La conversion en Europe et le terrorisme
La conversion à l’Islam chez les Européens est en hausse. De nombreux convertis vivent en paix au sein de leurs propres sociétés. Certains se convertissent pour raison de mariage, et rejettent la culture contemporaine et les valeurs judéo-chrétiennes européennes.
Cependant, une minorité adopte les interprétations radicales de l’Islam et pourront poser des risques sécuritaires. La participation des musulmans convertis dans les attaques terroristes récentes a suscité une inquiétude en Europe. Bien que les services de renseignements et les services de sécurité dépistent les communications internationales et sont vigilants aux postes frontières, certains terroristes posent une menace concrète à la sécurité des démocraties occidentales. Les services de sécurité européens et les hommes politiques demeurent perplexes et non préparés à l’expansion de ce nouveau fléau.
En Europe, il y est difficile d’obtenir des données mêmes relatives à la conversion de l’Islam en raison de manques de véritables statistiques. Les communautés musulmanes forment en générale une structure informelle avec un clergé non officiel et les registres ne sont guère tenus avec vigueur. En France, par exemple, les différentes institutions étatiques n’enregistrent pas les appartenances religieuses des citoyens pour pouvoir sauvegarder l’engagement de la France aux principes de la République et à la laïcité. Dans les bureaux d’enregistrement allemands, les résidents musulmans sont inclus dans un groupe de « différentes appartenances religieuses ». Apparemment les allemands convertis ne seraient qu’une ” minorité” entre 12 ,000 et 100,000 au sein de la totalité de la population musulmane qui compte 2 .8 à 3.2 millions. Celle-ci constitue moins de 4% de toute la population d’Allemagne.
En 2006, Le ministère fédéral de l’Intérieur a commandé une étude au ZIIAD (Zentralinstitut Islame-Archiv Deutschland) afin de déterminer le nombre des convertis, mais prenant compte de ses conclusions exagérées il a mis fin à ses relations avec cet Institut.
Néanmoins, il semble que les conversions et la sensibilisation islamique des convertis sont en hausse. Thomas Hamza Fischer, le fondateur du Centre des Informations Islamiques (IIZ) à Um, une ville à Baden-Wurttemberg , connu pour sa position islamique radicale, s’est tué dans des combats à Chechnya. La revue du IIZ, Denk mak Islamisch (Pensée Islamique) qui est adaptée aux convertis, adresse ses publications comme un soutien émotionnel et personnel. La Police, le Bureau fédéral allemand pour la protection de la Constitution (FOC), ainsi que les Centres d’Information Islamiste affirment que le nombre des convertis qui ont visité le centre depuis l’été 2007 est plus élevé par rapport aux années précédentes.
Au cours de ces dernières années, la police et les services de renseignements sont plus conscients de la menace du terrorisme des convertis à l’islam. En 2003, le juge Jean Louis Bruguière, l’ancien juge français d’instruction, chargé de la lutte contre les affaires anti-terroristes, a observé qu’Al-Qaïda a augmenté ses efforts de recrutement en Europe et qu’il était particulièrement intéressé par les femmes pour pouvoir les convertir à l’Islam. En mars 2004, le service des renseignements généraux néerlandais (AIVD) a publié une enquête sur les milieux de recrutement pour le jihad, et l’année suivante, le British Home et les bureaux des Affaires étrangères ont publié une étude similaire. En août 2007, le Département de la police de New York a publié un rapport sur la radicalisation dans les sociétés occidentales en se concentrant sur les tendances du terroriste et en mettant l’accent sur le rôle croissant des convertis dans les complots terroristes.En 2004, l’assassinat du cinéaste hollandais Theo Van Gogh, les attentats à la bombe contre un train à Madrid, et la série d’attentats dans le métro et les bus de Londres, ont démontré que des citoyens européens, convertis à l’islam peuvent conduire à des actes odieux contre leurs pays respectifs.
Le 4 septembre 2004, les services allemands de sécurité ont arrêté trois hommes pour complot à l’attentat à la bombe contre la base militaire américaine à Ramstein, des pubs et boites de nuits fréquentés par des américains. Deux d’entre eux étaient des allemands convertis à l’Islam. Ce complot n’était pas le premier impliquant des allemands convertis. En 1997, les services israéliens de sécurité ont détenu un citoyen européen, à l’aéroport international Ben Gourion alors qu’il tentait d’entrer en Israël. Il a été envoyé par le Hezbollah pour inspecter des objectifs et des cibles d’attaque terroriste.
En 2002, Christian Ganczarski, un immigrant polonais d’origine allemande qui s’était converti à l’Islam en 1986, a joué le rôle d’intermédiaire entre la direction d’al Qaïda et le terroriste qui a effectué l’attentat suicide contre la synagogue de Djerba. 21 personnes ont été tuées. En 2006, la police a arrêté une allemande âgée de 40 ans qui avait cherché à se rendre en Irak avec son fils âgé d’un an, afin d’effectuer un attentat suicide.
Pour les terroristes islamistes, l’européen converti est un bon recrutement. Il est toujours à l’aise au sein de la société, il est conscient des règles informelles, et il est capable de circuler librement sans éveiller des soupçons. Leur citoyenneté leur permet de voyager librement selon les accords de Schengen et facilite leur entrée aux USA.
Richard Reid, un anglais converti à l’Islam qui a tenté de faire exploser un avion de ligne avec des explosifs cachés dans ses chaussures et qui était à bord d’un vol vers les Etats-Unis avec un visa d’exemption, a mis en évidence la menace des convertis européens aussi bien dans leurs propres pays qu’aux Etats-Unis.
Excepté les demandes de visas pour les Anglais, les Français, et les titulaires de passeport allemand, les autorités américaines ont demandé que leurs compagnies aériennes leur fournissent des listes détaillées des passagers sur les vols vers les Etats-Unis. Les transporteurs européens
ont fait de même.
Les services de sécurité européens ne sont pas sûrs sur la manière à résoudre le problème des convertis radicaux en grande partie en raison de leur incertitude quant à la façon d’intégrer la sécurité avec les libertés d’intérêts civils. L’abandon des postes de contrôle de passeports, le long des frontières intérieures européennes est au cœur du débat et du processus d’intégration. La situation est complexe car des contraintes existent. Les Etats-Unis devraient s’adapter au fait que les criminels franchisent avec audace les frontières et le public européen se méfie toujours de toute mesure qui pourrait mener les institutions européennes à confier aux services de renseignements et à la police la charge sans contrainte de la surveillance du territoire européen.
Cependant au niveau national, il y a urgence à superviser les convertis à l’Islam. En septembre 2007, Gunther Beckstein, le ministre bavarois de l’Intérieur, a proposé d’enregistrer et d’observer chaque converti à l’Islam en Allemagne afin de déterminer si le futur musulman poursuivrait une orientation libérale ou islamiste. Cette proposition a provoqué un tollé général. Les critiques à cette proposition disent que cela mettrait les convertis sous un soupçon collectif à caractère religieux, ce qui est en contradiction totale avec le principe de la liberté des cultes. Ces propositions populistes sont aussi susceptibles d’être contreproductives. Rien n’est acquis en plaçant les convertis sous surveillance simplement parce qu’ils sont mariés à un musulman ou parce qu’ils ont trouvé une satisfaction religieuse dans la théologie islamique. De telles tactiques pourraient se retourner contre elles si elles aliénaient le converti, et si elles devaient nécessiter un investissement massif dans la collecte de renseignements pour un retour douteux.
Elles seraient également impopulaires au niveau national. Les Européens devraient certainement faire valoir que la conversion à l’Islam pourrait non seulement émettre des soupçons mais elle est à l’encontre des idéologies du libéralisme européen.
Cependant, le profil du terroriste potentiel ne devrait pas être tabou. Cela demande une meilleure compréhension de la mentalité aussi bien de l’individu converti que du groupe dans lequel l’individu se convertit. Plusieurs convertis embrassent leur nouvelle foi avec zèle, et les groupes islamistes peuvent canaliser cette ferveur dans un processus de radicalisation rapide. De nouveaux convertis sont souvent moins compétents dans le domaine religieux que les chefs religieux, mais sont désireux de combler les lacunes, ce qui les rend sensibles à l’endoctrinement par des organisations comme le Centre des Informations Islamistes.
Dans les grandes villes comme Berlin, les défenseurs de diverses tendances islamiques recrutent souvent les nouveaux convertis. Parmi les plus agressifs sont les Salafistes. Ce mouvement sunnite revendique un retour à l’islam d’origine. En voulant explorer et étudier en profondeur leur nouvelle religion, les nouveaux convertis sont souvent attachés aux interprétations fondamentalistes pour chercher l’Islam « pur » et « véritable ». Les sites des djihads renforcent réellement cette recherche. Par ce biais Sonja B, le terroriste de l’attentat suicide à la bombe en Irak, a découvert l’Islam militant.
Des bourses étrangères fournissent aussi un moyen de recrutement. Après sa conversion mais avant de devenir un terroriste impliqué, Ganczrski, l’intermédiaire allemand d’Al Qaida, a étudié l’Islam avec une bourse à l’Université de Medina, décrit par l’Institut allemand de l’Orient comme « réservoir de recrutement » pour les islamistes.
Après son arrestation, Ganczarski affirma qu’il y avait une vague de recrutement pour ces bourses en Allemagne au milieu des années 90, ciblant les jeunes convertis. Après son retour d’Arabie Saoudite où probablement il a été radicalisé, il a poursuivi en Tchétchénie et au Pakistan aussi bien qu’en Afghanistan et c’est là qu’il a rencontré Oussama Bin Laden.
Apparemment, l’Arabie Saoudite fournit des milliers de bourses de ce genre. Le fond du converti est aussi important que la nature du groupe qui l’absorbe. Ceux qui se convertissent à l’Islam pour des raisons pratiques, telle que se marier à une femme musulmane, deviennent rarement extrémistes. Les autres sont prédisposés au radicalisme. Symrek est un exemple extrême : Il a toujours été un radical et a activement cherché des groupes terroristes islamistes afin de devenir un kamikaze.
L’arrière plan socio-économique du converti est un autre facteur essentiel. La conversion est, d’une part la migration d’un monde à un autre, décrit par le sociologue Thomas Luckman comme une décision de faire des achats dans un supermarché de marchandises de culte. Comme l’individu essaie de concilier les systèmes de son ancienne et nouvelle croyance, il choisit des explications qui répondront au mieux à ses besoins. Parfois, cela implique l’approbation du terrorisme comme un moyen de redresser les torts perçus.Il semble y avoir trois motifs dominants derrière la décision de se convertir à l’Islam :
-Le premier est la recherche d’un groupe qui servira au converti de sens et d’orientation – par exemple en respectant la sharia (loi islamique) qui prescrit les règles que le converti considère « non arbitraires », comme des lois faites par l’homme.
L’hypothèse de la foi religieuse implique souvent une personne qui cherche un but plus élevé, un désir de cesser de vivre « d’une partie à une autre ou d’un jeu de basket à un autre. La quête pour une intégration sociale est un autre facteur important. « Lorsque je rencontre des frères que je n’ai jamais vus auparavant, je me sens à la maison, accepté et dans le droit chemin » a expliqué un converti.
-Le second, un converti peut chercher un moyen par lequel il peut exprimer ses critiques envers la société occidentale ou partager avec d’autres son sentiment d’aliénation de la culture dominante : « je suis devenu musulman lorsque le communisme s’est effondré, et je n’ai pas voulu du capitalisme.
-Le troisième, il peut désirer un mode de vie qui permet à l’individu d’exprimer ses idées au quotidien si ce n’est seulement qu’en priant cinq fois par jour. (« Je ressens comme si je vis dans une société parallèle. Mais j’ai un sentiment merveilleux »).
Souvent, l’Islam a une réputation négative en Europe, la conversion à l’Islam permet au converti de projeter ses sentiments de rébellion. En effet, Olivier Roy du Centre National Français pour la Recherche Scientifiques a suggéré que l’Islam radical équivaut à une identité de protestation.
Certains convertis défendent catégoriquement l’Islam comme la meilleure alternative à la société occidentale post- industrielle.
Telle est la raison d’être de Murad Wilfried Hofmann, un ancien diplomate allemand qui s’est converti à l’Islam en 1980 et depuis a agi comme dirigeant intellectuel des convertis allemands. Ayyub Axel Kohler, le Président actuel du Conseil Central des Musulmans en Allemagne, qui s’est converti à l’Islam en 1963, avait remarqué que l’Islam est un mode de vie qui offre à ses membres la possibilité d’éviter l’aliénation de vie dans les sociétés occidentales. Il y a aussi le cas de Garaudy en France.
Si le nombre de conversions à l’Islam en occident est en hausse, la critique culturelle sous tendant de telles conversions devient pertinente. Les questions d’identité jouent un rôle important, comme le font la globalisation et les communications modernes, qui ont permis l’exploration de nouvelles identités. Lorsque les sociétés perdent de leur cohérence, les menaces augmentent de l’intérieur.Aujourd’hui, les membres de l’Union Européenne se trouvent face à un nouveau défi qui transcende le paradigme de la sécurité nationale traditionnelle et qui dévoile des menaces internes et externes. Dans une fédération d’Etats à une échelle aussi large telle que l’Union européenne, l’objectif de promouvoir la paix et la stabilité est lié avec les intérêts nationaux des Etats membres et leur habileté de collaborer pour assurer la sécurité pour le plus grand nombre possible. La réponse aux questions de la manière d’équilibrer les libertés civiles avec les intérêts de la sécurité légale reste évasive.
Les difficultés émanent du fait que les affaires judiciaires et l’application des lois et des codes de conduite demeurent nationaux plutôt de promouvoir des efforts transnationaux.
Le cadre indépendant pour la coopération en matière de justice et des affaires intérieures, mis en place avec le traité de Maastricht en 1993, est resté intergouvernemental. Les décisions doivent être unanimes. Dans la situation actuelle les négociations se prolongent des années et mènent à des restrictions juridiques complexes.
Même si on a pensé que les attaques du 11 septembre ont changé les priorités et ont créé un élan pour la restructuration institutionnelle, les Etats membres de la Communauté européenne restent réticents sur des questions de souveraineté et de sécurité interne.
Cette complexité a crée des dissuasions structurales à la collaboration. La coopération transfrontalière informelle et le recours informel aux renseignements et au partage des données est significatif.
La création en 2004 d’un poste de coordinateur pour l’UE pour lutter contre le terrorisme était un pas dans la bonne direction, mais le coordinateur n’a pas de mandat ni de ressources.
Wolfgang Munchau, rédacteur au Financial Times a bien cerné le problème en écrivant que « les terroristes en Europe pensent, en matière de sécurité comme des, Européens. Leurs soucis est plus grand que plusieurs organismes des pays d’Europe.”.
En fin de compte, les Etats européens sont responsables de leurs citoyens. Si certains Etats restent réticents et ne cèdent pas à certains aspects de leur souveraineté pour surveiller plus efficacement les activités islamistes à travers l’Europe, leur capacité en souffrira, et à terme, leur propre sécurité en souffrira. Pour faire avancer le processus, l’Union européenne doit entamer un dialogue ouvert et franc avec la communauté islamiste afin de ne pas tomber dans le piège de l’islamophobie.
Cependant, une minorité adopte les interprétations radicales de l’Islam et pourront poser des risques sécuritaires. La participation des musulmans convertis dans les attaques terroristes récentes a suscité une inquiétude en Europe. Bien que les services de renseignements et les services de sécurité dépistent les communications internationales et sont vigilants aux postes frontières, certains terroristes posent une menace concrète à la sécurité des démocraties occidentales. Les services de sécurité européens et les hommes politiques demeurent perplexes et non préparés à l’expansion de ce nouveau fléau.
En Europe, il y est difficile d’obtenir des données mêmes relatives à la conversion de l’Islam en raison de manques de véritables statistiques. Les communautés musulmanes forment en générale une structure informelle avec un clergé non officiel et les registres ne sont guère tenus avec vigueur. En France, par exemple, les différentes institutions étatiques n’enregistrent pas les appartenances religieuses des citoyens pour pouvoir sauvegarder l’engagement de la France aux principes de la République et à la laïcité. Dans les bureaux d’enregistrement allemands, les résidents musulmans sont inclus dans un groupe de « différentes appartenances religieuses ». Apparemment les allemands convertis ne seraient qu’une ” minorité” entre 12 ,000 et 100,000 au sein de la totalité de la population musulmane qui compte 2 .8 à 3.2 millions. Celle-ci constitue moins de 4% de toute la population d’Allemagne.
En 2006, Le ministère fédéral de l’Intérieur a commandé une étude au ZIIAD (Zentralinstitut Islame-Archiv Deutschland) afin de déterminer le nombre des convertis, mais prenant compte de ses conclusions exagérées il a mis fin à ses relations avec cet Institut.
Néanmoins, il semble que les conversions et la sensibilisation islamique des convertis sont en hausse. Thomas Hamza Fischer, le fondateur du Centre des Informations Islamiques (IIZ) à Um, une ville à Baden-Wurttemberg , connu pour sa position islamique radicale, s’est tué dans des combats à Chechnya. La revue du IIZ, Denk mak Islamisch (Pensée Islamique) qui est adaptée aux convertis, adresse ses publications comme un soutien émotionnel et personnel. La Police, le Bureau fédéral allemand pour la protection de la Constitution (FOC), ainsi que les Centres d’Information Islamiste affirment que le nombre des convertis qui ont visité le centre depuis l’été 2007 est plus élevé par rapport aux années précédentes.
Au cours de ces dernières années, la police et les services de renseignements sont plus conscients de la menace du terrorisme des convertis à l’islam. En 2003, le juge Jean Louis Bruguière, l’ancien juge français d’instruction, chargé de la lutte contre les affaires anti-terroristes, a observé qu’Al-Qaïda a augmenté ses efforts de recrutement en Europe et qu’il était particulièrement intéressé par les femmes pour pouvoir les convertir à l’Islam. En mars 2004, le service des renseignements généraux néerlandais (AIVD) a publié une enquête sur les milieux de recrutement pour le jihad, et l’année suivante, le British Home et les bureaux des Affaires étrangères ont publié une étude similaire. En août 2007, le Département de la police de New York a publié un rapport sur la radicalisation dans les sociétés occidentales en se concentrant sur les tendances du terroriste et en mettant l’accent sur le rôle croissant des convertis dans les complots terroristes.En 2004, l’assassinat du cinéaste hollandais Theo Van Gogh, les attentats à la bombe contre un train à Madrid, et la série d’attentats dans le métro et les bus de Londres, ont démontré que des citoyens européens, convertis à l’islam peuvent conduire à des actes odieux contre leurs pays respectifs.
Le 4 septembre 2004, les services allemands de sécurité ont arrêté trois hommes pour complot à l’attentat à la bombe contre la base militaire américaine à Ramstein, des pubs et boites de nuits fréquentés par des américains. Deux d’entre eux étaient des allemands convertis à l’Islam. Ce complot n’était pas le premier impliquant des allemands convertis. En 1997, les services israéliens de sécurité ont détenu un citoyen européen, à l’aéroport international Ben Gourion alors qu’il tentait d’entrer en Israël. Il a été envoyé par le Hezbollah pour inspecter des objectifs et des cibles d’attaque terroriste.
En 2002, Christian Ganczarski, un immigrant polonais d’origine allemande qui s’était converti à l’Islam en 1986, a joué le rôle d’intermédiaire entre la direction d’al Qaïda et le terroriste qui a effectué l’attentat suicide contre la synagogue de Djerba. 21 personnes ont été tuées. En 2006, la police a arrêté une allemande âgée de 40 ans qui avait cherché à se rendre en Irak avec son fils âgé d’un an, afin d’effectuer un attentat suicide.
Pour les terroristes islamistes, l’européen converti est un bon recrutement. Il est toujours à l’aise au sein de la société, il est conscient des règles informelles, et il est capable de circuler librement sans éveiller des soupçons. Leur citoyenneté leur permet de voyager librement selon les accords de Schengen et facilite leur entrée aux USA.
Richard Reid, un anglais converti à l’Islam qui a tenté de faire exploser un avion de ligne avec des explosifs cachés dans ses chaussures et qui était à bord d’un vol vers les Etats-Unis avec un visa d’exemption, a mis en évidence la menace des convertis européens aussi bien dans leurs propres pays qu’aux Etats-Unis.
Excepté les demandes de visas pour les Anglais, les Français, et les titulaires de passeport allemand, les autorités américaines ont demandé que leurs compagnies aériennes leur fournissent des listes détaillées des passagers sur les vols vers les Etats-Unis. Les transporteurs européens
ont fait de même.
Les services de sécurité européens ne sont pas sûrs sur la manière à résoudre le problème des convertis radicaux en grande partie en raison de leur incertitude quant à la façon d’intégrer la sécurité avec les libertés d’intérêts civils. L’abandon des postes de contrôle de passeports, le long des frontières intérieures européennes est au cœur du débat et du processus d’intégration. La situation est complexe car des contraintes existent. Les Etats-Unis devraient s’adapter au fait que les criminels franchisent avec audace les frontières et le public européen se méfie toujours de toute mesure qui pourrait mener les institutions européennes à confier aux services de renseignements et à la police la charge sans contrainte de la surveillance du territoire européen.
Cependant au niveau national, il y a urgence à superviser les convertis à l’Islam. En septembre 2007, Gunther Beckstein, le ministre bavarois de l’Intérieur, a proposé d’enregistrer et d’observer chaque converti à l’Islam en Allemagne afin de déterminer si le futur musulman poursuivrait une orientation libérale ou islamiste. Cette proposition a provoqué un tollé général. Les critiques à cette proposition disent que cela mettrait les convertis sous un soupçon collectif à caractère religieux, ce qui est en contradiction totale avec le principe de la liberté des cultes. Ces propositions populistes sont aussi susceptibles d’être contreproductives. Rien n’est acquis en plaçant les convertis sous surveillance simplement parce qu’ils sont mariés à un musulman ou parce qu’ils ont trouvé une satisfaction religieuse dans la théologie islamique. De telles tactiques pourraient se retourner contre elles si elles aliénaient le converti, et si elles devaient nécessiter un investissement massif dans la collecte de renseignements pour un retour douteux.
Elles seraient également impopulaires au niveau national. Les Européens devraient certainement faire valoir que la conversion à l’Islam pourrait non seulement émettre des soupçons mais elle est à l’encontre des idéologies du libéralisme européen.
Cependant, le profil du terroriste potentiel ne devrait pas être tabou. Cela demande une meilleure compréhension de la mentalité aussi bien de l’individu converti que du groupe dans lequel l’individu se convertit. Plusieurs convertis embrassent leur nouvelle foi avec zèle, et les groupes islamistes peuvent canaliser cette ferveur dans un processus de radicalisation rapide. De nouveaux convertis sont souvent moins compétents dans le domaine religieux que les chefs religieux, mais sont désireux de combler les lacunes, ce qui les rend sensibles à l’endoctrinement par des organisations comme le Centre des Informations Islamistes.
Dans les grandes villes comme Berlin, les défenseurs de diverses tendances islamiques recrutent souvent les nouveaux convertis. Parmi les plus agressifs sont les Salafistes. Ce mouvement sunnite revendique un retour à l’islam d’origine. En voulant explorer et étudier en profondeur leur nouvelle religion, les nouveaux convertis sont souvent attachés aux interprétations fondamentalistes pour chercher l’Islam « pur » et « véritable ». Les sites des djihads renforcent réellement cette recherche. Par ce biais Sonja B, le terroriste de l’attentat suicide à la bombe en Irak, a découvert l’Islam militant.
Des bourses étrangères fournissent aussi un moyen de recrutement. Après sa conversion mais avant de devenir un terroriste impliqué, Ganczrski, l’intermédiaire allemand d’Al Qaida, a étudié l’Islam avec une bourse à l’Université de Medina, décrit par l’Institut allemand de l’Orient comme « réservoir de recrutement » pour les islamistes.
Après son arrestation, Ganczarski affirma qu’il y avait une vague de recrutement pour ces bourses en Allemagne au milieu des années 90, ciblant les jeunes convertis. Après son retour d’Arabie Saoudite où probablement il a été radicalisé, il a poursuivi en Tchétchénie et au Pakistan aussi bien qu’en Afghanistan et c’est là qu’il a rencontré Oussama Bin Laden.
Apparemment, l’Arabie Saoudite fournit des milliers de bourses de ce genre. Le fond du converti est aussi important que la nature du groupe qui l’absorbe. Ceux qui se convertissent à l’Islam pour des raisons pratiques, telle que se marier à une femme musulmane, deviennent rarement extrémistes. Les autres sont prédisposés au radicalisme. Symrek est un exemple extrême : Il a toujours été un radical et a activement cherché des groupes terroristes islamistes afin de devenir un kamikaze.
L’arrière plan socio-économique du converti est un autre facteur essentiel. La conversion est, d’une part la migration d’un monde à un autre, décrit par le sociologue Thomas Luckman comme une décision de faire des achats dans un supermarché de marchandises de culte. Comme l’individu essaie de concilier les systèmes de son ancienne et nouvelle croyance, il choisit des explications qui répondront au mieux à ses besoins. Parfois, cela implique l’approbation du terrorisme comme un moyen de redresser les torts perçus.Il semble y avoir trois motifs dominants derrière la décision de se convertir à l’Islam :
-Le premier est la recherche d’un groupe qui servira au converti de sens et d’orientation – par exemple en respectant la sharia (loi islamique) qui prescrit les règles que le converti considère « non arbitraires », comme des lois faites par l’homme.
L’hypothèse de la foi religieuse implique souvent une personne qui cherche un but plus élevé, un désir de cesser de vivre « d’une partie à une autre ou d’un jeu de basket à un autre. La quête pour une intégration sociale est un autre facteur important. « Lorsque je rencontre des frères que je n’ai jamais vus auparavant, je me sens à la maison, accepté et dans le droit chemin » a expliqué un converti.
-Le second, un converti peut chercher un moyen par lequel il peut exprimer ses critiques envers la société occidentale ou partager avec d’autres son sentiment d’aliénation de la culture dominante : « je suis devenu musulman lorsque le communisme s’est effondré, et je n’ai pas voulu du capitalisme.
-Le troisième, il peut désirer un mode de vie qui permet à l’individu d’exprimer ses idées au quotidien si ce n’est seulement qu’en priant cinq fois par jour. (« Je ressens comme si je vis dans une société parallèle. Mais j’ai un sentiment merveilleux »).
Souvent, l’Islam a une réputation négative en Europe, la conversion à l’Islam permet au converti de projeter ses sentiments de rébellion. En effet, Olivier Roy du Centre National Français pour la Recherche Scientifiques a suggéré que l’Islam radical équivaut à une identité de protestation.
Certains convertis défendent catégoriquement l’Islam comme la meilleure alternative à la société occidentale post- industrielle.
Telle est la raison d’être de Murad Wilfried Hofmann, un ancien diplomate allemand qui s’est converti à l’Islam en 1980 et depuis a agi comme dirigeant intellectuel des convertis allemands. Ayyub Axel Kohler, le Président actuel du Conseil Central des Musulmans en Allemagne, qui s’est converti à l’Islam en 1963, avait remarqué que l’Islam est un mode de vie qui offre à ses membres la possibilité d’éviter l’aliénation de vie dans les sociétés occidentales. Il y a aussi le cas de Garaudy en France.
Si le nombre de conversions à l’Islam en occident est en hausse, la critique culturelle sous tendant de telles conversions devient pertinente. Les questions d’identité jouent un rôle important, comme le font la globalisation et les communications modernes, qui ont permis l’exploration de nouvelles identités. Lorsque les sociétés perdent de leur cohérence, les menaces augmentent de l’intérieur.Aujourd’hui, les membres de l’Union Européenne se trouvent face à un nouveau défi qui transcende le paradigme de la sécurité nationale traditionnelle et qui dévoile des menaces internes et externes. Dans une fédération d’Etats à une échelle aussi large telle que l’Union européenne, l’objectif de promouvoir la paix et la stabilité est lié avec les intérêts nationaux des Etats membres et leur habileté de collaborer pour assurer la sécurité pour le plus grand nombre possible. La réponse aux questions de la manière d’équilibrer les libertés civiles avec les intérêts de la sécurité légale reste évasive.
Les difficultés émanent du fait que les affaires judiciaires et l’application des lois et des codes de conduite demeurent nationaux plutôt de promouvoir des efforts transnationaux.
Le cadre indépendant pour la coopération en matière de justice et des affaires intérieures, mis en place avec le traité de Maastricht en 1993, est resté intergouvernemental. Les décisions doivent être unanimes. Dans la situation actuelle les négociations se prolongent des années et mènent à des restrictions juridiques complexes.
Même si on a pensé que les attaques du 11 septembre ont changé les priorités et ont créé un élan pour la restructuration institutionnelle, les Etats membres de la Communauté européenne restent réticents sur des questions de souveraineté et de sécurité interne.
Cette complexité a crée des dissuasions structurales à la collaboration. La coopération transfrontalière informelle et le recours informel aux renseignements et au partage des données est significatif.
La création en 2004 d’un poste de coordinateur pour l’UE pour lutter contre le terrorisme était un pas dans la bonne direction, mais le coordinateur n’a pas de mandat ni de ressources.
Wolfgang Munchau, rédacteur au Financial Times a bien cerné le problème en écrivant que « les terroristes en Europe pensent, en matière de sécurité comme des, Européens. Leurs soucis est plus grand que plusieurs organismes des pays d’Europe.”.
En fin de compte, les Etats européens sont responsables de leurs citoyens. Si certains Etats restent réticents et ne cèdent pas à certains aspects de leur souveraineté pour surveiller plus efficacement les activités islamistes à travers l’Europe, leur capacité en souffrira, et à terme, leur propre sécurité en souffrira. Pour faire avancer le processus, l’Union européenne doit entamer un dialogue ouvert et franc avec la communauté islamiste afin de ne pas tomber dans le piège de l’islamophobie.
Extraits d’un article publié dans Middle East Quartely – été 2008