Jésus Palestinien ?

Ainsi donc Jésus était Palestinien, répètent depuis quelques années les propagandistes et dirigeants palestiniens.

Il était Palestinien avant même que le terme de Palestine apparaisse : quelle prophétie !

Il naquit 137 ans avant la naissance même du mot Palestine que l’empereur Hadrien prononça lorsqu’après avoir maté, dans un carnage invraisemblable, la énième révolte de Juifs qui s’obstinaient à vouloir être indépendants, à résister à l’impérialisme romain.

Hadrien venait de faire disparaitre ce qu’il restait du royaume de Judée, il voulut l’en faire disparaitre de l’histoire en déclarant donner la région aux Philistins, ces envahisseurs qui avaient disparu depuis mille ans.

L’Empereur philosophe connaissait la force des armes et aussi la force des mots… Les Palestiniens d’aujourd’hui aussi.

Dire que Jésus était Palestinien, ce serait finalement vrai mais par anticipation : il naquit en Judée juive dont l’impérialisme romain fit la Palestine

Ils disent, à juste titre, que les représentations occidentales de Jésus en homme blond aux yeux bleus sont fausses ; il était Judéen. Mais les propagandistes arabes disent aussi qu’il n’y avait pas de Temple à Jérusalem, là où justement Jésus a prêché et s’est attaqué aux étals des marchands du Temple… Pourtant le guide touristique des années Trente écrit par Aref Aref, ami et conseiller d’Amin al-Husseini, le mufti nazi, situait sous le dôme dit d’Omar ce fameux Temple de Salomon. Que croire dans ces incohérences ?

Le monde post-chrétien d’aujourd’hui vit à cet égard avec au moins autant de crédulité que le monde chrétien d’autrefois, autre foi.

La reconstruction historique a ses écueils mais la crédulité est immense. Ils sont nombreux ceux qui croient à ces folies des laudateurs invétérés et aveugles d’une Palestine mythique à l’image d’Edwy Plenel/Kasny qui en 1972 appelait dans l’hebdomadaire Rouge à « défendre inconditionnellement » les militants de l’organisation palestinienne Septembre Noir qui avait tant massacré, détourné tant d’avions occidentaux et venait alors d’assassiner à Munich onze membres de l’équipe olympique israélienne… Plenel ne doit pas aimer Camus.

Jésus était Palestinien ? Quelles étaient les frontières de l’Etat, ses dirigeants, sa monnaie, sa langue, ses savants, ses écrivains… ?

Revendiquer Jésus par glissements sémantiques ne veut pas dire l’aimer ou simplement le respecter. Ce n’est qu’en 638 après Jésus-Christ que les Arabes envahissent Jérusalem et font ce qu’ils firent depuis 632, persécuter Juifs et Chrétiens. Le Pacte d’Omar imposé était une faible assurance à la survie contre l’acceptation de vexations continuelles, de taxations discriminatoires et d’un statut d’infériorité.

Depuis 638, dans le monde arabe, il n’y eut plus de Palestine ; ce ne fut qu’une réalité régionale de l’Empire romain. Jésus ferait parti du panthéon musulman mais sous le fameux dôme doré de Jérusalem construit en 691, une frise menace ceux qui parlent de Trinité… Amour, amour, quand tu nous tiens.

Au cours de l’Histoire, l’amour des musulmans pour les fidèles de Jésus fut pour le moins violent : islamisation du Moyen-Orient, de l’Egypte et de l’Afrique du Nord chrétiennes, colonisation des Balkans, destruction de l’Empire chrétien byzantin, colonisation de l’Espagne, du Portugal et intrusions sauvages en France, asservissement de Chrétiens partout et on se souvient de ceux de Cervantès et de Saint Vincent de Paul par les pirates barbaresques…

Donc Jésus était Palestinien quand les Romains occupaient la Palestine juive. Il n’y a jamais eu de Palestine dans l’Empire ottoman dont les Syriaques et les Arméniens ont fait les frais de l’agonie et où Jésus n’était pas le bienvenu. Pour mémoire, pendant le Mandat britannique, qui fait réapparaitre la notion de Palestine au Moyen-Orient, étaient Palestiniens les Juifs jusqu’à la réapparition de l’Etat d’Israël, les Arabes de Palestine refusaient l’appellation !

Depuis, les Palestiniens arabes aiment tellement les adorateurs de Jésus qu’à Bethléem (lieu de naissance du roi David puis de Jésus), où les Chrétiens étaient largement majoritaires depuis des siècles, ils ne sont plus que 10% de la population depuis que l’Autorité palestinienne y a pris le pouvoir. Et les Chrétiens sont persécutés dans tout le monde musulman en Irak, au Pakistan, en Turquie, au Nigéria, au Soudan, en Algérie, en Libye, en Egypte, en Malaisie, en Indonésie, sans parler des endroits où ils sont interdits. Jamais ces Palestiniens qui revendiquent Jésus n’ont eu le moindre mot de compassion pour ces martyrisés. Ils ne sont pas pour le multiculturalisme, ils veulent même, officiellement, une Palestine jüdenrein ; là est l’apartheid.

Revendiquer Jésus pour Palestinien, c’est tenter de nous faire croire au Père Noël et lier ce Père Noël au même amour, au même respect que celui porté à Jésus, démonstration en a été donné à Strasbourg le 11 décembre dernier. Une façon de nous souhaiter de bonnes fakes.

La guerre de conquête de l’islam pour la possession du monde continue, seule sa forme a changé.

 

Richard Rossin

Ancien secrétaire général de MSF, cofondateur de MdM, ancien vice-président de l’académie européenne de géopolitique.

 


Pour citer cet article

Richard Rossin, « Jésus Palestinien ? », Le CAPE de Jérusalem, publié le 6 janvier 2019 : http://jcpa-lecape.org/jesus-palestinien/

Illustration : Pélerins chrétiens reproduisant la Passion du Christ pendant la Pâques 2007 à Jérusalem (photo : Moshe Milner, GPO).

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