques avec les Américains et les Européens. Dans la jungle du Moyen-Orient, la suspicion et la ruse stratégique demeurent plus que jamais l’art de la dissuasion.