La danse diplomatique avec le Hamas

En 2006, le Hamas a créé une « république islamique » à Gaza et il est probablement dans une position de force pour reproduire ce succès en Cisjordanie. Les  facteurs pour pouvoir réaliser la main mise du Hamas dans la totalité des territoires palestiniens dépendent des considérations de l’opportunité politique et des contre-mesures efficaces de la part d’Israel.
Pour les chancelleries, les questions essentielles demeurent: quand le Hamas changera t-il de politique? Quand abandonnera t-il ses revendications sur la destruction de l’Etat d’Israel?
Le Hamas, la branche palestinienne des Frères musulmans, considère la lutte pour la Palestine non pas comme un conflit politique ordinaire entre deux nations rivales (israélienne et palestinienne), ni même comme une lutte pour l’autodétermination nationale contre un occupant étranger. Pour le Hamas, la Palestine est une bataille, une guerre sainte planétaire qui a pour but d’éviter la prise des intérêts de l’Islam par les infidèles.
Les discours des dirigeants du Hamas sont claires et limpides et éloquentes sont les paroles de leur ministre des Affaires étrangères, Mahmoud el Zahar qui rejette l’idée de créer un Etat palestinien indépendant. L’objectif principal est  d’établir un grand Etat islamique, qui soit « pan- arabe ou pan- islamique ».
L’extrême conviction du Hamas est qu’un état de guerre perpétuel existe entre lui et quiconque, qui soit musulman ou non musulman, celui qui refuse à suivre la voie d’Allah ne peut être respecté. Il ne pourrait y avoir un compromis avec les convictions politiques culturelles religieuses qui différent des siennes. Son engagement à l’utilisation de la violence comme un devoir religieux signifie qu’il ne pourra jamais accepter un arrangement politique qui ne correspond pas à ses préceptes radicaux.

Juste après sa rencontre à Damas Khaled Mashal, l’ancien président américain, Jimmy Carter, a déclaré que le Hamas est prêt à accepter un Etat juif comme « voisin » et voilà que le groupe islamiste radical  démontre le jour même que sa vision de la coexistence pacifique est traduite par la tentative la plus ambitieuse de kidnapper des soldats israéliens et par la détonation de deux attentats à la voiture piégée dans un poste frontalier,  utilisé essentiellement pour l’acheminement de produits alimentaires de base pour la population locale.  Quant au ministre des Affaires étrangères du Hamas, Mahmoud el Zahar, il a réaffirmé l’engagement de son organisation à la destruction d’Israël par la subversion démographique (« le droit du retour ») et a juré de poursuivre « la lutte armée » contre le « crime fondamental au cœur de l’Etat juif ». Attala Abou Soubh, ministre de la Culture du Hamas, amplifie cette affirmation en déclarant: « Tout ce que nous voyons dans le monde arabe et partout dans le monde est le Mal Juif, leur supercherie, leur ruse, leur guerre, leur contrôle du monde, et leur mépris pour tous les peuples de la terre». Il faut savoir dit-il que sont idéologie” est basé sur les Protocoles des Sages de Sion- la foi que tout  Juif  porte dans son cœur ».
La voie que cherche le Hamas dans un processus politique vise à tromper l’opinion publique internationale et à dissimuler  son objectif majeur qui est  de détruire l’Etat sioniste. Pourtant, certains en Europe et en Amérique pensent que le Hamas est sincère dans son choix politique.  Un groupe bipartite d’anciens responsables américains, dirigé par Zbigniew Brezinski et Brent Scowcroft, a appelé à « un véritable dialogue » avec le Hamas. L’ancien Secrétaire d’Etat, Colin Powell a même déclaré  qu’un certain moyen devrait être trouvé pour pouvoir parler avec le Hamas.

Certains israéliens ont également rejoint le chœur d’appel pour des entretiens avec le Hamas. « Avant d’être entraînés dans une opération militaire dans la bande de Gaza, nous devons épuiser l’autre possibilité. » a écrit le journaliste Ari Shavit. «Nous devons offrir au Hamas : une république islamique à Gaza en échange d’une démilitarisation complète. Une vie paisible et épanouie en échange d’une renonciation à la violence et aux armes.

Shavit est conscient que sa proposition est susceptible d’être rejetée, que le Hamas « tend à préférer la mort d’israéliens à la vie des palestiniens. » Pourtant, il estime que s’il y a la moindre chance d’une négociation franche avec le Hamas ; telle est la voie des négociations qu’on devrait prendre. Un accord destiné à  donner à ceux qui vivent dans l’autre côté de la clôture une véritable occasion à poser l’épée, mettre le coran dans les vestiaires et devenir de véritables voisins. »
Cette optique est sans doute naïve car pourquoi le Hamas devrait payer un prix si fort sur une base qu’il possède déjà. Le Hamas n’a pas besoin de consentement d’Israël pour établir une « république islamique » à Gaza. Il l’a fait précisément au début de 2006, face à un Israël incrédule, et il est probablement en mesure de reproduire ce succès en Cisjordanie. Il peut également obtenir une paix durable et paisible pour les résidents de Gaza à tout moment donné, à condition qu’il arrête les attaques de roquettes sur les villes et villages israéliens et n’enverrait pas « des “Chahids » se faire exploser parmi l a population israélienne.
Israël n’est pas non plus en mesure d’atteindre un « accord populaire» étant donné l’érosion de sa force de dissuasion qui a débuté depuis les accords d’Oslo et en particulièrement à la suite des échecs de Camp David et le déclenchement de la Deuxième Intifada sans évoquer bien sûr les conséquences de la Deuxième guerre du Liban.
Cette guerre et la pluie de milliers de roquettes  sur les localités du sud d’Israël au cours des huit dernières années, et cela en dépit d’innombrables menaces israéliennes de punition sévère, ont donné un avant-goût aux Palestiniens d’aboutir à une « paix de voyous ».
Rappelons que le Hamas est la branche palestinienne des Frères musulmans. Sa charte présente cette organisation comme le « fer de lance et l’avant-garde de la lutte armée contre le sionisme mondial et la lutte contre le bellicisme des Juifs… ».
Plus encore, conformément à sa charte, le Hamas a été crée non seulement pour « libérer la Palestine de l’occupation sioniste » ou éliminer les juifs, mais pour poursuivre les objectifs  nobles  de répandre le message saint d’Allah et défendre les « opprimés » dans le monde : « Le mouvement de la résistance islamique ne ménagera aucun effort pour mettre en oeuvre la vérité et abolir le Mal, en parole et en fait, à la fois ici et dans tout autre endroit où il peut tendre la main et exercer une influence. »

Le Hamas se considère aussi comme une partie intégrale d’un grand réseau djihadiste qui lutte avec l’occident. Mahmoud el Zahar a exprimé l’espoir que les victoires du Hamas à Gaza inspireront les Moudjahidines en Irak et en Afghanistan. En outre, Khaled Mashaal a déclaré dans une mosquée de Damas au début de l’année 2006 ; « l’Occident n’apprend pas les leçons ; sachez que vous serez vaincus par la force d’Allah » et il a ajouté : « demain notre pays va pouvoir prendre le siège du  trône du monde » il a évoqué les chrétiens persécutés du Timor oriental et le génocide du Soudan à Darfour en s’identifiant aux causes islamiques mondiales.
Nul le doute qu’en légitimant un groupe djihadiste de ce type, les chancelleries occidentales encouragent la lutte inlassable du monde libre contre le terrorisme international, le fléau qui frappe toutes nos sociétés.
Le Hamas n’est manifestement pas une organisation dont l’idéologie peut être intégrée dans un processus politique sans porter atteinte aux valeurs démocratiques et aux normes de la société civile. Le Hamas n’est pas intéressé par la signature d’une paix véritable et sincère avec Israël et tous les appels et déclarations d’accalmies ou de trêves ne sont qu’une tactique réfléchie dans la stratégie du Hamas de mettre un terme à l’existence de l’Etat juif.