La bataille tous azimuts contre le BDS

La bataille tous azimuts contre le BDS

Introduction-Freddy Eytan

Ces jours-ci, lors de grandes manifestations pro-palestiniennes dans les rues de Paris, de province, et de Bruxelles, de nombreux partisans du BDS (Boycott désinvestissement et sanctions) étaient également présents. Ils brandissaient des banderoles appelant le « Boycott de l’occupant israélien » et scandaient « Chassez les Juifs », « Palestine vaincra ».  

Sur son site officiel, BDS France adopte aveuglement la propagande mensongère palestinienne et explique que « leur campagne a été lancée par la société civile palestinienne en 2005, suite à des dizaines d’années de lutte contre Israël et sa politique d’apartheid. »
Il appelle donc à « boycotter tous les produits israéliens, mais aussi de pratiquer un boycott sportifculturel et universitaire
Il demande également de faire pression sur les entreprises étrangères, notamment européennes, afin qu’elles arrêtent leur collaboration avec cet Etat criminel ». Et BDS France conclut désespérément :

« Il apparaît aujourd’hui que, loin des grands débats théoriques, la campagne BDS est une arme efficace pour faire plier Israël, d’autant que nous ne pouvons rien attendre de l’ONU ou des autres pays. »

Le JCPA-CAPE de Jérusalem vient de publier une nouvelle étude remarquable sur la campagne et les activités du BDS à travers le monde. L’auteur, Asher Fredman, analyse la bataille menée tous azimuts contre ce mouvement antisémite et antisioniste. Il explique en expert chevronné, les tendances, les leçons, ainsi que les trajectoires futures.

Voici ses principales conclusions :

Depuis la création du mouvement BDS en juillet 2005 la campagne a profité d’un environnement opérationnel confortable. Bien que les réactions contre le BDS ont parfois été couronnées de succès, elles n’ont pas réellement réussi à perturber l’élan du BDS. 

Durant ces 15 dernières années, et en particulier à la suite du rapport Goldstone sur la flottille turque Mavi Marmara, nous avons suivi de près les activités BDS, en construisant un réseau efficace et en tirant également des leçons.

Depuis, le mouvement BDS se retrouve sur la défensive. Il est exposé à des liens avec le terrorisme, à des accusations crédibles d’antisémitisme et à des lois et résolutions nationales et municipales qui portent atteinte à sa légitimité.

La campagne BDS a de plus en plus de mal à remporter des succès, et même quand elle semble les réaliser, ils deviennent rapidement éphémères. D’ailleurs, pour répondre à la demande d’un flux constant de « succès », le mouvement BDS est prêt à fabriquer et à annoncer des victoires artificielles.

Néanmoins, ce serait une grave erreur de supposer que la bataille du BDS s’est achevée. Ce mouvement s’est montré très habile à pivoter vers de nouvelles stratégies, à construire des alliances influentes et à identifier les émergentes. Il existe toujours de nombreuses arènes dans lesquelles il fait face à peu de résistance efficace.

En outre, l’environnement international dans lequel BDS opère est capable de changer radicalement dans un délai relativement court, vers la création de conditions plus favorables à lui.

Par conséquent, la campagne contre le BDS doit continuer à développer de nouvelles capacités et synergies. Dans le même temps, il doit intensifier ses efforts pour mettre le BDS sur la défensive et l’éloigner du grand public, et notamment des détracteurs d’Israël.

L’étude analyse l’évolution des stratégies, les réseaux BDS et les contre-BDS, ainsi que des facteurs externes susceptibles d’affecter la trajectoire de la campagne. Elle examine ensuite deux des principaux processus qui ont placé le BDS sur la défensive : l’exposition des liens entre le BDS avec l’antisémitisme et le terrorisme. 

Parmi les principales tendances de la campagne internationale BDS, on trouve l’importance croissante des arènes politiques et gouvernementales. Cela est vrai à la fois sur le plan national, (municipal et local) comme international (UE et ONU).

L’importance croissante des arènes politiques et gouvernementales dans la campagne BDS a de nombreuses implications à la fois pour la nature de l’activité de ce mouvement, pour les types de ses capacités, de ses ressources et ses stratégies nécessaires, ainsi que pouvoir relever les défis dans ses propres arènes.

Les campagnes BDS municipales et locales, se sont déjà développées en Europe au cours des dernières années, et elles évoluent désormais en Amérique du Nord et du Sud. 

Au niveau national, le plus grand facteur déterminant pour savoir si le BDS s’intensifiera ou se retirera dans un pays particulier sera bien entendu son avenir   politique, et les accords de partage du pouvoir entre les divers acteurs. Pour exemple : les branches d’extrême gauche du parti démocrate américain et du parti travailliste britannique, le Podemos en Espagne ou les branches radicales au sein de l’ANC en Afrique du Sud.

Plusieurs groupes clés du BDS américain mettent de plus en plus l’accent sur le lobbying politique et le plaidoyer. Soulignons que certains au sein de ces groupes sont liés à des organisations terroristes.

L’Afrique du Sud est devenue un excellent exemple de la façon dont les tendances latentes du BDS – violence, menaces, antisémitisme et soutien au terrorisme – se manifestent de plus en plus quand il bénéficie d’un environnement politique favorable.

Au sein de l’Union européenne cela dépendra du nouveau haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, s’il cherche à mettre en œuvre sa stratégie agressive de « différenciation » en augmentant le financement de l’UE aux groupes partisans du BDS.

Les mesures prises par la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, pour faire avancer une enquête contre Israël, seront utilisées par les organisations juridiques. Elles constituent un élément clé du mouvement BDS pour promouvoir les actions en justice en sa faveur. Les choix concernant les cibles prioritaires peuvent être influencés par les décisions du Procureur quant aux actions militaires présumées israéliennes à Gaza ou en Cisjordanie.

Alors que les débats publics sur l’antisémitisme BDS se poursuivent, deux points doivent être clairs. La première est que les caractéristiques de l’idéologie et de la rhétorique du mouvement BDS répondent à la définition internationale la plus largement acceptée de l’antisémitisme : l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).

Il ne fait aucun doute que BDS nie le droit du peuple juif à l’autodétermination dans toutes les frontières possibles, caractérise Israël comme une tentative « d’apartheid » intrinsèquement raciste, applique des normes doubles à Israël et compare la politique israélienne à celle des nazis.

Des personnalités et des organisations éminentes du BDS dans de nombreux pays ont à plusieurs reprises franchi la ligne rouge de l’antisémitisme. Les activités antisionistes ont dégénéré à plusieurs reprises en menaces et en violences contre les Juifs. 

Soulignons que des parlements et des dirigeants politiques ont reconnu la nature antisémite du mouvement BDS. Les plus importantes d’entre elles sont les résolutions du Bundestag allemand (mai 2019) et du Parlement autrichien (février 2020).  La résolution du Bundestag condamnant le BDS affirme que « les modèles et méthodes d’argumentation utilisés par le mouvement BDS sont clairement antisémites ».

Les multiples liens entre le mouvement BDS et les organisations terroristes désignées ont commencé à être révélés. La recherche concernant ces liens est principalement liée dans la sphère financière (par exemple, la fermeture d’une banque affiliée à BDS).

Nous devrions donc accroître notre engagement sur cette question avec les décideurs politiques et les organismes locaux chargés de l’application des lois et les agences fiscales et caritatives.

Des efforts accrus devraient être faits pour convaincre d’autres pays de suivre les précédents établis par l’UE et l’Allemagne en empêchant les dirigeants du BDS affiliés au terrorisme (en particulier les non-citoyens) d’utiliser les parlements et les installations publiques pour répandre la délégitimation anti-israélienne. Le statut d’exonération fiscale des organisations liées au mouvement BDS devrait également être examiné.

Compte tenu de la révélation de ces liens terroristes, il est impératif de mener une action coordonnée pour inciter tous les gouvernements, les municipalités, l’UE et les organismes des Nations Unies à cesser de financer, directement ou indirectement, les ONG affiliées au terrorisme. Cela inclut d’insister pour que l’UE et les pays européens appliquent des conditions dans les accords de financement qui empêchent les bénéficiaires de travailler avec des organisations terroristes désignées. 

Il est particulièrement important de mener des actions de sensibilisation sur cette question auprès des contribuables des pays qui fournissent le financement.

Toute escalade dans les conflits armés et la déstabilisation de la situation sécuritaire sont également des prédicteurs qui provoqueront une nouvelle ampleur des campagnes BDS. Cela doit être pris en compte par les organismes anti-BDS étant donné la possibilité d’une guerre sur plusieurs fronts contre les milices iraniennes, ou une détérioration de la situation sécuritaire après le départ de Mahmoud Abbas de la scène palestinienne. 

Si les militants anti-BDS souhaitent lutter efficacement contre ces éventuels scénarios, ils doivent s’atteler à promouvoir leur campagne, et s’investir en permanence dans la diplomatie publique.

Les nouveaux défis nécessiteront un degré de coordination également avec les organismes gouvernementaux. Agir non seulement pour révéler et dénoncer la vraie nature du BDS, mais aussi développer un récit positif sur Israël et le sionisme, inspirant les partisans d’Israël de construire de nouvelles alliances.

Si nous agirons efficacement de cette manière, eh bien, le BDS sans disparaître complétement, pourra enfin être maîtrisé avec succès.

Voir l’intégralité de l’étude en PDF sur le site anglais du JCPA-CAPE. https://jcpa.org/book/the-battle-over-bds-trends-lessons-and-future-trajectories/