Joe Biden-Israël, Iran et les Palestiniens
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a félicité Joe Biden pour sa victoire à la présidence américaine et probablement sera l’un des premiers leaders étrangers à rencontrer le nouveau président américain
Avant le 20 janvier 2021, il est prématuré de faire un bilan définitif de la politique étrangère du président Donald Trump au Moyen-Orient. Toutefois, en ce qui concerne Israël, on devra reconnaître que Donald Trump a été durant ces quatre dernières années le plus chaleureux et le plus amical de tous les présidents américains.
Durant son mandat il a pris des décisions spectaculaires et courageuses qui renforcent l’Etat Juif et consolide sa suprématie militaire face à l’Iran et ses milices.
Dans ce contexte, le nouveau locataire à la Maison Blanche ne pourra pas modifier sur le fond les bonnes relations stratégiques avec Washington, elles se poursuivront de plus belle dans un intérêt commun.
Les relations américano-israéliennes sont solides sur tous les plans. La profonde amitié à l’égard de l’Etat Juif est partagée au sein des Républicains comme chez les Démocrates. Malgré certaines divergences géopolitiques sur la marche à suivre, les Etats-Unis demeurent notre meilleur ami et fidèle allié.
Soulignons que le tandem Obama-Biden n’a pas été farouchement hostile à l’Etat d’Israël comme certains le pensent, durant son mandat, son soutien à l’Etat Juif s’est même renforcé. Toutefois, contrairement à Trump cela a été réalisé sans enthousiasme, froidement, et à contre cœur. Les relations personnelles entre Nétanyahou et Obama furent aussi exécrables.
Obama a agi, dès le premier jour, avec dynamisme et détermination pour régler toutes nos affaires en se réconciliant avec le monde arabo-musulman. Obama avait décidé de faire son premier voyage au Caire. On se souvient de son fameux discours de réconciliation avec le monde musulman qui s’est soudain transformé en cauchemar. Il avait accéléré la montée au pouvoir des Frères musulmans en Egypte.
Durant ses huit années à la Maison Blanche, le lauréat du Prix Nobel de la paix s’était peut-être réconcilié momentanément avec les Ayatollahs mais a échoué sur toute la ligne au Moyen-Orient. Le bilan de sa politique et celle de John Kerry fut négatif dans tous les conflits de la région, en Irak, en Syrie, sur le dossier palestinien et également sur l’avenir du projet iranien.
Joe Biden ne suivra pas aveuglement cette politique. Contrairement à Obama, il préfèrera faire son premier voyage à Jérusalem et auparavant, il invitera Nétanyahou à la Maison Blanche.
Sa politique étrangère sera plus réaliste et pragmatique. Il adoptera un interventionnisme mesuré en n’excluant pas l’usage de la puissance américaine. Il cherchera toujours à former des coalitions, à mobiliser des alliés notamment européens, et utilisera tous les instruments de la diplomatie dont des sanctions dans le cas nécessaire.
Biden a prouvé depuis 40 ans qu’il est un ami sincère et fidèle de l’Etat Juif et ses relations personnelles avec Nétanyahou demeurent très amicales malgré les divergences politiques.
Joe Biden est un homme d’Etat chevronné et orfèvre en politique internationale. Il suit la situation au Moyen-Orient depuis plusieurs décennies. Il connait parfaitement tous les dossiers et à horreur des improvisations.
Pour l’heure, les questions socio-économiques et la pandémie préoccuperont le nouveau président et on suppose que la politique étrangère américaine ne sera pas mise en priorité. Il est donc fort important de connaître les intentions de ses proches conseillers qui probablement seront en majorité des anciens d’Obama.
Si le renforcement des relations bilatérales et le processus de normalisation sont acquis, deux dossiers demeurent ouverts et inquiétants : l’avenir des Palestiniens et le projet nucléaire iranien.
Il faut éviter à tous prix que le soutien américain à Israël se fera par des conditions préalables comme ce fut avec Obama. Exiger de Jérusalem des gestes concrets, tels que le gel des implantations et des concessions importantes aux Palestiniens. Rappelons que dès le premier jour, Obama était prêt à ouvrir un dialogue direct avec l’Iran pour éviter que Tsahal se lance dans une opération préventive contre les sites nucléaires iraniens, comme ce fut le cas contre la centrale de Bagdad en juin 1981.
Il est bien entendu naïf de croire que les Ayatollahs abandonneraient le projet nucléaire. Mais il est très probable que Joe Biden relancera le dialogue avec Téhéran pour obtenir un nouvel accord mais plus robuste que le précédent. Les inquiétudes de l’Arabie saoudite et les pays du Golfe et bien entendu celles d’Israël devraient être prises en priorité.
Concernant les Palestiniens, Biden n’a pas abandonné le processus de paix et croit sincèrement à la formule de deux Etats pour deux peuples. Toutefois, il doit prendre en considération la récente normalisation avec les Emirats et le Soudan et suivre le processus de paix dans un cadre régional.
Au moment où Abbas risque de quitter la scène, et avant de formuler une nouvelle initiative, il devra consulter les Israéliens pour pouvoir éviter une guerre de succession et empêcher le Hamas de prendre le pouvoir par la force en Cisjordanie.
En conclusion, la politique de Biden sera sans doute plus réservée et moins spectaculaire que celle de Trump. Si nous souhaitons renforcer les relations avec Washington et éviter des malentendus, nous devrions d’ores et déjà lui présenter une stratégie cohérente et un plan d’action dans l’intérêt des Etats-Unis et d’Israël.