La contrebande d’armes à destination de Gaza
Au cours des deux dernières années, les Palestiniens ont acheminé dans la bande de Gaza un arsenal considérable auquel Tsahal sera dans l’obligation de faire face lors d’une prochaine confrontation armée. Les chiffres sont éloquents : 30000 fusils et mitraillettes ! Six millions de cartouches de munition ! 230 tonnes d’explosifs ! Des bazookas, des obus et des missiles anti-chars et anti-aériens.
La prochaine confrontation ressemblera à celle de la dernière bataille au Liban, en juillet 2006, et non à celle de « Rempart » entreprise en Cisjordanie en avril 2002 ou des différentes opérations précédentes opérées à Gaza durant les dernières décennies.
La donne a changé complètement. Stupéfiant ! La police et l’armée égyptiennes n’ont pas reçu de directives précises pour stopper les infiltrations ni la contrebande en provenance du Sinaï. Je suis convaincu que si l’ordre avait été donné, les Egyptiens auraient réagi avec force. Ils sont capables de le faire. Il s’agit simplement d’une volonté politique. L’Egypte devrait déclarer sans faute qu’une bande de frontière dans le Sinaï, d’une largeur de 3 kilomètres est désormais zone militaire.
Rappelons que la région de Gaza est une bande étroite d’une longueur de quarante kilomètres sur 15 kilomètres de large environ. L’axe Philadelphie entre l’Egypte et Gaza est d’une largeur de vingt mètres. Il traverse de nombreuses zones habitées par des Bédouins et Palestiniens dont la ville de Rafah qui demeure coupée en deux. Aujourd’hui, cet axe est contrôlé par 750 soldats égyptiens. Ce corridor est primordial pour Israël. Nous ne devons pas attendre que l’Egypte entreprenne à notre place nos missions de sécurité. J’ai recommandé depuis plusieurs années de « nettoyer » nous mêmes ces 3 kilomètres de largeur tout au long de ce corridor. Nous devrions occuper l’axe Philadelphie jusqu’au jour ou la paix sera instaurée avec les Palestiniens pour une longue période, soit un minimum de 25 ans.
Les groupes terroristes dans la bande de Gaza, en particulier le Hamas et le Jihad islamique, cherchent à tout prix une nouvelle confrontation avec Israël. Ils ne souhaitent pas de solution. A mon avis, la prochaine guerre est inévitable et Tsahal devrait se préparer, dores et déjà, à toute éventualité.
Même si un accord politique serait conclu avec les Palestiniens, qui l’appliquera ? Un Fatah faible ou un Hamas fort qui attend impatiemment le jour pour combattre contre Israël. Aucune solution politique n’est envisageable s’il n’y a pas de volonté à la concrétiser.
Durant l’année 2007, Israël s’est trouvé confronté à plus de 1500 incidents le long de la frontière avec l’Egypte. Il y eut plus de 100 infiltrations, la majorité avec des intentions hostiles. A ces chiffres de sources publiques, ajoutons l’infiltration de plus de 3000 Africains.
C’est clair, la frontière est devenue une véritable passoire et le contrôle du côté égyptien est presque inexistant.
Les autorités israéliennes ont des preuves de l’existence de 300 tunnels entre la Rafah égyptienne et la Rafah palestinienne. Il y a sans doute dans la région encore quelques centaines de tunnels mais nous n’arrivons pas à les localiser.
Actuellement, la plupart des armes et des munitions sont transférées par camions ou voitures à travers le passage de Rafah. L’existence des tunnels est donc à mes yeux incompréhensible à moins que les contrebandes palestiniennes acheminent par la voie souterraine d’autres matières comme de l’or ou de la drogue…Ainsi elles pourront échappées aux vols ou la confiscation des marchandises par les terroristes.
Le retrait unilatéral de Tsahal du Sud- Liban, en mai 2000, a été considéré par nos adversaires comme un abandon rapide et une débâcle.
J’étais à ce moment là, chef du commandement Sud et membre de l’état-major de l’armée. J’avais dit textuellement : « si nous allons nous retirer du Liban sans aucun accord, nous devrions changer les règles ». J’avais proposé trois conditions. La première : aucune présence du Hezbollah dans la région du sud du fleuve Litani. La deuxième : en cas d’attaque, à partir de la frontière libanaise, d’un village du nord du pays ou d’une patrouille militaire israélienne, Tsahal lancera, dans un délai de six heures, un raid pour détruire l’infrastructure de l’armée syrienne au Liban. (présente à l’époque). La troisième condition : tout tir de Katioucha contre un village israélien entraînerait des représailles et détruiront l’infrastructure civile au Liban. Ces trois avertissements devraient être diffusées sur les ondes de radio et sur les écrans de télévision et publiée dans les journaux libanais.
En août 2005, nous avons commis les mêmes erreurs. Israël a évacué la bande la Gaza sans signés des accords préalables avec les Palestiniens et les Egyptiens. Nous n’avons pas modifié les règles du jeu et nous avons abandonné le contrôle de l’axe Philadelphie.
La Paix avec l’Egypte est certes un atout stratégique de première importance mais nous devons faire face avec détermination à cette situation alarmante et dangereuse dans la bande de Gaza. Nous devons mettre tout en œuvre pour maintenir l’application de nos accords.
L’Egypte a le devoir de prendre toutes les mesures nécessaires dans l’intérêt commun.
Extraits des propos tenus par le général (rés.) Yom Tov Samia dans le cadre d’un briefing au Cape.