Israël-Iran : guerre ouverte dans tous les azimuts

Freddy Eytan

La crise ukrainienne ne retardera pas la signature d’un nouvel accord sur le nucléaire iranien. Le président Biden est convaincu que le monde occidental est plus que jamais fort et uni, et donc il sera capable d’imposer à l’Iran de nouvelles sanctions à chaque violation éventuelle de l’accord.

Croire que les ayatollahs appliqueront à la lettre leurs engagements et ils renonceront à l’arme nucléaire est un jugement bien naïf. Leur projet atomique s’est poursuivi sans relâche malgré toutes les sanctions économiques et la mise en quarantaine.

Plus grave encore, nous apprenons que l’administration Biden pourrait prochainement lever les sanctions contre le Corps des gardiens de la révolution islamiste et de le retirer de la liste noire des organisations terroristes.

Sont-ils devenus des enfants de chœur ? Ont-ils renoncé à la terreur et au terrorisme international ? Les pasdarans ne sont-ils pas des terroristes sanguinaires responsables de la mort notamment de nombreux Américains ? L’administration Biden a–t-elle la mémoire si courte ? Les Gardiens de la révolution iranienne financent, commandent et sèment toujours la terreur en Syrie, au Liban, en Irak, au Yémen, et dans la bande de Gaza, mais aussi en Afrique et en Amérique latine. Ces jours-ci, nous commémorons le trentième anniversaire de l’attentat contre l’ambassade d’Israël à Buenos aires qui a fait 29 morts et 242 blessés.

La réaction officielle israélienne aux intentions américaines de retirer les pasdarans de la liste noire des organisations terroristes prouvent la gravité de la situation et explique nos relations embarrassantes avec Washington.

President Joe Biden

Le président Joe Biden prononce une allocution sur l’invasion russe de l’Ukraine le jeudi 24 février 2022, dans la salle Est de la Maison Blanche. (Photo officielle de la Maison Blanche par Adam Schultz)

Dans la crise ukrainienne certains leaders pensent que Vladimir Poutine serait capable d’utiliser son arsenal chimique ou même nucléaire. Imaginons le jour où l’Iran islamiste sera équipé de missiles balistiques avec des ogives nucléaires et plusieurs bombes atomiques…

L’Iran est déjà classé parmi les grandes puissances militaires. Son armée est équipée d’un arsenal impressionnant d’armes modernes et sophistiquées ainsi que des forces spéciales et des milices.

Le but des Ayatollahs est déclaré sans ambiguïté. Ils menacent chaque jour de détruire par tous les moyens l’Etat sioniste.

IRGC

(IRNA)

Renforcé par la signature d’un nouvel accord avec les Occidentaux et surtout par la levée des sanctions, l’Iran ne craint plus une confrontation directe avec l’Etat Juif.

Devant le refus de Washington d’intervenir militairement en Ukraine et suite au départ des troupes américaines d’Afghanistan, les ayatollahs se permettent d’intensifier leur combat contre Israël et de riposter à chaque attaque de Tsahal ou du Mossad.

Ces jours-ci, nous apprenons que des centaines de drones iraniens auraient été détruits dans l’Ouest de l’Iran. Cette attaque spectaculaire a infligé d’importants dégâts à la flotte de drones de l’Iran. 

En représailles, Téhéran a lancé des missiles vers un site irakien, présumé être une base du Mossad…Et une attaque cybernétique contre des sites gouvernementaux mais sans faire des dégâts. La riposte ne tardera pas…

Ces dernières années, Israël a mené des milliers d’opérations contre des bases des forces iraniennes et leurs milices en Syrie, ainsi contre des livraisons d’armes sophistiquées au Hezbollah.

Ces opérations se poursuivront pour chasser l’Iran de notre région et d’éviter, par tous les moyens, qu’il se dote de l’arme nucléaire.

La situation actuelle demeure très tendue et chaque incident risque d’embraser tout le Moyen-Orient. La coordination stratégique avec les Américains est impérative mais vigilance et prudence nous obligent face aux Russes.

Certains généraux de réserve et anciens diplomates brossent un tableau apocalyptique et conseillent au gouvernement d’éviter « toute provocation » de notre part. Selon eux, une simple erreur de calcul lors de ces frappes serait susceptible d’entraîner des ripostes dévastatrices de l’Iran avec un déluge de roquettes et missiles de croisière sur tout le pays qui causerait de nombreuses pertes humaines et d’énormes dégâts en paralysant l’économie et tous les services et les réseaux de l’Etat.

Le champ de bataille a complétement changé mais Tsahal est capable de faire face aux menaces grâce à un réseau de défense aérienne sophistiqué et à plusieurs niveaux, composé du Dôme de fer, la fronde de David, Flèche et Patriot. Un nouveau projet au laser est actuellement en cours de développement.

Le ministre de la Défense Benny Gantz voit un nouveau système de défense aérienne à base de laser dans un complexe de fabrication d'armes Rafael en Israël, le 17 mars 2022.

(Ministère israélien de la défense)

Cependant, il est très regrettable que le gouvernement Bennet-Lapid n’a pas employé tous ses efforts pour éviter la signature d’un mauvais accord avec les ayatollahs. Il s’est contenté de vagues promesses de la part de l’administration américaine, qui une fois encore, tombe bêtement dans le piège des Iraniens.

Devant la menace existentielle iranienne, on a eu tort de croire jouer l’arbitre entre Poutine et Zelensky. Il s’agit d’un conflit complexe et lointain entre des « frères ennemis ». Malgré notre bonne volonté, nos moyens sont bien limités. Nous devrions nous concentrer uniquement sur le sauvetage des communautés juives et leur absorption en Israël, accueillir chaleureusement et avec générosité tous les réfugiés mais en priorité régler nos multiples problèmes intérieures et extérieures.

Nos intérêts sécuritaires ne sont pas en Europe, ni ailleurs, mais ici, dans notre région, chez nous.

La décision des grandes puissances de signer un accord avec les ayatollahs et ainsi permettre à un Etat voyou de poursuivre ses activités belliqueuses et terroristes, nous laisse tristement perplexes et prouve que nous devrions compter que sur nous-mêmes.

Tsahal a le bras long et capable d’atteindre des objectifs à des milliers de kilomètres de ses frontières. Dans le passé, nous avons connu des exploits extraordinaires comme à Entebbe, à Bagdad, à Tunis, au Soudan ou à Téhéran, soit pour libérer des otages, soit pour détruire une centrale nucléaire, éliminer un chef de l’OLP ou iranien et faire écrouler un QG tel un château de cartes, bombarder des convois de contrebandes d’armes et des chefs terroristes, ou ramener les archives du projet nucléaire iranien.

Grace à un renseignement très précis nous avons réussi à intercepter et à abattre des drones kamikazes iraniens, et à arraisonner plusieurs navires transportant des missiles iraniens destinés aux organisations terroristes dans le Sinaï et la bande de Gaza.

Rares sont les pays qui possèdent une haute technologie sophistiquée et des services de Renseignement aussi efficaces que ceux dont dispose l’Etat d’Israël.

Pour pouvoir mener encore des activités aussi spectaculaires, nous devrions nous préparer à tous les scénarios possibles, et surtout ne pas minimiser les capacités militaires de l’Iran et ses milices.

Une résilience nationale est nécessaire, avoir un grand courage et être capable d’audace non seulement de la part de l’état-major et des commandos, mais aussi de la part du gouvernement.

Certes, chaque attaque préventive en territoire ennemi est très risquée, et ce sur tous les plans : militaires, politiques, juridiques et diplomatiques. Un échec peut se transformer en désastre humain avec des conséquences politiques dramatiques. Toutefois, le gouvernement a le devoir de sécuriser ses citoyens et défendre l’Etat Juif contre toutes les menaces, proches ou lointaines.

La guerre contre l’Iran est donc ouverte dans tous les azimuts. Elle sera violente, de grande envergure, et sans pitié.