La chute de Moubarak et le nouveau Moyen-Orient

Les chancelleries, les services de renseignements, les observateurs et les meilleurs spécialistes de la région sont perplexes. Plongés dans un grand embarras ils ne savent vraiment pas comment les événements vont évoluer au Proche-Orient. Dans le monde de l’Internet et Facebook, il est toujours probable de se tromper dans les analyses géopolitiques. Personne n’a pu prédire la chute des régimes tunisien et égyptien et tous ignorent si “l’effet des dominos” pourra jouer un rôle crucial dans le processus de démocratisation. Une chose est certaine, les leaders du Moyen-Orient et du Maghreb changent de mains et de visages et partent comme un courant d’air. Un vent de démocratie souffle chez les jeunes dans les pays arabes et cela n’a aucun rapport direct avec le conflit israélo-palestinien. Sera-t-il un courant momentané et éphémère ou récoltera- t-il la tempête? Va-t-il fouetter le souhait des masses populaires? Chassera-t-il les leaders corrompus et totalitaires? Nous pouvons l’espérer ardemment sans toutefois être convaincus qu’un changement fondamental est possible au sein des sociétés musulmanes, chiites, sunnites ou alaouites, dans les prochains mois ou même dans les années à venir. Soulignons qu’en Egypte régnaient durant plusieurs décennies des anciens militaires et aujourd’hui encore, après la chute humiliante de Moubarak, des généraux en uniformes sont toujours au pouvoir. La jeunesse arabe, désespérée et mise au chômage, acceptera-t-elle une nouvelle junte de colonels et de nouveaux Kadhafi, Bouteflika, ou Assad?   

Israël devrait suivre les événements avec sang froid, sagesse et vigilance, et ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures de nos voisins. Toutes les tentatives des Américains ou des Européens d’intervenir ou d’influer sur les régimes arabes et de dicter l’ordre du jour en désignant des dirigeants proches des Occidentaux ont échoué.

Dans ce contexte incertain et instable, il ne faudrait pas non plus plonger dans la crainte et le désespoir. Bien au contraire, nous devons poursuivre de plus belle le processus de paix avec tous les hommes de bonne volonté et tendre la main à tous ceux qui dans le monde arabe souhaitent la coexistence et la paix. Face aux menaces du camp du refus et de la déligitimation de l’Etat juif, et surtout devant les provocations belliqueuses de l’Iran et ses satellites, la puissance de Tsahal, notre démocratie exemplaire, et le soutien inébranlable des communautés juives, demeurent un gage de sécurité pour un avenir certain dans la région.