Guerre en Ukraine – la médiation israélienne est-elle une mission impossible ?

Freddy Eytan

Le voyage éclair et in extremis de Naftali Bennet à Moscou et à Berlin prouve que la situation en Ukraine est catastrophique et risque de se dégrader en un conflit international dangereux et irréversible. Israël ne peut être indifférent devant les communautés juives en détresse. Il se trouve dans l’obligation de répondre aux appels du président ukrainien de mettre fin à la guerre et apporter une aide humanitaire.

Poutine a accepté de rencontrer Bennet pour sonder les réelles intentions de la communauté internationale et pour calmer les esprits en Russie devant les pertes humaines sur le champ de bataille et la crise économique.  

La nouvelle rencontre au Kremlin a aussi offert à Israël une bonne occasion d’expliquer sa position dans la crise Ukrainienne mais surtout ses préoccupations à l’approche de la signature d’un nouvel accord sur le nucléaire avec Téhéran, et pour obtenir des gages sur la coordination militaire avec les Russes concernant les opérations de Tsahal sur le front libano-syrien.

Les robustes sanctions des Occidentaux contre la Russie sont parfaitement justifiées mais pour l’heure, il est difficile de savoir si elles seront efficaces à long terme et comment la situation va évoluer. Comment réagira Poutine après sa rencontre avec Bennet ? Poursuivra-il les combats jusqu’au bout ou déposera-t-il les armes ? Comment réagira le président Biden ? Une nouvelle conférence de Yalta serait-elle à l’ordre du jour ?

Tous les soviétologues, les experts en géopolitique, les services de renseignement, et les anciens généraux, prétendent de connaître la marche à suivre, en réalité, ils ignorent les véritables intentions du maître du Kremlin. Une évidence, tant que Poutine n’obtiendra pas ses revendications un retrait définitif des troupes russes de l’Ukraine est exclu.  

Poutine, Bennett

(Kobi Gideon/GPO)

Suite à une longue torpeur, le monde occidental commence à se réveiller lentement. Il ne peut être indifférent devant les images choc en provenance du champ de bataille. Face aux cris de détresse des centaines de milliers de réfugiés cherchant un abri, un foyer, un havre de paix.

Fort heureusement, les nouvelles technologies de communication, les réseaux sociaux peuvent nous informer en permanence et même sauver des vies humaines, ce qui n’était pas le cas lors de la Deuxième guerre mondiale durant la barbarie nazie.

Cependant, les Occidentaux n’interviennent pas directement dans le conflit et n’ont pas l’audace d’envoyer des troupes sur le terrain.

Et pendant ce temps-là, à Vienne, ils continuent à jouer un double jeu cynique et impudent également avec les Russes. Le monde libre ne peut ignorer la menace iranienne et signer un mauvais accord avec l’Etat voyou qui demain pourra se doter de l’arme nucléaire. Durant toute la guerre civile en Syrie, ils n’ont pas condamné les interventions russes et iraniennes, ils ne sont pas intervenus, et non pas imposer des sévères sanctions contre le régime sanguinaire du président Assad malgré ses crimes contre l’Humanité commis notamment avec des armes chimiques. Ils permettent aux Russes de le laisser toujours au pouvoir à Damas.       

Dans ce nouveau contexte international, comment Israël-avec sa puissance armée mais avec ses modestes moyens- peut sauver les Juifs en détresse et maintenir des bonnes relations diplomatiques avec toutes les parties. 

Après une valse-hésitation et plusieurs maladresses, il semble que le gouvernement israélien a choisi la bonne voie, celle des valeurs du judaïsme. Le dernier vote à l’Assemblée générale de l’ONU est significatif car Israël ne pouvait s’abstenir comme l’a fait l’Iran, ni se ranger avec des régimes totalitaires telle que la Corée du Nord. 

La médiation de Bennet, la mobilisation des Juifs de la diaspora, ce magnifique vent de solidarité, et l’aide humanitaire distinguent honorablement l’Etat d’Israël des autres pays.

Dans le cadre de cette spécificité unique, nous devrions différencier entre notre politique à l’égard de nos voisins arabes notamment avec les Palestiniens, et nos relations diplomatiques avec tous les autres peuples et Etats de la planète. Avec tous ceux qui souhaitent la paix avec l’Etat Juif et ceux qui nous menacent de nous anéantir tel que l’Iran.

En conclusion, les tentatives de Bennet de servir de médiateur prouvent que les relations personnelles avec les dirigeants du monde sont un gage dans la diplomatie internationale. Elles renforcent la position israélienne mais cette médiation israélienne est bien limitée car Poutine demeure imprévisible.   

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