La bataille de l’Egypte dans le Sinaï et les craintes du Hamas
L’Égypte livre bataille contre le groupe Ansar Bait al-Maqdis, une branche de l’Organisation de l’Etat islamique (Daesh), principalement actif dans la région du Nord-Sinaï.
Deux jours après un attentat sanglant revendiqué par ce groupe terroriste, qui a fait 30 morts parmi les forces de sécurité, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a annoncé la mise en place d’un « commandement militaire unifié » chargé exclusivement « de la lutte contre le terrorisme » dans le Sinaï.
Les combats sont dirigés par le général Oussama Askar, ancien commandant de la Troisième armée égyptienne. Ils sont ciblés et menés avec force par des troupes mécanisées au sol, des unités de commandos spécialisés dans la lutte antiterroriste et à l’aide d’hélicoptères Apache.
Les raids se concentrent dans le nord de la péninsule, à proximité de la ville d’El-Arish, dans une zone de 20 km de long et 50 km de large.
Le Raïs égyptien reconnaît cependant que la lutte contre les réseaux terroristes sera « longue et difficile », estimant que de nouvelles attaques auront lieu. Dans une allocution retransmise à la télévision, Sissi a précisé : « Nous n’abandonnerons le Sinaï à personne ! Le Sinaï restera aux Égyptiens et nous mourrons pour le défendre. »
Notons qu’une vaste campagne militaire lancée il y a plus d’un an pour lutter contre les groupes terroristes n’a pas réussi à faire cesser les attaques contre les forces de l’ordre régulièrement visées depuis que le général Sissi, alors chef de l’armée, avait destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Sissi a de nouveau accusé la confrérie des Frères musulmans d’être derrière les attentats, estimant que son pays « affrontait la plus puissante organisation secrète du monde ».
La presse du Caire salue ces jours-ci les succès de l’armée égyptienne dans sa bataille contre l’Organisation de l’Etat islamique dans le Sinaï.
L’armée égyptienne a des difficultés à agir contre les nombreux réseaux terroristes dissimulés au sein d’une région surpeuplée. Elle ne possède pas les mêmes capacités de manœuvre qu’elle exerce le long de la frontière avec la bande de Gaza dans le secteur de Rafah.
Jusqu’à ce jour, l’armée égyptienne a mené des incursions dans cinq villages. Elle a arrêté des dizaines de terroristes et saisi du matériel de communication, ainsi qu’une grande quantité d’uniformes militaires appartenant au Hamas : une preuve supplémentaire de l’étroite coopération entre l’aile militaire du Hamas, Izzedine al-Qassam, et les réseaux terroristes installés dans le Sinaï. Dans le cadre des opérations de ratissage, l’armée égyptienne a également découvert des tunnels de contrebande conduisant vers la bande de Gaza.
Soulignons que certaines tribus bédouines installées dans le Sinaï ont décidé de collaborer avec l’armée égyptienne et ses services du Renseignement. Parmi les terroristes de Daesh arrêtés figurent des mercenaires venus d’anciennes républiques musulmanes de l’ex-Union Soviétique, notamment de Tchétchénie.
Rappelons que l’aile militaire du Hamas a été considérée « hors la loi » par un tribunal égyptien pour ses activités terroristes. Les dirigeants politiques du mouvement palestinien craignent une rupture des relations avec Le Caire, et que le président Fatah el Sissi élargisse un jour la zone de ratissage de l’armée égyptien aux secteurs de la bande de Gaza.
Yoni Ben Menahem