France-Iran : Une histoire diplomatique rocambolesque
Les pays européens, en particulier la France, sont responsables du chantage iranien et de la situation actuelle. Connu par ses positions en faveur des Iraniens et pour la cause palestinienne, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dirige actuellement de bizarres pourparlers avec les ayatollahs.
Comment peut-il présenter aux Iraniens un « texte final » avant que les Américains ne donnent définitivement leur accord ? Certes, le président Bident est favorable aux négociations mais à certaines conditions et garanties. D’ailleurs, elles ne sont pas toujours compatibles avec les revendications européennes. Il semble aussi que l’administration Biden laisse faire et joue un double jeu qui inquiète sérieusement Israël.
L’Union européenne a tenté à plusieurs reprises de sauver l’accord moribond mais sans succès. Pourtant, ils savaient parfaitement que l’Iran est un Etat voyou, dirigé par des Ayatollahs abjects et rusés. Ils étaient conscients que les inspections n’étaient pas été suffisamment rigoureuses dès le départ et que l’accord n’était valable que pour une certaine durée. En soutenant le traité, et en cherchant par la ruse à contourner les sanctions, ils ont envoyé un signal de capitulation à Téhéran et un camouflet à leur allié américain.
Certes, la France est préoccupée par la prolifération nucléaire et estime que la sécurité de l’Etat juif doit être assurée. Elle considère que la prolifération des armes nucléaires et des armes non conventionnelles est l’une des menaces les plus graves à la sécurité et à la paix mondiales. La France est très active sur cette question et participe à tous les forums pour favoriser des résolutions strictes sur les armes biologiques et chimiques, ainsi que sur la non-prolifération de missiles balistiques dotés d’ogives nucléaires.
La France est convaincue que si l’Iran obtient l’arme nucléaire, la Turquie, l’Egypte et l’Arabie saoudite essayeront à leur tour de se procurer l’atome. L’amère expérience de la France avec le réacteur nucléaire Osirak en Irak a sans doute influé cette position. En effet, Paris a exercé de fortes pressions pour le démantèlement des armes nucléaires en Libye, durant l’époque de Kadhafi, et elle a aussi agi énergiquement pour le démantèlement des armes chimiques pendant la guerre civile en Syrie.
Toutefois, les relations franco-iraniennes notamment sur le nucléaire demeurent complexes, incompréhensibles, une véritable histoire rocambolesque.
Après la guerre du Kippour de 1973 et suite à la crise mondiale de l’énergie, la France a signé un premier contrat avec le Shah d’Iran sur la fourniture de cinq réacteurs nucléaires pour la production d’électricité, et a créé avec Framatome une société commune pour l’enrichissement de l’uranium. Le contrat a été annulé en 1979 après le départ du Shah.
Depuis, les relations franco-iraniennes se sont détériorées et pourtant, le Guide suprême Ayatollah Khomeiny avait obtenu l’asile politique du Président Giscard d’Estaing et s’était installé à Neauphle-le-Château, près de Paris.
En mai 1981, l’élection du socialiste François Mitterrand à la présidence française change complètement la donne. Au pouvoir à l’Elysée durant 14 ans, Mitterrand a toujours méprisé les sombres objectifs de la Révolution iranienne. Soulignons que des milliers d’Iraniens, et notamment des moudjahidines, des monarchistes et des militants de l’opposition, avaient fui l’Iran pour s’installer en France et agissaient depuis Paris contre le régime théocratique des ayatollahs. Parmi eux, Chapour Bakhtiar, ancien Premier ministre, assassiné par des agents iraniens après que la France a refusé son extradition.
Suite au bombardement par l’Aviation israélienne du réacteur nucléaire “Made in France” Osirak, détruit à Bagdad en juin 1981, et à la guerre qui avait éclaté entre l’Irak et l’Iran, la France décide de soutenir le président irakien Saddam Hussein et lui fournit des Mirages F-1, des Super-Etendards et des missiles.
En riposte, l’Iran prend en otages des ressortissants français au Liban, dont des journalistes, et lance une série d’attaques terroristes spectaculaires à Paris et contre une base de parachutistes français à Beyrouth. La France décidera par la suite d’évacuer tous ses ressortissants d’Iran et en juillet 1987 rompt ses liens diplomatiques. La culture et la langue françaises qui avaient fleuri en Iran, en particulier parmi les cercles du Shah et la bourgeoisie, disparaissent définitivement des écoles et des instituts.
Dix ans plus tard, en 1997, quand Mohammad Khatami est élu président, la France renouvèle le dialogue diplomatique avec Téhéran. En août 1988, le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine y effectue une première visite, suivie de celle de Khatami à Paris. La France renforce ses relations commerciales et devient le troisième fournisseur de l’Iran.
En 2002, la révélation d’un réacteur nucléaire secret pour enrichir de l’uranium à Natanz crée un tollé général. La France craint que le programme nucléaire de l’Iran soit effectivement à des fins militaires. Avec l’Allemagne et la Grande-Bretagne, elle entame une procédure visant à mettre un terme à la production iranienne d’uranium enrichi. Les négociations suscitent la colère des États-Unis et une première confrontation éclate avec le président George W. Bush, qui avait plutôt favorisé des sanctions paralysantes.
Il convient de noter que le président français Jacques Chirac fut farouchement opposé à l’invasion américaine en Irak et au départ de Saddam Hussein. La France croyait à l’époque que la menace d’armes non conventionnelles pourrait être traitée par la voie diplomatique plutôt que militaire. A ce stade, soulignons que l’Iran n’avait que 160 centrifugeuses. Récemment, l’Iran a mis en service 164 nouvelles cascades de centrifugeuses modernisées dites IR-6 et une autre de 30 IR-5, installées dans le complexe nucléaire de Natanz permettant d’enrichir plus rapidement l’uranium. Cette utilisation lui est interdite selon les termes de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015.
En février 2005, Chirac rencontre Hassan Rohani, alors secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale de l’Iran. Chirac essaye de parvenir à une entente par la médiation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Le 16 février 2006, le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy déclare :
« Aucun projet civil ne correspond au projet nucléaire iranien. C’est sans aucun doute un projet clandestin à des fins militaires. »
En septembre 2007, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner avertit qu’une éventuelle guerre contre l’Iran est possible.
Lorsqu’en mai 2007 Nicolas Sarkozy s’est installé à l’Elysée, le dialogue avec les dirigeants iraniens fut interrompu et la position française s’était rapprochée de celle des Américains, qui favorisaient la poursuite des sanctions. En 2011, suite à une nouvelle révélation de la présence d’un site souterrain à Fordow, la France exigera des sanctions plus sévères, y compris le gel des avoirs iraniens dans les banques internationales.
En juin 2013, après la victoire de Rohani à l’élection présidentielle, le président François Hollande fut invité à la cérémonie officielle d’investiture. Comme la plupart des dirigeants occidentaux, il déclina l’invitation. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait également refusé de permettre à deux anciens Premiers ministres français, Rocard et de Villepin, d’aller à Téhéran.
En septembre 2013, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, Hollande rencontre Rohani. Ils discutent du programme iranien ainsi que des moyens de résoudre la crise en Syrie et la situation au Liban.
Le 6 novembre 2013, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, accorde un long entretien au journal Le Monde. Et dit sans équivoque : « Nous avons connu avec Paris des jours meilleurs. La France est un partenaire important. Nous avons des liens historiques qui ont connu des hauts et des bas, et nous ne sommes pas en haut. Mais j’espère que nous pourrons avancer et que les Français feront preuve de réalisme, de flexibilité et de volonté pour conclure un accord ».
Tout au long de l’entretien avec le journaliste du Monde, Zarif assure que l’Iran pourrait vivre sans aide occidentale. « Le monde change et l’Occident est en train de perdre sa puissance et sa grandeur… »
Deux ans plus tard, l’Occident dirigé à l’époque par le président Obama signe à Vienne un mauvais accord sur le nucléaire iranien.
Suite à une campagne israélienne dirigée par le gouvernement Nétanyahou, le président Trump se retire unilatéralement de l’accord et impose le 8 mai 2018 de nouvelles sanctions paralysantes…
Cependant, le Président Macron a voulu faire cavalier seul et a tenté à plusieurs reprises de préserver l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Avec ses alliés européens il a même contourné les sanctions imposées au régime islamique par le président Trump. Conscient de son incapacité de réussir sans les Etats-Unis, il se souviendra du cuisant échec au sommet du G7 en août 2019, à Biarritz.
Au-delà du nucléaire, rappelons que la France a subi de nombreuses attaques terroristes iraniennes à la fois sur son propre sol et au Liban. Comment donc signer un nouvel accord sans prendre en considération les intentions hégémoniques et terroristes des Gardiens de la révolution ?
Comment passer à l’ordre du jour quand les Ayatollahs bafouent chaque jour les droits de l’Homme ? Comment passer sous silence les fatwas contre Salman Rushdie et les journalistes de Charlie Hebdo ?
Les semaines à venir seront décisives pour le dossier nucléaire iranien. Israël se prépare à toutes les options en coordination étroite avec les Américains. L’Etat juif est dans le droit absolu de se défendre avec tous ses moyens…