Jérusalem – l’indifférence de la majorité des Israéliens
Une caricature publiée par Haaretz illustre parfaitement l’indifférence de la majorité des Israéliens concernant l’avenir de Jérusalem. On distingue une nation divisée entre les insouciants qui préfèrent se bronzer sur la « plage de Jérusalem » située à Tel-Aviv, et ceux concernés par la gloire de leur capitale et fiers de leur drapeau national frappé de l’étoile de David.
La marche des drapeaux devrait être une manifestation pacifique populaire et non un défilé réservé à un mouvement religieux ou à un parti politique.
Certes, l’histoire de Jérusalem dégage partout de la spiritualité. Elle a été écrite avec sang, larmes et prières. Cette ville singulière préserve la sainteté et la liberté des cultes mais avant tout elle est la capitale de tous les Juifs depuis la nuit des temps.
Jérusalem n’a jamais été une capitale arabo-musulmane, ni une capitale jordano-palestinienne. La Vieille Ville n’est pas non plus une implantation conquise en 1967.
Aujourd’hui, un million de résidents vivent à Jérusalem dont plus de 40% sont des religieux et un tiers est arabe. La majorité des fonctionnaires sont plutôt installés dans le centre du pays. Ils ne viennent à Jérusalem que pour travailler et sont donc dispensés des impôts locaux. Malgré l’aide importante de l’Etat, la ville sainte plonge dans la pauvreté et le chômage. Les départs de la ville sont très inquiétants, mais qui est responsable de cette situation lamentable ? Les gouvernements n’ont-ils pas négligé la capitale durant plusieurs décennies ? Pourquoi ne pas la considérée comme une priorité nationale absolue sur tous les plans ? Comment encourager une forte présence juive à Jérusalem sans budgets à long terme, investissements dans le logement, l’emploie et l’éducation.
Triste aussi de constater que l’unification de Jérusalem n’existe pas de facto sur le terrain. Jérusalem-Est est devenue un arrondissement à part, où les résidents arabes ne bénéficient toujours pas de tous les droits municipaux. Plongés dans la misère et le désespoir, ils permettent aux jeunes extrémistes islamiques de lever la tête et de dicter l’ordre du jour notamment par l’incitation à la haine, le chantage et la violence.
De ce fait, les résidents de Jérusalem-Est peuvent circuler en toute liberté, travailler sans aucune contrainte dans nos quartiers, tandis que les Juifs de la ville craignent de mettre les pieds dans les quartiers arabes. Inexplicable.
Comment donc argumenter une réunification de la ville si sur le terrain la ville est toujours divisée ?
La « marche des drapeaux » est devenue une démonstration populaire annuelle marquant une forte présence juive à Jérusalem. Elle doit être partagée par tous les Israéliens et non par des groupes et mouvements sectaires et religieux, manipulés et dérangés par une infime minorité d’extrémistes, fanatiques et violents.
Sous la protection de 3 000 policiers, 70 000 personnes ont défilé dans la Vieille Ville, sans incidents majeurs et malgré les menaces du Hezbollah et du Hamas.
Un Etat indépendant et souverain ne peut être intimidé par des terroristes. La crainte de représailles doit être prise en considération, mais mesurée, sans provoquer la panique ni modifier l’itinéraire de la marche. Les visites de fidèles juifs sur le mont du Temple doivent aussi se poursuivre dans le calme et le respect. Nous devrions agir avec fermeté pour éviter l’escalade et toute guerre de religion. Prendre toutes les mesures de sécurité nécessaires et arrêter les voyous de tous bords, Arabes et Juifs. Appliquer le statu quo avec une tolérance exemplaire et unique dans un environnement hostile.
L’avenir de la capitale légitime de l’État d’Israël dépend d’une écrasante majorité juive et d’une coexistence judéo-arabe respectueuse.
Jérusalem demeure l’enjeu même du conflit et la pierre d’achoppement décisive des négociations de paix. Cependant, ce n’est pas par la provocation, la récupération et la démagogie politique, ni par la force, et ni par la négation de l’Histoire trimillénaire du peuple juif que l’avenir de Jérusalem sera réglé.